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Note de Nicolas Garcia, Secrétaire fédéral du Parti Communiste Français en Catalogne-Nord (66) et Conseiller départemental des Pyrénées Orientales


Carles Puigdemont choisit le cap de l’Indépendance et propose le chemin du dialogue pour y parvenir
Au terme d’un discours de 40 minutes prononcé ce mardi 10 octobre devant le parlement catalan Carles Puigdemont a déclaré : « j’assume le résultat du referendum et le mandat du peuple catalan qui est que la Catalogne devienne un état indépendant sous forme de République. Mais mon gouvernement et moi même demandons au parlement de surprendre cette déclaration pour quelques semaines afin d’ouvrir une période de dialogue et de médiation en tendant la main comme nous l’avons toujours fait à toutes celles et ceux qui veulent parler avec nous.»

Dans la foulée le gouvernement de la Generalitat, Junts pel Si et la CUP ont officiellement signé au parlement la déclaration d’indépendance de la Catalogne tout en admettant que son processus soit suspendu pour quelques semaines. Première et immédiate réponse du gouvernement Espagnol, par la voix de sa porte parole, il annonce une réunion du gouvernement espagnol mercredi à 9 heures du matin, mais rejette d’emblée la proposition de dialogue de Carles Puigdemont au prétexte que ce dernier n’a pas renoncé publiquement à l’indépendance. E

n procédant ainsi le Président de la Generalitat, sous une énorme pression, a voulu préservé son peuple et montrer au monde que le chef de l’Etat espagnol était incapable de discuter. Pouvait-il agir autrement? Cette déclaration ne renonce pas à l’indépendance et privilégie le dialogue et la médiation. Jusqu’à présent le camp de ceux qui veulent que la Catalogne se sépare de l’Espagne n’ont commis que peu d’erreur, leur chef de file doit être un redoutable joueur d’échec.

Parlem, hablemos! Si pero de que! Oui mais de quoi !

Revenons un peu sur la situation très complexe et très difficile à comprendre de la Catalogne.

Disons en préambule qu’il existe des différences énormes entre la France, l’Allemagne… et l’Espagne ou entre la nature de l’Indépendantisme catalan et celui qui a prévalu en Yougoslavie par exemple. Tout le monde sait maintenant comment les choses en sont arrivées là entre Catalogne et gouvernement de Madrid.

Une longue histoire de frustrations, de répressions, de régressions, d’injustices… Faisons court et revenons sur la dernière décennie. En 2006, comme lui permet la constitution espagnole de 1978, le parlement catalan dessine l’évolution de son « estatut ». En bref une amélioration du statut fiscal (au niveau du Pays Basque) et l’inscription dans le préambule du concept de « nation catalane ». Pour rappel la constitution espagnole affirme que l’Espagne est une nation de nationalités ce qui veut dire strictement la même chose. Dès janvier 2006, Arthur Mas (centre droit), alors leader de l’opposition catalane, négocie avec le socialiste Zappatero, chef de l’état Espagnol. Un préaccord intervient celui-ci accepte notamment l’idée de « nation catalane » et améliore le mode de financement de la Catalogne. Cet accord est rejeté par les indépendantistes catalans les plus radicaux, qui organisent dans la foulée une manifestation à Barcelone. Le nouveau statut est néanmoins approuvé par le congrès des députés espagnols en mars 2006, puis par le sénat qui, en mai 2006, l’adopte sans modification en commission générale de communautés autonomes et en session plénière. Finalement, à la requête du Partido Popular (PP), dans un arrêté rendu le 28 juin 2010 le Tribunal Constitutionnel Espagnol annule 14 articles essentiels du nouveau statut d’autonomie de la Catalogne, pourtant validé selon les règles constitutionnelles.

La catalogne revient alors à la situation d’avant 2006. Le PP, parti de droite conservateur allant du centre aux faux repentis du franquisme comme Manuel Fraga, gagne les élections amenant Mariano Rajoy au pouvoir en 2011. Cette situation bouleverse totalement la donne en Catalogne où l’indépendantisme radical, cantonné à 15% des voix aux élections, explose littéralement, d’autant que le nouveau chef de l’Etat espagnol refuse la moindre négociation, s’en tenant au respect des « décisions indiscutables » du Tribunal Constitutionnel. La volonté des catalans de plus en plus nombreux à vouloir quitter l’Espagne s’affirme de Diada en Diada. En effet chaque 11 septembre près de 2 millions de catalans au moins transforment leur fête nationale en un moment militant pour le droit à l’autodétermination.

Depuis 7 ans la Generalitat propose le dialogue régulièrement et régulièrement elle est renvoyée dans les cordes par Rajoy, ce dernier devient une véritable machine à fabriquer de l’indépendantiste. S’en suivent une première consultation citoyenne (2015) interdite par Madrid et des élections en catalogne qui donnent une majorité parlementaire à Junts pel Si, une coalition de centre droit et de personnes issues de la société civile comme la regretté Muriel Casals, Carme Forcadell, Lluis Llach… qui obtient le soutien des députés de la CUP, parti d’extrême Gauche. Cette majorité n’a qu’un seul programme, validé par l’électorat : amener à un référendum d’autodétermination. Au passage ceux de la CUP auront la peau d’Arthur Mas, exigeant son départ à cause des soupçons de corruption qui pèsent sur le fils spirituel de Jordi Pujol. Mas finit par céder, « se sacrifiant pour la Catalogne », et installe Carles Puigdemont, un journaliste maire de Girona. Le référendum interviendra dimanche 1er octobre 2017 dans les conditions que chacun sait.

Depuis, tout le monde prône le dialogue et la concertation, une solution politique et pacifique. C’est le cas la gauche progressiste qui pourtant depuis 2010 ignore le problème, le traite par dessus la jambe, néglige la théorie des deux trains lancés face à face à pleine vitesse (Julio Anguita) et ne faire guère d’efforts pour imposer sa pourtant bonne et propre proposition « une république catalane dans une Espagne fédérale ».

Aujourd’hui cette gauche là a beau jeu de donner la leçon aux partisans de l’Indépendance sur leur intransigeance et la nécessité de discuter. A l’image d’Ada Colau qui zigzague entre le pour et le contre le référendum, le valide en dernier ressort et y participe, puis à postériori dit que l’on ne peut s’y référer pour déclarer l’indépendance. Autant dire alors qu’il ne compte pas, et dans ce cas pourquoi l’avoir soutenu et y avoir participé ? Ces incertitudes, incohérences et autres changements de cap, pourraient bien coûter la mairie à Ada Colau et à Podem, peut être même avant les élections régulières.

Discuter, dialoguer, oui mais de quoi ? Avec qui ? Est-ce raisonnable de demander à ceux qui l’ont organisé au péril de leur liberté, de leur intégrité physique parfois, de nier le résultat d’un référendum avec les sacrifices demandés aux catalanes et catalans, notamment à celles et ceux qui ont subi la violence de la Guardia Civil. Quelles options seront sur la table des négociations ? Le renoncement pour les catalans et le retour à avant 2006? Le fédéralisme ? L’Europe qui a beaucoup fait pression sur Puigdemont pour que ce dernier ajourne la déclaration d’indépendance, doit maintenant peser sur Mariano Rajoy pour que ce dernier accepte la médiation et le dialogue sans écarter à priori aucune des options qui sont sur la table, y compris l’Indépendance. Sans cela, dans quelques semaines, la déclaration d’indépendance, signée mardi soir par une majorité de députés catalans, entrera en vigueur de fait.

Nicolas Garcia

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