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Nicolas Maury Militant PCF Istres






 



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Il y a quelques jours, une équipe de CNN a sorti une vidéo terrifiante. Des migrants étaient vendus comme esclave pour une somme allant de 300 à 500 dollars dans une ville à proximité de Tripoli, la capitale Libyenne. Les images ont choqué de nombreuses personnes qui voient réapparaître le fantôme de l’esclavage qui a si longtemps détruit les populations africaines


Libye : un retour de l’esclavage provoqué par les politiques européennes
Dans ce reportage, on découvre l’histoire de Victory, qui a rassemblé ses économies durement épargnées pendant plusieurs années pour migrer vers l’Europe. Ce voyage l’a conduit jusqu’en Libye. Les choses n’avaient déjà pas été faciles jusque là, elle s’y sont drastiquement corsées. Il y a été vendu comme esclave. Il a été torturé. Et il a dû travailler pendant huit mois pour ceux qui l’avaient acheté avant de pouvoir retrouver sa liberté. Aujourd’hui, il est dans un centre de détention libyen et en attente de son rapatriement forcé vers le Nigéria.

Qui sont les responsables d’une telle situation ? Pourquoi l’esclavage qui a disparu depuis les années 1930 en Libye est il réapparu soudainement ? Comment comprendre que 69 ans après la déclaration universelle des droits de l’Homme, un tel événement puisse encore se produire ?

Confiscation des ressources par les multinationales


La plupart des migrants fuient la misère des pays du Sud dont nos multinationales exploitent toutes les ressources. Victory est originaire du Nigeria, le premier producteur de pétrole d’Afrique. Au Nigéria, Shell, Total, BP et les autres multinationales du pétroles pompent les gigantesques richesses du sous-sol sans que la population locale n’en bénéficie, polluant le delta du Niger et rapatriant de plantureux bénéfices vers l’occident au détriment de l’économie locale et des habitants. Au Nigéria, il n’avait qu’un seul espoir : quitter son pays pour espérer trouver un avenir digne. Tout récemment encore, un rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement dénonçait les milliards que perdait l’État nigérian à cause des fausses factures qu’établissent les multinationales du pétrole.

Le chaos provoqué par l’intervention occidentale

Les migrants qui arrivent en Libye découvrent un pays en ruines. En 2011, une coalition de pays est intervenue militairement en Libye pour faire tomber le régime en place. La Belgique, la France, les USA et l’Espagne participent aux interventions militaires.

Cette intervention, faite au nom de la démocratie, va complètement déstabiliser le pays et renforcer le pouvoir des milices locales, notamment celle lié à Daech. Le pays est plongé dans le chaos ou la seule loi qui compte est celle du plus fort.

La Belgique a participé à cette intervention militaire votée à l’unanimité des partis politiques de l’époque (nationalistes flamands, socialistes, libéraux, démocrates-chrétiens et écologistes). A l’époque, le PTB avait déjà dénoncé cette intervention militaire expliquant que les bombes n’apporteraient pas la démocratie mais le chaos.

De passeurs à esclavagistes

« Ils nous frappent chaque jour. On ne mange pas. Et si tu veux sortir, tu payes. Sinon tu vas mourir là-bas. J’ai un ami qui est venu en Libye avec sa femme. Sa femme a été violée là-bas. Par des gens, des bandits, la police... Maintenant, en Libye, tu ne sais plus qui est qui. Même les enfants ont des armes. Des enfants de l’âge de 17, 12, 10 ans ont des armes », explique Abu Bakar, originaire du Mali et dont le témoignage a été recueilli par Médecins sans Frontières.

La situation chaotique de la Libye a conduit à l’émergence de nombreuses milices contrôlant des parties du territoire. Une partie des ces milices ont vu dans le trafic d’être humain un business lucratif et ont commencé à organiser le passage de migrants africains en Europe via la Libye.

Lors du sommet de Malte en février 2016, les dirigeants européens ont cependant décidé de fermer la route migratoire Libye-Italie en formant et finançant les gardes-côtes du gouvernement de Tripoli de Fayez Sarraj soutenu par l’UE. Les passeurs se sont alors reconvertis en esclavagistes en vendant les migrants sur des marchés d’esclaves.

S’attaquer aux passeurs ? L’Europe préfère les financer


Ceux qui sont à la tête de ce réseau mafieux de trafic d’êtres humains sont pourtant connus, possèdent des comptes en banques en Europe ainsi que des investissements immobiliers. C’est ce qu’indique un rapport d’expert des Nations Unies paru en août dernier. « Presque tous les gros trafiquants sont connus », explique Vincent Cochetel, directeur Europe de l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR). « Les Nations Unies, Interpol, Europol et les États européens possèdent toutes les informations nécessaires pour agir contre ces personnes. Leurs avoirs pourraient être gelés, leurs maisons saisies et ils pourraient également être arrêtés lorsqu’ils quittent la Libye. »4 En Belgique, le ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA) affirme cependant que geler les avoirs en Europe de ces passeurs et la saisie de leurs maisons pouvaient conduire à des procédures complexes au niveau légal.

En réalité, le quotidien flamand De Standaard nous apprenait en septembre dernier que le gouvernement italien avait également passé un deal avec certains de ces réseaux mafieux de passeurs afin qu’ils arrêtent de permettre aux réfugiés d’atteindre l’Europe. En échange de plusieurs millions de dollars, afin de compenser leurs pertes, les réseaux mafieux de passeurs empêchaient les réfugiés d’atteindre l’Europe. Un autre objectif de ces deals avec les réseaux mafieux en Libye n’est autre que la protection des intérêts de la multinationale italienne ENI. Malgré 400 km de gazoducs en Libye, cette multinationale a su continuer ses exportations de gaz depuis 2012, en payant les milices pour leur protection. L’architecte de ce deal est le ministre italien de l’Intérieur Marco Minniti, qui travaillait auparavant pour les services secrets italiens.5 L’Italie a été mise sous pression par l’Union européenne qui refusait de lui venir en aide en l’aidant à gérer la crise des réfugiés. « En route vers 0. Stop aux bateaux de migrants illégaux. Stop au chaos de l’asile », réagissait le secrétaire d’État à l’Asile et la migration Theo Francken (N-VA) de manière très cynique sur sa page Facebook suite aux divulgations du Standaard.

Sous-traitance des frontières européennes

Le soutien aux garde-côtes libyens et aux réseaux mafieux de passeurs entre dans une politique plus large d’externalisation des frontières de l’UE, qui consiste à exiger de pays-tiers qu’ils retiennent les réfugiés chez eux. Ce que Theo Francken défend comme étant le « nouveau modèle d’accueil » nécessaire aujourd’hui. Loin des journalistes et de l’opinion publique. Loin de la Cour européenne des droits de l’Homme. Et tout à fait contraire à la Convention de Genève relative au statut des réfugiés.

Même au sein des camps installés par le gouvernement libyen de Fayez Sarraj, où sont parqués près de 20 000 personnes, les conditions sont considérées par le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, Zeid Ra’ad Al Hussein comme « un outrage à la conscience de l’humanité ». Lors de leur visite en Libye du 1er au 6 novembre 2017, les observateurs de l’ONU ont été choqués par ce qu’ils ont vu : « Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants émaciés et traumatisés, empilés les uns sur les autres, enfermés dans des hangars et dépouillés de leur dignité. » « Beaucoup de détenus ont déjà été victimes de la traite, d’enlèvements, de torture, de violences sexuelles, du travail forcé, d’exploitation, de violence physique ou exposés à la famine et à d’autres atrocités, très souvent aux mains des trafiquants ou contrebandiers. » Le Haut Commissaire aux droits de l’Homme rappelle à cet égard le témoignage d’un homme détenu au centre de Tarik al-Matar, où 2 000 migrants sont entassés dans un hangar, sans toilettes fonctionnelles : « Nous sommes comme dans une boîte d’allumettes, nous ne dormons pas, nous souffrons de maladies et nous n’avons pas pris de douche depuis des mois. » « Nous mourrons tous si nous ne sommes pas sauvés de cet endroit. C’est le calvaire. Il est excessivement difficile de survivre à cette odeur suffocante d’urine et d’excréments. Beaucoup se retrouvent inconscients sur le plancher de ces centres de détention. »

La Belgique « pas au courant »

Une situation bien éloignée de celle décrite par le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders (MR) lorsqu’il répondait à la question que le parlementaire du PTB Marco Van Hees lui posait le 15 septembre dernier. Non seulement Didier Reynders niait toute connaissance de deals avec les trafiquants d’être humains mais il affirmait également que, dans le cadre de sa coopération avec le gouvernement libyen de Fayez Sarraj, l’UE veillait « constamment sur le respect des droits fondamentaux et les obligations sous le droit humanitaire international ».

Les observateurs de l’ONU et le reportage de CNN nous indiquent que ce n’est absolument pas le cas.

Comment agir contre l’esclavage en Libye

La politique d’intervention militaire des pays européen, la politique migratoire de renvoi des immigrés, et la collaboration avec les milices ont conduit à ce que ces marchés aux esclaves ouvrent en Libye. La Belgique doit, via son statut de membre de l’Union européenne, agir pour que cesse le plus rapidement possible cette pratique d’un autre temps.

- Il faut dénoncer et mettre fin aux accords avec les milices actives en Libye et geler leurs avoirs européens.
- Accueillir en urgence en Europe les migrants victimes d’esclavage et de traite d’êtres humains. La Belgique doit accueillir sa part de réfugiés et montrer l’exemple aux autres pays européen.
- Mettre en place des voies d’accès légales et sûres au sol européen pour mettre fin à la violence aux frontières de l’Europe.

Maxime VancauwenbergeAntoine Moens de Hase
Solidaire, journal du Parti du travail de Belgique

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