La moitié des 80 machines à décortiquer le fonio financées par le Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO) sont disponibles a indiqué, mardi, Aminata Sow Kane, responsable genre de ce programme.
Le premier lot de 40 machines sur les 80 prévues, fabriqué par le Lycée technique d’industrie Maurice Delafosse, a été distribué dans les quatre régions traditionnelles de production du fonio, à savoir Kédougou, Kolda, Sédhiou et Tambacounda, indique un document des organisateurs de la 7-ème édition de la journée du fonio qui s’est tenue mardi à Tambacounda.
Inscrit dans le cadre d’un Projet de diffusion à grande échelle de la machine à décortiquer le fonio, visant à contribuer au développement de la culture et de la consommation du fonio au Sénégal, ce projet est prévu pour trois ans pour un budget de 300 millions de francs CFA, note la même source.
Le projet est mis en œuvre en partenariat avec le Fonds national de recherches agricoles et agroalimentaires (FNRAA). Il cherche à diffuser cette machine dans les quatre régions concernées, mais aussi à former les producteurs de fonio dans leurs organisations respectives à la manipulation, à la gestion et à la maintenance de la machine à décortiquer le fonio, poursuit le texte.
Les bénéficiaires de ce projet sont les producteurs, les organisations professionnelles de producteurs de cette céréale, les transformateurs, les centres de formation, les équipementiers, les systèmes nationaux de recherches agricoles et alimentaires et de la sous-région.
L’opération se poursuivra cette année dans les sites déjà identifiés. ‘’Le PPAAO, dans sa composante 2, relative à la génération de technologies (…) est spécialisé dans les céréales sèches, à savoir le mil,le
maïs, le sorgho et le fonio’’, a relevé Aminata Sow Kane.
Pour lever ’’l’une des principales contraintes’’ de la promotion de cette culture, liée à la ‘’pénibilité’’ du travail de transformation, toute la recherche menée pendant des années a abouti à la conception d’une machine à décortiquer le fonio, a indiqué Mme Kane.
‘’Les résultats obtenus pendant la première phase du PPAAO (2008-2012), dite de diffusion à petite échelle de la technologie se sont avérés concluants en même temps qu’ils ont permis de disposer de six décortiqueuses’’, a-t-elle ajouté.
‘’L’engouement suscité et la forte demande qui s’en est suivie ont amené le programme dans sa phase présente à financer 80 nouvelles machines dont 40 ont fini d’être fabriquées et sont disponibles’’.
Le projet de financement additionnel de machines à décortiquer le fonio qui met en relation plusieurs acteurs de la filière, devra à travers ses activités, concourir à une ‘’large information sur les lieux d’implantation de ces machines’’.
Ce qui va réduire les longues distances parcourues par les femmes pour faire décortiquer leur fonio. Le renforcement des capacités des transformatrices sur la gestion, la manipulation et la maintenance des machines, ainsi que la mise en place d’un mécanisme de pérennisation du dispositif sont aussi envisagés.
Cultivé dans 16 pays d’Afrique sur une bande allant du Cap-vert au Tchad, le fonio, une céréale rustique qui s’adapte aux sols pauvres et rocailleux, est dotée d’une haute valeur nutritive, relève l’inventeur de la machine Sanoussi Diakité dans une publication parue à l’occasion de cette journée.
’’On prête des vertus d’alicament (aliment et médicament), à cette céréale dont on dit qu’elle est ’’très adaptée à l’alimentation des diabétiques’’, ajoute M. Diakité.
Toutefois, la pénibilité du décorticage à la main, avait progressivement entraîné un abandon de cette culture qui aujourd’hui ‘’ne dépasse nulle part 1% sur l’essentiel de son aire de culture’’.
L’invention en 1993 de la machine à décortiquer le fonio a été une solution à cette contrainte, a poursuivi Sanoussi Diakité. Considérée par les spécialistes comme un ‘’outil de réhabilitation et de relance de la production et de la consommation du fonio’’, cette machine a valu à son inventeur plusieurs distinctions nationales et internationales.
‘’La disponibilité de l’instrument ne saurait suffire pour hisser le fonio au premier rang des produits assurant la sécurité alimentaire’’, estime-t-il relevant que le fonio est ‘’encore marginalisé’’ et ‘’ignoré dans les politiques de l’Etat et dans les habitudes alimentaires des populations’’.
Pour inverser la tendance, ‘’il faudrait, indique-t-il, amener les décideurs, les opérateurs économiques, le monde de la communicateurs, les consommateurs, les acteurs du développement, à l’intégrer dans leurs stratégies, leurs pratiques ou habitudes’’. La journée du fonio vise, entre autres, cet objectif.