Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Allocution prononcée le 27 juin par le président Bush au Centre islamique de Washington. (Début du texte) (…) Comme l'iman vient de le dire, cinquante ans ont passé depuis que l'un de nos grands présidents a accueilli le Centre islamique dans la famille des religions de notre pays. Lors de son inauguration, le président Dwight Eisenhower a tendu la main des États-Unis en signe d'amitié aux musulmans du monde entier. Il a demandé que nous nous engagions tous en faveur de la réalisation de « progrès pacifiques par tous les hommes sous la direction de Dieu ». Aujourd'hui, nous sommes réunis, avec amitié et avec respect, pour réaffirmer cet engagement, et pour renouveler notre détermination à agir de concert en faveur de la liberté et de la paix. Nous venons exprimer notre appréciation d'une religion qui enrichit la civilisation depuis des siècles. Nous venons célébrer la diversité des religions aux États-Unis et de notre unité en tant que peuple libre. Nous gardons au fond du cœur la maxime du grand poète musulman Rumi qui a dit : « Les lampes sont différentes, mais la lumière est la même. » Des moments comme cette cérémonie contribuent à éclaircir ce que nous les Américains sommes en tant que peuple et ce que nous souhaitons pour le monde. Nous vivons à une époque où il y a beaucoup de questions au sujet des États-Unis et de leurs intentions. Pour ceux qui cherchent à comprendre véritablement notre pays, il n'est pas nécessaire de regarder plus loin qu'ici. Ce centre musulman est situé non loin d'une synagogue, d'une église luthérienne, d'une église catholique, d'une église orthodoxe grecque et d'un temple bouddhiste ; les fidèles de chacun d'eux pratiquent leur religion à laquelle ils croient profondément et vivent côte à côte en paix. C'est ce que la liberté offre : une société où les gens peuvent vivre et prier comme ils l'entendent sans qu'on les intimide, sans qu'on les soupçonne et sans que la police secrète frappe à leur porte. La liberté de religion est la toute première garantie offerte dans la Déclaration des droits des États-Unis. C'est une liberté précieuse. C'est un contrat fondamental dans le cadre duquel tous les pratiquants conviennent de ne pas imposer leurs idées religieuses à autrui et, en échange, de pratiquer leur religion comme ils l'entendent. Ce sont là la promesse de notre Constitution, l'appel de notre conscience et une des sources de notre force. La liberté de prier est si essentielle pour les Américains que nous avons tendance à nous estimer visés lorsque d'autres personnes sont privées de cette liberté. Notre pays a joué un grand rôle pour défendre les dissidents juifs en Union soviétique. Des Américains ont fait cause commune avec les catholiques et les protestants qui priaient en secret derrière le rideau de fer. Les États-Unis défendent les musulmans qui cherchent à exercer leur culte librement dans des pays tels que la Birmanie et la Chine. Afin de souligner le respect que les États-Unis portent à la religion musulmane dans notre pays, je suis venu à ce centre six jours après les attentas du 11 septembre 2001 pour dénoncer les incidents au cours desquels des Américains musulmans avaient subi un préjudice. Aujourd'hui, j'annonce une nouvelle initiative qui améliorera l'entente et la coopération entre notre pays et la population des pays en grande partie musulmans. Je vais nommer un envoyé spécial auprès de l'Organisation de la conférence islamique (OCI). C'est la première fois qu'un président fait une telle nomination. Notre envoyé spécial écoutera les représentants des États arabes et leur fera part des vues et des valeurs des États-Unis. C'est là une occasion pour les Américains de montrer aux pays musulmans l'intérêt qu'ils portent à un dialogue respectueux et à une amitié durable. Nous avons vu cette amitié se traduire dans le grand soutien que les Américains apportent aux pays musulmans dans le monde entier en temps de guerre et de catastrophe naturelle. Les Américains sont venus en aide aux victimes de séismes dévastateurs au Pakistan et en Iran et réagi avec urgence et avec compassion face aux destructions causées par le tsunami en Indonésie en Malaisie. Notre pays a défendu les musulmans en Bosnie et au Kosovo après le démembrement de la Yougoslavie. À l'heure actuelle, nous mobilisons le monde pourqu'il fasse face au génocide au Soudan. Les Américains, quelle que soit leur religion, ont déployé ces efforts, mus par un sentiment de compassion, par leurs convictions et par leur conscience. La plus grande difficulté à laquelle se heurtent les personnes de bonne volonté est d'aider les forces de la modération à dominer l'extrémisme qui se manifeste maintenant dans tout le Moyen-Orient. On observe la propagation de la notion de liberté religieuse et des droits de l'homme dans toutes les parties du monde à l'exception d'une seule. Au Moyen-Orient, on voit plutôt l'essor d'un groupe d'extrémistes qui cherche à se servir de la religion comme un moyen de parvenir au pouvoir et d'exercer sa domination. Cette avant-garde qui s'est désignée elle-même prétend parler au nom des musulmans. Il n'en est rien. Elle qualifie tous les musulmans qui ne croient pas à ses idées empreintes de dureté et de haine d'« infidèles » et de « traîtres » à la véritable religion musulmane. Elle a ont monté des attaques spectaculaires contre des sites sacrés de l'islam pour diviser les musulmans et les pousser à se battre. La majorité des victimes de ses actes de terrorisme sont des musulmans. En Afghanistan, ce sont les enseignants que ciblent les bastonnades et les assassinats. En Irak, ces extrémistes ont tué un jeune garçon et ont ensuite placé des explosifs sur son cadavre pour le faire exploser lorsque sa famille viendrait le récupérer. Ils ont mis des enfants sur le siège arrière d'une voiture pour passer sans encombre le barrage de sécurité et ont ensuite fait sauter le véhicule avec les enfants toujours dedans. Ces ennemis ont fait exploser une bombe lors d'une réception de mariage à Amman (Jordanie), dans un bloc de logements en Arabie saoudite, et dans un hôtel à Jakarta (Indonésie). Ils affirment se livrer à ces massacres et semer le chaos au nom d'Allah. Cet ennemi n'a pourtant rien à voir avec le véritable islam. Cet ennemi incarne la haine. Tous les hommes et les femmes de conscience ont le devoir de s'élever contre ce mouvement meurtrier et de le condamner avant qu'il ne trouve la voie qui le conduirait au pouvoir. Il nous faut venir en aide à ces millions de musulmans qui s'efforcent de sauver une noble et ancienne religion des assassins et des trancheurs de têtes qui veulent salir le nom de l'islam. Pour ce faire, ce sont les chefs de file musulmans modérés qui ont la voix la plus puissante et la plus influente. Nous admirons et remercions ces musulmans qui ont dénoncé ce que le secrétaire général de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI) a qualifié « d'éléments radicaux marginaux qui prétendent agir au nom de l'islam ». Nous devons encourager davantage de musulmans à ajouter leurs voix, à s'élever contre les extrémistes radicaux qui infiltrent les mosquées, à dénoncer les organisations qui, sous le couvert de la foi musulmane, appuient et financent des actes de violence, et à tendre la main aux jeunes musulmans - même dans notre pays et ailleurs dans le monde libre - qui pensent que les attentats suicides pourraient un jour être justifiés. Il nous faut rallier les voix des musulmans qui ont les moyens de s'adresser directement aux millions de personnes qui, dans le monde arabe, n'ont pas réussi à saisir les possibilités offertes par un mouvement visant la prospérité et la liberté. Pendant des décennies, le monde libre a abandonné les musulmans du Moyen-Orient aux tyrans, aux terroristes et au désespoir. On le justifiait par des considérations de stabilité et de paix, mais cette stratégie n'a apporté ni l'une ni l'autre. Le Moyen-Orient est devenu un ferment du terrorisme et du désespoir et a donné lieu à une hostilité accrue des musulmans à l'égard de l'Occident. J'ai consacré la majeure partie de ma présidence à aider les musulmans à lutter contre le terrorisme, à obtenir leur liberté, et à trouver les voies les plus appropriées qui les conduiraient à la prospérité et à la paix. Les efforts entrepris en Afghanistan et en Irak sont au centre de ce combat, mais ce combat ne mettra pas fin aux menaces ; il ne s'arrêtera pas là. Nous estimons que le succès que remporteront au bout du compte les Afghans et les Irakiens inspirera d'autres peuples qui veulent aussi vivre en liberté. Nous travaillerons en vue du jour où une Palestine démocratique vivra côte à côte et en paix avec Israël. Nous avons déjà constaté les frémissements d'un avenir démocratique dans d'autres régions du Moyen-Orient, même si l'épanouissement de la liberté demandera du temps. Un avenir démocratique n'est pas un plan imposé par les pays occidentaux, c'est un avenir que les gens de la région saisiront pour eux-mêmes. Tout cœur aimant rêve et souhaite un avenir fait de liberté. Nous le savons à cause des quelque 8 millions de personnes qui ont bravé les menaces et l'intimidation pour voter en Afghanistan. Nous le savons à cause des 12 millions de personnes environ qui ont voté lors d'élections libres en Irak. Et nous le savons parce que les yeux du monde étaient braqués sur les Libanais lorsqu'ils ont levé le drapeau de la Révolution du cèdre, out chassé leurs occupants syriens et ont choisi de nouveaux dirigeants par le biais d'élections libres. En ce moment même, on perçoit l'espoir de la liberté dans quelques coins sombres du Moyen-Orient - chuchottement dans les salons, dans les cafés, dans les écoles. Des millions de gens cherchent la voie qui les conduira vers un avenir où ils pourront dire ce qu'ils pensent, voyager où ils veulent, et pratiquer la religion de leur choix. Ils implorent silencieusement pour leur liberté et ils espèrent que quelqu'un, quelque part, leur répondra. C'est pourquoi aujourd'hui, dans ce lieu où le culte est pratiqué librement, au cœur d'une nation libre, nous disons à ceux qui ont la nostalgie de la liberté, de Damas à Téhéran : votre misère ne vous lie pas à tout jamais. Vous ne suppliez plus en silence. Le monde libre vous entend. Vous n'êtes plus seuls. L'Amérique vous tend la main de l'amitié. Nous œuvrons en vue du jour où nous pourrons vous accueillir au sein de la famille des pays libres. Nous prions pour que vous et vos enfants puissent un jour connaître la vraie liberté, y compris la liberté d'aimer et de vénérer Dieu tout puissant. Que Dieu vous bénisse. (Fin du texte)