France
08/10/2008 21:54

Angolagate: le tribunal entre dans le vif du sujet

PARIS - Après deux jours d'escarmouches procédurales, le tribunal qui examine l'affaire des ventes d'armes présumées illicites à l'Angola, est entré aujourd'hui dans le vif du sujet avec les premières explications des prévenus sur le conflit angolais et la politique française



"S'il n'y avait pas eu la cohabitation, je ne serais pas devant vous. Le président dos Santos aurait trouvé un moyen de faire passer un message directement au président (François) Mitterrand", a expliqué Jean-Bernard Curial. Cet homme de 69 ans, ancien M. Afrique du PS, est considéré comme l'intermédiaire par qui le président angolais José Eduardo dos Santos entre en contact avec les vendeurs d'armes, Pierre-Joseph Falcone et Arcadi Gaydamak.


Veste bleue, cahier vert sous le bras, Jean-Bernard Curial opère un retour dans le temps; celui de l'affrontement par pays interposés entre les Etats-Unis et l'ex-URSS. En Angola, les premiers soutiennent l'Unita, de Jonas Savimbi et la seconde, le gouvernement dos Santos, d'obédience marxiste.


En 1993, le mur est tombé, le grand frère soviétique a cessé d'aider les pays frères africains. L'Angola du président dos Santos, démocratiquement élu, a cruellement besoin d'une aide alimentaire et de munitions pour faire face à l'UNITA qui n'accepte pas le verdict des urnes.


En France, la gauche vient de perdre les élections législatives et la seconde cohabitation entre en scène. Si certains membres du gouvernement d'Edouard Balladur (ex-RPR) sont favorables à l'UNITA, la politique est claire: pas de ventes d'armes aux belligérants.


Au début de l'année 1993, Jean-Bernard Curial rencontre à Luanda le président dos Santos dans son palais: "on est encerclés, l'UNITA est à 20km, l'électricité est coupée", lui dit ce dernier en lui demandant une aide alimentaire et en armes.


"Dans un pays comme l'Angola où le président est maître de tout", explique Curial, il était impossible de faire comprendre à son interlocuteur présidentiel que son homologue français ne commande pas grand chose en période de cohabitation.


Hasard, Jean-Bernard Curial croise Jean-Christophe Mitterrand à Paris qui lui conseiller de croiser Pierre-Jospeh Falcone. "La demande transmise à M. Falcone portait très exactement sur de l'aide alimentaire et des munitions", précise Jean-Bernard Curial. Il souligne à plusieurs reprises avoir précisé que Jean-Christophe Mitterrand lui avait dit que Pierre-Joseph Falcone pourrait faire passer le message au nouveau gouvernement, ce dernier travaillant pour une agence dépendant du ministère de l'Intérieur. En fait, il travaillait avec la Sofremi, une société sous le contrôle de ce ministère.
Interrogé par le tribunal, Jean-Christophe Mitterrand, surnommé "Papamadit" en Afrique du temps où il travaillait à la cellule Afrique de l'Elysée, se lance dans de grandes explications, souvent sans queues ni têtes, ses mains moulinant sans cesse.


Le premier contrat signé par Pierre-Joseph Falcone avec l'Angola portera sur six millions de dollars, le quart correspondant à l'aide humanitaire, le reste en munitions. Au total, près de 791 millions de dollars de matériel de guerre seront vendu à l'Angola. Une grande partie des paiement, étalés entre 1993 et 2000, seront effectués sous forme de préfinancement, c'est-à-dire via des prêts bancaires de la BNP-Paribas gagés sur l'exploitation de ressources pétrolières angolaises.


L'audience se poursuivait dans la soirée. Reprise des débats lundi.

Source: Yahoo News

Awa Diakhate



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