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Hollande/PS-EELV : 5 années de trahisons (2012-2017)

Dans un entretien au “Supplément” de Canal +, François Hollande a déclaré que Marine Le Pen parle “comme un tract du Parti communiste des années 1970″. Selon le politologue Joël Gombin, cette comparaison est à la fois étonnante de sa part, et invalide empiriquement


Pourquoi la comparaison FN/"PCF des années 70" n’a aucun sens
“Madame Le Pen parle comme un tract du Parti communiste des années 1970. En pensant qu’on peut fermer les frontières, qu’on peut nationaliser les industries, qu’on peut sortir un certain nombre de capitaux de notre pays sans risque. Sauf que le Parti communiste il ne demandait pas qu’on chasse les étrangers, qu’on fasse la chasse aux pauvres…“. Cette déclaration de François Hollande au Supplément de Canal + a suscité beaucoup de commentaires, et a scandalisé les dirigeants du PCF. Pierre Laurent, le secrétaire national du parti, a demandé des excuses publiques au président.



Pourquoi cette provocation, et est-elle fondée empiriquement ? Nous avons interrogé le politologue Joël Gombin, membre de l’Observatoire des radicalités politiques (ORAP) de la Fondation Jean-Jaurès.

François Hollande a déclaré que Marine Le Pen parlait “comme un tract du PCF des années 70″. Cette comparaison correspond-elle à une réalité ?

Joël Gombin
- Si on écoute bien les propos du président de la République, il apporte des nuances à cette comparaison. Il précise également ce qui, d’après lui, distingue ces deux partis. Je suis cependant un peu surpris par cette déclaration du Président dans le sens où cela fait longtemps que d’un point de vue scientifique, un sort a été fait à l’idée d’un parallèle entre le PCF et le FN. C’est une idée qui revient régulièrement, qui a eu sa popularité à une époque, mais qui ne repose pas sur grand-chose d’un point de vue empirique. Ce parallèle n’est valide ni du point de vue de la géographie ou de la sociologie électorale, ni du point de vue de leurs orientations idéologiques, ni du point de vue de leur recrutement et de leurs pratiques militantes.

Il se trouve que dans l’émission, il commente un reportage qui porte sur le bassin minier. Effectivement c’est un fief communiste. Et il opère un rapprochement entre des formes de protectionnisme qui existent toujours au PC et que le FN reprend aujourd’hui. Mais au-delà de cet aspect anecdotique, la comparaison est assez courte.

D’où vient cette idée qui consiste à comparer l’échiquier politique à un fer à cheval, où les deux extrêmes se rejoignent ?

C’est une idée qui revient régulièrement, que ce soit dans les travaux scientifique ou plus encore dans le débat public. En réalité dans la littérature scientifique il y a assez peu d’éléments pour soutenir une telle thèse, ne serait-ce que pour une raison simple: tout le monde s’accorde en science politique pour dire que l’espace politique n’est pas unidimensionnel. Il est pluridimensionnel. A partir de là, l’idée selon laquelle on pourrait projeter l’espace politique sur une bande qui se replierait à ses extrêmes ne fait aucun sens. Si vous prenez n’importe quel parti deux à deux, vous aurez toujours des points communs et des différences.

C’est une idée que l’on trouve dans les milieux libéraux au lendemain de la seconde Guerre mondiale, chez Isaiah Berlin [philosophe et historien des idées anglais, ndlr] ou Karl Popper par exemple. On se situe à cette époque dans le cadre d’une réflexion sur le totalitarisme. Toute une génération de philosophes et d’économistes libéraux ont tenté d’imposer l’idée qu’en dehors d’une certaine version de la démocratie libérale, inséparable du libéralisme économique le plus pur, il ne peut pas y avoir de salut. Et que tout le reste conduit forcément sur la pente du totalitarisme. C’est à partir de cette idée qu’il y a un juste milieu vertueux, qu’apparaît l’idée du fer à cheval. Dès lors que l’on s’en écarte par la gauche ou par la droite, on se trouve sur cette même pente du totalitarisme.

Il est frappant d’entendre le président adhérer à cette vision selon laquelle dès que l’on prône le protectionnisme on se retrouve sur la voix du PCF stalinien.

Pourquoi François Hollande fait-il cette comparaison, la même que Nicolas Sarkozy en 2014 lorsqu’il déclarait que Marine Le Pen avait le programme de Jean-Luc Mélenchon ?



J’avoue que cela me surprend beaucoup. Je ne sais pas l’expliquer. Politiquement on ne voit pas très bien quel est l’intérêt que François Hollande pourrait en tirer, car il se met à dos le PCF, qui reste tout de même un de ses alliés. Je comprends l’intérêt de Nicolas Sarkozy à le faire par rapport à son électorat, mais pour François Hollande, c’est plus énigmatique.

Dans les années 70 l’union de la gauche était en marche. Le programme du PS ne devait donc pas être très éloigné de celui du PCF ?

En effet, c’est pour cela que c’est très curieux. D’un certain point de vue c’est symptomatique de la rupture du Parti socialiste et de l’exécutif en particulier avec toute une partie de son histoire. Aujourd’hui il tourne le dos à l’union de la gauche et opère plutôt un recentrage libéral, avec éventuellement des alliés au centre. Avoir une parole aussi provocatrice, à la fois à l’égard de son propre parti et de sa base électorale potentielle, c’est assez surprenant.

On entend souvent dire que les gens qui votaient autrefois PCF votent désormais FN. Est-ce un mythe ?

Il n’y a jamais eu d’éléments empiriques qui laissent penser qu’il y a eu de tels transferts de manière massive. Evidemment qu’ils peuvent exister de manière individuelle, mais au niveau global ce n’est pas significatif. Ce qui est vrai c’est qu’il y a des régions dans lesquelles le PCF était autrefois puissant, et où par la suite le FN a obtenu de bonnes audiences, mais ça n’a rien de systématique. Dans des régions comme le Pas-de-Calais ou les Bouches du Rhône c’est vrai, mais ça l’est moins autour d’un communisme plus rural comme dans l’Allier.

Ce passage se fait surtout au travers du renouvellement des générations : les nouvelles générations ne bénéficient pas d’une transmission satisfaisante du référentiel identitaire communiste. Cela laisse la place à un vote FN qui sociologiquement s’appuie en partie sur des groupes sociaux comparables. Quand je dis “comparables”, il faut préciser que le groupe ouvrier dans le bassin minier par exemple n’a rien à voir avec le groupe ouvrier tel qu’il était il y a trente ou quarante ans.

Ce qui est intéressant dans le reportage de Canal +, c’est que tous les électeurs que l’on voit, qui votaient à gauche avant et qui votent FN aujourd’hui, votaient socialiste. Aucun d’entre eux ne dit qu’il votait communiste. Il est facile de l’expliquer : les électeurs communistes sont généralement ceux dont l’identification partisane est la plus forte, ceux pour lesquels il est le plus difficile de les détacher de leur vote antérieur.

Par contre ce qui est attesté dans les travaux de Sylvain Crépon par exemple, c’est que dans un territoire comme le bassin minier, il y a des enfants et des petits-enfants de communistes qui votent ou qui militent au FN. C’est la problématique de la transmission générationnelle qui est posée dans ces cas là.

Peut-on dire que le FN occupe aujourd’hui une fonction tribunitienne autrefois dévolue au PCF ?

Oui et non. Effectivement cette notion a été élaborée dans le cas du PCF pour rendre compte d’un mécanisme dialectique assez complexe par lequel il permettait à un groupe exclu des positions dominantes de la société, d’exprimer une forme de rejet du système, tout en intégrant objectivement dans le système. Cette fonction d’intégration passait notamment par l’articulation d’un discours de classe. Or le FN ne le fait pas, quoi qu’il en dise.

D’autre part, pour opérer cette intégration des exclus, le PCF avait déployé toute une gamme d’actions et de formations destinées à la classe ouvrière, que le FN n’assure pas du tout. En particulier toute la fonction de formation intellectuelle et idéologique que le PCF assurait via les écoles du parti, et la fonction de contre-société qu’il assurait. Tout cela n’existe pas, ou alors à un état très embryonnaire, au Front national. Il me semble que l’analogie, même si elle peut être tentante, atteint très vite ses limites.

Propos recueillis par Mathieu Dejean
http://www.lesinrocks.com/2015/04/20/actualite/pourquoi-la-comparaison-fn-pcf-des-annees-70-na-aucun-sens-11743090/

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