UA-78951395-1
Page

Football; Entretien exclusif avec Yatema Diop Ancien international


Rédigé le Vendredi 15 Septembre 2017 à 18:14 | Lu 77 fois | 0 commentaire(s)


Il est des hommes avec qui discuter de notre passion, des hommes avec qui revisiter l’histoire, est un réel plaisir. De ceux-là, qui ont véritablement marqué l’histoire de notre football, Yatma Diop reste incontestablement, l’une des figures les plus marquantes. L’homme est très jovial, mais très cartésien dans ses réflexions, quoi de plus normal, pour un informaticien de formation. Sa vie, il l’a partagée entre les terrains de football, le travail et sa famille. Ancien chef de département de l’USB union sénégalaise de Banque (actuel crédit lyonnais), qu’il a quittée 5 ans après,pour créer sa propre société d’études et de prestations informatiques.Nous l’avons trouvé chez lui à la Medina,entouré de son fils Malick Diop, entraineur de football,lui aussi piqué par le virus de football, et de son neveu Karim Mané, l’ancien entraîneur du DUC. Avec Yatma Diop,nous avons revisité l’histoire du football sénégalais à travers les générations…


Football; Entretien exclusif avec Yatema Diop Ancien international
ENTRETIEN YATMA DIOP VOUS ETES UN ANCIEN DU FOYER,ANCIEN INTERNATIONAL DE FOOTBALL,VOUS AVEZ AUSSI EVOLUE COMME PROFESSIONNEL A AMIENS EN FRANCE, IL RESTE AUTRE CHOSE ? (Il sourit. Il sait que je le taquine un peu). En réalité, je n’ai pas signé un contrat professionnel. Signer un contrat pro signifie être enfermé dans le carcan du football.J’étais plutôt parti en France pour poursuivre mes études.C’est vrai,j’ai évolué dans un club amateur: Amiens.Et c’est par accident que je suis devenu footballeur.
ET COMMENT ?
J’étais plutôt basketteur.Avant d’être joueur de champ,je jouais au poste de gardien de buts !!! C’est à cause d’une blessure au bras, que j’ai viré au poste d’attaquant. Je jouais comme ailier gauche en équipe nationale, mais je pouvais évoluer à d’autres postes. Pour me présenter toujours,je dirais que j’ai joué à plusieurs niveaux, mais je vais vous surprendre en vous disant que je m’intéressais plus à l’environnement administratif et juridique du football.C’est la raison pour laquelle,je fais toujours référence aux textes et aux lois.C’est une de mes passions de discuter de tout cela. Je suis modérément passionné, contrairement aux apparences.
NOUS ALLONS MAINTENANT EPLUCHER VOTRE CARRIERE.VOUS ETES LE PREMIER SENEGALAIS EXPATRIE A ETRE APPELE EN EQUIPE NATIONALE, ASMARA 68…
Disons que ma participation à la coupe d’Afrique « Asmara 68 » (Ndlr, ETHIOPIE)a fait que,j’ai été le premier sénégalais expatrié qui a été appelé à venir défendre les couleurs nationales. A l’époque, les nations africaines ne pouvaient recourir qu’à deux expatriés.Il faut reconnaître qu’à cette période, les meilleurs joueurs de l’équipe vivaient au pays. C’était une très belle génération de footballeurs. Si je parcours l’histoire du Sénégal, je me rends compte qu’on a toujours eu de très belles équipes.Le fait que parmi celles-ci, aucune, n’est parvenue à remporter un titre continental, est une véritable équation
C’est cette problématique qu’il faut d’abord régle. Avant,il y a eu Tunis et jusque-là, personne ne parvient pas à trouver les paradigmes scientifiques de ces échecs.
Asmara 68 a beaucoup marqué notre génération.Le Sénégal était logé dans la poule du champion d’Afrique en titre, le Ghana. En venant à Asmara, on savait tous qu’on pouvait être champion d’Afrique, notre équipe regorgeait de talents.
VOUS L’AVEZ DIT LE SENEGAL REGORGEAIT DE TALENTS. POUR ETRE APPELE EN TANT QU’EXPATRIE, VOUS DEVIEZ ETRE UN JOUEUR EXCEPTIONNEL NON ?
(Rires) Je n’aime pas le mot exceptionnel, c’est trop.Je vais vous expliquer pourquoi.Disons que le Sénégal pratiquait un dispositif qu’on appelait défense en ligne. Cette tactique a été créée, puis abandonnée par les Européens. Dans notre encadrement, il y avait trois hommes exceptionnels qui avaient osé reprendre le système et l’améliorer. Ces trois entraîneurs à l’époque étaient Lamine Diack, Mawade Wade et Joe Diop. Ils avaient commencé à l’appliquer au Sénégal, dans leurs équipes respectives avec des succès probants,avant de l’inculquer aux autres joueurs de l’équipe nationale qui n’étaient pas issus de leurs clubs. Si j’ai été appelé,c’est parce que pendant cette période, je m’intéressais trop aux évolutions tactiques.Ils savaient que je pouvais évoluer à tous les postes dans ce système. Plus, je pouvais même aider ceux qui avaient des difficultés à l’assimiler.
COMMENT AVEZ-VOUS APPRIS VOTRE SELECTION A L’EPOQUE?
Après la finale de la coupe du Sénégal de 1968 (Ndlr, FOYER France–US Gorée 4-0),je suis parti en France.C’est l’ambassadeur du Sénégal de l’époque, monsieur André Guillabert,qui m’a fait appeler chez lui pour me dire que la Nation avait besoin de mes services. Voilà,tout est parti de là. Si vous le permettez,je voudrais revenir un peu sur ce dispositif tactique qui avait étonné toute l’Europe. En nous regardant évoluer,les français nous avaient proposé de jouer un match amical contre l’Olympique de Marseille, en France.
Mais Mawade Wade avait refusé de rencontrer Marseille. Il voulait jouer contre l’équipe nationale de France. Pour lui, c’était une question de standing. VOUS AVEZ ETE BUTEUR A ASMARA ? Effectivement,mon premier but,je l’ai marqué contre le Ghana,champion d’Afrique en titre.Dans la préparation du Match,Lamine Diack nous avait dit que les ghanéens étaient gonflés à cause de leur victoire contre la grande équipe du Real de Madrid de l’époque (5- 3). Lamine Diack nous a dit qu’ils pensaient que le match contre le Sénégal allait être une simple formalité. Nous étions vraiment motivés à l’idée de les croiser.
VOUS RAPPELEZ-VOUS DE VOTRE ONZE DE DEPART ?
On avait en attaque Doudou Diongue, Baye Mousse Paye, Pape Ndiaye et moi-même. Au milieu on retrouvait Louis Gomis, Louis Kamara,en défense on avait à droite Yerim Diagne, à gauche Petit Gueye.Moustafa Dieng et Issa Mbaye composaient l’axe central. Dans les buts, Amady THiam avait pris la place de Toumani Diallo, blessé à l’entrainement.Doudou Diongue avait inscrit le premier but du Sénégal,avant la pause le Ghana avait égalisé par OSSEI KOFFI.J’ai mis le deuxième but. Sur cette occasion,On a travaillé à droite et j’étais persuadé, vraiment sûr que le ballon allait atterrir à gauche. Nous avions bien assimilé notre système de jeu.Malheureusement,en fin de match,on prend un but bidon (Ndlr, MFUM 87e d’un lob bat Amady Thiam qui était un peu avancé). Contre le Congo, on avait gagné par 3-0.J’ai inscrit le premier but de la partie.Je crois que c’est Yatma Diouck qui a inscrit les deux autres buts. Au troisième match, contre le Congo Kinshasa (Zaïre), on était à un but partout,un match nul,nous suffisait pour la qualification. C’est à presque 5 minutes de la fin, qu’on a pris un deuxième but assassin qui nous élimine. (Ndlr, Tchimanga). Nous étions convaincus, malgré que le meilleur d’entre nous, Matar Niang n’avait pas fait le déplacement, que nous avions la meilleure équipe. Mais, on était poursuivi par la poisse, comme le disait feu Mawade Wade.
C’est une habitude chez les sénégalais. On a toujours encaissé des buts de dernière minute. Evidemment après,plein de choses se sont dites.Il y a eu des spéculations, et ce n’est pas commode de revenir sur cela,puis que certains ne sont plus de ce monde.
VOTRE MEILLEUR SOUVENIR ALORS…
Effectivement nous pouvions être champions d’Afrique (il hésite un moment).
AUTRE CHOSE ?
Il y'à La coupe du monde 70
Comment ?
Un an et demi après Asmara,le Sénégal était presque qualifié pour aller à la coupe du monde de 1970. On ne le dit pas souvent, c’est le Sénégal qui était qualifié pour jouer la coupe du monde de 1970.
La CAF de l’époque a sorti de nulle part,un match de barrage contre le Maroc. A L’aller,le Sénégal gagne par 2 -1. Au retour, le Maroc bat le Sénégal 1-0 et se qualifie. A l’époque on parlait de goal Average. Les subtilités de l’algèbre, dont parlait ALOU (Ndlr, ALASSANE NDIAYE ALOU, reporter) en 1965 à Tunis, sont revenus. A Tunis, la caf de l’époque n’avait pas jugé utile de faire jouer un match de barrage, le même principe n’a pas été appliqué et la Tunisie s’était qualifiée.Normalement, c’est le Sénégal qui devait partir.Bon,peut être que nos dirigeants de l’époque n’avaient pas trop d’arguments pour se défendre.Voilà, non mais…
ON DEVAIT AVOIR DES DIRIGEANTS AMATEURS A L’EPOQUE…
Oui,tu as bien fait de le dire.Nous étions vraiment des amateurs. D’ailleurs,personne n’était professionnel,ni les joueurs encore moins les dirigeants. On jouait vraiment pour le plaisir, on ne se battait pas trop sur tout cela « dagne done fooo reek »,nous lance-t-il avec un sourire chambreur.
ET SI VOUS AVIEZ A COMPARER LES GENERATIONS ?
Qu’est- ce que vous voulez que je vous dise ?
A VOTRE AVIS ?
Qu’on était plus forts qu’eux ? Qu’ils sont plus forts? Comparaison, n’est pas raison.Est-ce que dans l’histoire des équipes qui ont suivi,on peut trouver un Louis Gomis? Celui qui connait Louis,te dira non. Est-ce qu’on peut trouver un Louis CAMARA? pareil,celui qui le connait te dira non. Mais par contre, quelqu’un qui ne connait, ni Louis Camara encore moins Louis Gomis, tu lui poses la question, il dira mais qu’est-ce qu’il est en train de raconter, ce vieux. Malheureusement, il n’y a pas une banque d’images qui permet de comparer les générations.Tant qu’on n’arrive pas à faire la démonstration,cela va être difficile de convaincre les générations qui se sont succédé. (Je lui coupe la parole).
MAIS QUAND MEME VOUS YATMA DIOP, VOUS AVEZ ETE DE LA GENERATION de 1968, VOUS AVEZ SUIVI …
(Il me reprend la parole en rigolant).Tout le reste (il se répète).Tu veux dire que je suis meilleur qu’El hadji Diouf ? Vas le lui dire. MAIS QUAND MEME SI ON SE BASE SUR LA VALEUR INTRINSEQUE Amusez-vous à dire à EL HADJI DIOUF que j’étais plus fort que lui (il continue de s’éclater), il va me chambrer en me disant, mais père moi, j’ai été double ballon d’or africain, j’ai joué à Liverpool,alors que toi,tu as joué à Amiens.Voilà pourquoi la comparaison est difficile.
MAIS PAS POUR VOUS…
Peut-être.Je vous le concède, pour nous qui avons suivi les uns et les autres,c’est possible mais cela reste à un niveau d’appréciation personnelle.Si tu prends un jeune qui ne connait que la génération de 2002, tu lui parles de Louis Gomis, il te demandera de quoi tu parles. Alors que pour moi,un Louis GOMIS,je n’en vois pas dans le football au Sénégal. Un footballeur aussi talentueux que MATAR NIANG était de loin le plus doué de notre génération. En ce temps les footballeurs étaient de grands intellectuels qui ont occupé de plus hautes fonctions dans ce pays, par la suite.On ne les compte pas.Le ballon n’a pas changé de nom mais le monde du football a changé.On ne peut pas comparer un Neymar qui gagne des milliards avec un Matar Niang… (Recueillis par Saliou FAYE) A Suivre






Dans la même rubrique :
< >

Vendredi 5 Janvier 2018 - 09:44 Équipe type Afrique 2017 : Sadio Mané zappé?

Entête
Suivez-nous