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Traités comme des citoyens de second rang bien que porteurs de la nationalité israélienne, 
les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres après 1948 sont aujourd’hui désignés par le gouvernement Netanyahou comme des "ennemis de l’intérieur". Reportage


Netanyahou et la chasse aux "ennemis de l’intérieur"
Depuis plus d’une semaine, ils veillent là, ensemble, sur le seuil de la maison, sous le regard du défunt dont le souriant visage s’affiche sur un calicot. Dans la grisaille automnale, le café parfumé à la cardamome réchauffe les corps. Pas les cœurs. Kheireddine Hamdan s’en est allé le 7 novembre, fauché par les balles de la police, comme tant d’autres jeunes Palestiniens d’Israël avant lui. Il avait vingt-deux ans. Depuis, le deuil et la colère étreignent le village de Kafr Kanna, tout près de Nazareth.

La première version de la police décrivait un dangereux agresseur, armé d’un couteau, tentant de s’opposer avec violence à l’interpellation de l’un de ses voisins. Version démentie par les images de vidéosurveillance, qui ont fixé une scène insoutenable d’exécution sommaire. On y voit le jeune homme frapper contre les vitres de la voiture de police. Puis il tente de fuir. Un tir à bout portant l’atteint de dos, il s’effondre, son corps agonisant est traîné à terre par les policiers, qui le hissent sans ménagement dans leur véhicule. Publiées sur le site israélien arabophone Panet, ces images se sont répandues comme une traînée de poudre, embrasant les villes et villages palestiniens de Galilée.

Une grève générale de trois jours a été observée, tandis que d’imposants cortèges dénonçaient un « crime raciste », un « assassinat de sang-froid ».

L’impunité encourage le passage 
de la parole à l’acte raciste

Le regard clair, noyé de chagrin, mais debout, Raouf Hamdan égrène chaque détail de cette funeste nuit qui a emporté son fils. D’abord le fracas d’une interpellation, dans le quartier, alors que la police israélienne ratissait large, suite aux affrontements aux abords de la mosquée al-Aqsa, à Jérusalem. Puis l’indignation de son fils, face à cette arrestation jugée arbitraire. « Les policiers sont d’abord partis, après avoir jeté une grenade lacrymogène, ignorant ses protestations. Puis ils ont fait demi-tour. Il y a eu cette altercation. J’ai entendu quatre tirs. Lorsque j’ai vu mon fils au sol, il était encore vivant, secoué de mouvements désordonnés. » Le vieil homme passe un pan de son keffieh sur son visage et allume une cigarette. Il reprend son souffle et le fil de son récit. « Pendant de longues heures, nous n’avions aucune nouvelle, malgré nos appels. Finalement, nous avons appris qu’il avait été transporté à l’hôpital d’Afula, où il a succombé. Il s’est écoulé plus de cinquante minutes avant qu’il ne soit pris en charge, alors que l’hôpital de Nazareth est à moins de dix minutes d’ici.

Pourquoi ce si long détour ? Kheireddine s’est vidé de son sang dans la voiture de police. Mon fils aurait pu être sauvé », soupire-t-il. Alors que le spectre d’une troisième Intifada hante le Proche-Orient, l’assassinat de Kheireddine Hamdan a ravivé le douloureux souvenir de la répression d’octobre 2000. Le soulèvement populaire suscité par les provocations d’Ariel Sharon sur l’esplanade des Mosquées avait alors été réprimé dans le sang, en Galilée. À Kafr Kanna, Rafat Khamassi a vécu ces événements comme une inguérissable fracture. Dans la petite maison qu’il occupe avec ses trois frères et sa mère, les portraits d’un absent, partout accrochés, semblent veiller sur les lieux. Ce sont ceux de Mohamed, son jeune frère tombé sous les balles de la police israélienne alors qu’il manifestait pacifiquement. Il aurait trente-deux ans, aujourd’hui. « À Nazareth, des snipers étaient positionnés sur les toits et tiraient sur nous. Nous allions manifester comme si nous allions à la mort.

Chaque jour, des jeunes tombaient », se remémore Rafat. Depuis ces sombres événements, quarante-huit jeunes Palestiniens d’Israël ont été tués par des policiers. Les plaintes des familles sont systématiquement closes par des non-lieux. L’impunité encourage le passage de la parole à l’acte raciste. Quant aux discours incendiaires des membres du gouvernement Netanyahou, ils ont installé en Israël un stupéfiant climat de chasse à l’Arabe. Le ministre de l’Économie, Naftali Bennett, chef du Foyer juif, un parti national-religieux fascisant, ne s’est-il pas flatté, à l’été 2013, d’avoir « tué beaucoup d’Arabes » ? « Les policiers nous considèrent comme des cibles. Je peux être tué à l’occasion d’un simple contrôle d’identité. Nous vivons sous cette menace quotidienne. Ce qui est arrivé à Kheirredine peut arriver à n’importe lequel d’entre nous », témoigne Rafat. Depuis plusieurs années, déjà, le communiste Mohammad Barakeh, chef du groupe Hadash à la Knesset, s’alarme de ce lourd climat haine. « Les Arabes d’Israël sont des Palestiniens. Ils sont la cible de crimes policiers, comme les Palestiniens de Gaza, de Jérusalem et de Cisjordanie sont la cible de crimes de guerre. La violence qu’ils subissent atteint des niveaux intolérables », s’insurge le parlementaire. La répression d’octobre 2000 a creusé un abîme dans la société israélienne entre majorité juive et minorité arabe palestinienne.

Cibles de discriminations, traités comme des citoyens de second rang bien que porteurs de la nationalité israélienne, les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres après la Nakba, en 1948, sont aujourd’hui désignés comme des ennemis de l’intérieur. À la colère exprimée après l’assassinat de Kheireddine Hamdan, Benyamin Netanyahou a d’ailleurs répondu, sans complexe, par la menace de déportation. « À tous ceux qui manifestent, qui dénoncent Israël et militent pour la création d’un État palestinien, je peux dire une chose toute simple : vous êtes invités à vous installer là-bas, dans l’Autorité palestinienne ou à Gaza », a-t-il lancé. Alors que les bombes israéliennes pleuvaient sur la bande de Gaza, cet été, les protestations de la minorité israélienne ont donné lieu à des heurts quotidiens avec les forces de sécurité et à des discours politiques d’une rare brutalité. « Ce fut une rupture de plus. Tout nous pousse à rompre les liens d’appartenance à cet État. Nous sommes partie prenante de la lutte du peuple palestinien pour sa libération. Mais il est hors de question de partir. Rester ici, sur les terres confisquées de nos ancêtres, c’est déjà résister », tranche Wehbe Bardaneh, du Syndicat des travailleurs arabes. Les terres de ses aïeux, Ziyad Awaisy les considère toujours comme siennes. Ce quadragénaire connaît chaque pierre du champ de ruines qui reste de Saffurieh, le village de ses grands-parents, bombardé en 1948. De part et d’autre de la fertile vallée qui s’étend au pied des montagnes de Nazareth, il désigne les fermes israéliennes, qu’il appelle « colonies ». Dans le village fantôme, à l’ombre d’un poivrier, il fait revivre le village palestinien, là l’école, ici la maison familiale, tout en haut de la colline le couvent, seul édifice resté debout. Il décrit les sources, les vergers, les oliveraies qui n’existent plus. Entre deux haies de cactus, il entraîne le visiteur vers un cimetière aux pierres tombales disloquées. « Beaucoup ont fui vers le Liban, pensant pouvoir revenir quelques jours plus tard. Leurs descendants vivent aujourd’hui dans les camps de Chatila ou de Nahr el-Bared. D’autres ont trouvé asile à Nazareth.

Leurs enfants sont des réfugiés de l’intérieur. Cette question des réfugiés n’est pas périphérique, elle est le cœur de la question palestinienne. Sans réponse à ce problème, il ne pourra pas y avoir de paix juste et durable. Spoliés, chassés de nos terres, nous ne renoncerons pas à notre droit au retour », insiste-t-il. Pour lui, la marginalisation sociale de la minorité palestinienne relève d’une stratégie politique délibérée. « Pour coexister, il faut exister. Or aujourd’hui, l’appauvrissement, le chômage et l’oppression économique réduisent cette communauté au silence, expose-t-il. Ils ne veulent pas de nous.

Ce gouvernement d’extrême droite rêve d’un État juif débarrassé d’une minorité palestinienne encombrante. » Le 23 novembre dernier, le gouvernement israélien adoptait en effet un projet de loi définissant Israël comme l’État-nation du peuple juif. S’il était entériné par la Knesset, un tel statut offrirait un dangereux cadre légal aux politiques d’exclusion que subit déjà la minorité palestinienne (20 % de la population). Attablée à la terrasse d’un café de Nazareth, à l’ombre de la basilique de l’Annonciation, Haya Sansour-Zoabi, activiste politique, refuse pourtant de renoncer à l’espoir d’un État binational, où Juifs et Arabes vivraient ensemble, à égalité de droits. « Malgré les discours de haine, malgré les glissements d’une société israélienne gagnée par le racisme, je veux croire, encore, que nous pouvons vivre ensemble. Les Israéliens sont là, ils existent, nous n’allons pas leur faire subir ce qu’ils ont infligé à nos aïeux en les chassant de cette terre », sourit-elle. La jeune femme s’exprime aussi bien en arabe qu’en hébreu. Elle vit entre deux univers que sépare pourtant une épaisse paroi de verre. « Nous sommes des citoyens israéliens mais notre identité, au plus profond de nous-mêmes, reste palestinienne. Depuis l’enfance, j’ai conscience d’être arabe. Nous ne pouvons pas réprimer cette identité profonde. Malheureusement lorsque nous l’exprimons auprès de collègues juifs, ils se sentent agressés, menacés. Il faudra beaucoup de temps mais je l’espère, nous saurons, un jour, faire société ensemble. »

Nazareth, Kafr Kanna (Israël), envoyée spéciale.

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