L’embuscade, la plus meurtrière en trois ans, visait à venger l’exécution de rebelles par les forces de sécurité lors d’affrontements dans l’Etat du Chhatisgarh, a affirmé le Parti communiste d’Inde (maoïste), déclaré illégal.

«Nous avons vengé la mort de plus d’un millier de personnes tuées par le Salwa Judum (une milice anti-maoïste) et les forces de sécurité gouvernementales», a indiqué cette organisation dans un communiqué de quatre pages envoyé au service en hindi de la BBC. Les maoïstes ont dit avoir visé en particulier l’ancien ministre de l’Intérieur du gouvernement local, Mahendra Karma, qui avait mis en place la milice anti-maoïste controversée, Salwa Judum, en 2005. Les rebelles, qui affirment représenter les paysans pauvres et les laissés-pour-compte du développement économique, ont par ailleurs assuré regretter la mort «d’innocents» dans cette embuscade.

Le début de l'année 2013 a toutefois marqué une recrudescence avec plus de 200 victimes en cinq mois seulement. Si l'on en croit les données de SATP, les naxalites demeurent actifs dans 173 districts sur les 640 que compte l'Inde – soit plus du quart –, la plupart étant répartis le long du fameux "corridor rouge" traversant les régions forestières de peuplement tribal d'Inde du Centre et du Nord. En avril 2010, une attaque maoïste avait causé la mort de 76 policiers dans ce même Etat de Chhattisgarh et il y a quinze jours, trois policiers ont péri dans l’attaque d’une chaîne de télévision publique.

Des liens avec le Parti Communiste Unifié du Népal (maoïste) dirigé par Prachanda et Bhattarai

Les Naxalites indiens essayent également de mettre en place une liaison avec les révolutionnaires communistes du Népal. Ceci a été confirmé par le communiqué du 8 juillet 2000 du Parti communiste du Népal (maoïste) - CPN (M), aujourd'hui UCPN (M) majoritaire au Népal) dans lequel il appelait "les peuples du Népal et de l'Inde à s'opposer ensemble aux politiques fascistes et génocidaires des classes dirigeantes indiennes et de leurs laquais népalais".

SATP estime que les effectifs insurgés se montent à 8 600 combattants, lesquels peuvent compter sur un vivier de soutiens potentiels de 38 000 hommes.

Le naxalisme tire son nom du village de Naxalbari (Bengale-Occidental), où avait éclaté une révolte paysanne en 1967, attisée par des militants d'extrême gauche en rupture avec les partis communistes officiels tentés par le jeu parlementaire. Dirigé par Charu Mazumdar – tué en 1972 –, le Parti communiste indien marxiste-léniniste (PCI-ML) s'est créé dans la foulée des événements de Naxalbari en se réclamant ouvertement des préceptes révolutionnaires de Mao.

Une guerre populaire prolongée contre l'ordre semi-féodal et semi-colonial

L'année 2004 consacre d'une certaine manière la renaissance du naxalisme indien à la suite de la fusion de deux tendances, le groupe Guerre du peuple (PWG) et le centre communiste maoïste (MCC), au sein d'un parti réunifié : le Parti communiste indien maoïste (CPI-Maoist). Le CPI-Maoist affirme combattre "l'ordre semi-féodal et semi-colonial" au moyen d'une "guerre populaire prolongée" permettant d'instaurer in fine la "démocratie du peuple". La tactique consiste à "libérer" des zones rurales afin d'"encercler" les villes par les campagnes.

Ces luttes trouvent un écho chez les communautés tribales de plus en plus dépossédées par des projets de développement industriel. Les forêts des Etats de Jarkhand, Chhattisgarh ou de l'Orissa recèlent en effet des gisements de minerai – fer, bauxite, etc. – attisant les convoitises de grosses sociétés capitalistes minières. S'il a échoué à percer dans les grandes villes, le mouvement maoïste indien continue de planter ses racines dans ces zones tribales aliénées qui n'ont jusqu'à présent guère vu la couleur de la "Shining India" (l'Inde brillante).

Condamnation unanime des communistes indiens

Pour le Bureau Politique du Parti Communiste d'Inde (Marxiste) - CPI(M):

Le Bureau Politique du Parti Communiste d'Inde (Marxiste) condamne fermement l'attaque barbare menée les maoïstes contre un convoi transportant dirigeants du Congrès participant à la «Parivartan Yatra» du parti dans le district de Bastar du Chhattisgarh. L'attaque a entraîné la mort de 18 personnes, y compris des hauts dirigeants du Congrès, comme le président du Congrès, et fait plusieurs blessés. Ceci est la dernière et la plus choquante exemple de la politique de violence et de terreur pratiquée par les maoïstes contre tous leurs adversaires politiques.

Le gouvernement du Chattisgarh est responsable de cette absence déclarée de mesures de sécurité pour le Yatra. Le gouvernement du Bharatiya Janata Party (BJP : Parti du peuple Indien), à la tête de l'Etat du Chattisgarh, permet le meurtre d'innocents issues des tribus au nom de la lutte contre les maoïstes et d'autre part il ne parvient pas totalement à protéger les activités démocratiques légitimes de l'État.

Le CPI (M) présente ses condoléances aux familles des victimes. Le CPI(M) exige une enquête de haut niveau sur l'incident. Il exige également des mesures fermes qui doivent être prises pour mettre fin aux violences des maoïstes. Il appelle toutes les forces démocratiques a lutter contre la politique de violence des maoïstes.

Pour le Secrétariat central du parti Communiste d'Inde (CPI):

Le Parti communiste d'Inde condamne fermement la brutale attaque contre un convoi du Congrès, tuant 28 personnes et en blessant plus de 30 et il exprime ses profondes condoléances aux survivants des familles endeuillées.

Le CPI a toujours désapprouvé la terreur et la violence contre les opposants politiques.

Il est un fait que certains des dirigeants du Congrès, qui ont été tués, étaient les fondateurs de la «Salwa Judum», une milice qui a été utilisé pour terroriser les populations tribales et les dresser les une contre l'autre. Mais cela ne donne pas droit aux maoïstes de recourir à la violence et à la terreur.

Le Parti communiste d'Inde demande instamment au gouvernement central et au gouvernement de l'Etat de répondre aux véritables préoccupations des populations tribales.