France
29/08/2007 20:46

Armée et Intégration: l'armée est elle résérvée aux blancs blancs?

Par Karim Bourtel

En 1990, lorsque le colonel Yves Biville, chef du Centre d’études sur la sélection du personnel de l’armée de terre (Cespat), remet au ministre de la défense de l’époque, M. Jean-Pierre Chevènement, un rapport sur les Beurs et le service national, ses conclusions sont accablantes. Les « jeunes Français d’origine maghrébine » (JFOM), selon l’expression du rapport, restent confinés dans des postes subalternes. Pour eux, « pas de permis de conduire, pas d’insertion professionnelle, pas de promotion ».



S’il n’y a guère actuellement d’attitude ouvertement raciste dans l’armée, M. Mohammed Benazzedine, gendarme à Versailles, l’explique par la vigilance de ses responsables à tout écart de langage ou comportement à connotation raciste (5). La crainte de l’éclaboussure et les possibilités de recours minimisent les frictions. « Nous avons le code pénal avec nous, et le premier endroit où il doit s’appliquer, c’est ici. Et puis notre présence dans les unités contribue à faire reculer les idées reçues de certains collègues. »

Chaque corps de l’armée a développé sa propre stratégie à l’égard des jeunes les moins favorisés, parmi lesquels on en compte beaucoup d’origine maghrébine. La marine a créé un contrat court (deux ans non renouvelable) pour des fonctions peu spécialisées, mais l’afflux de candidatures en provenance des « quartiers » l’a conduit à « réviser ses critères de sélection ». Confirmée par les uns, mais démentie par le porte-parole de la défense, la mutinerie d’une soixantaine de jeunes engagés volontaires protestant contre leurs conditions de vie sur le porte-avions Foch, en mai 1999, n’y est peut-être pas étrangère (6). L’armée de l’air a conçu un contrat de militaire technicien de l’air (MTA), avec une durée maximale de service de huit ans (quatre ans renouvelable une fois) et la possibilité pour un petit nombre de devenir sous-officiers - les plus cyniques ont décliné MTA en « Marocain, Tunisien, Algérien ». Avec la professionnalisation, l’armée a ainsi abandonné son rôle de « creuset de la nation ». Pour le député socialiste Bernard Grasset, membre de la commission de la défense à l’Assemblée nationale, « l’armée n’est tout simplement plus là pour faire du social, elle est en pleine restructuration et pare au plus urgent ».

Quant aux jeunes, ils n’ont plus de contact avec l’institution, si ce n’est lors de la journée d’appel de préparation à la défense. C’est sans doute pourquoi ils laissent libre cours à leur imagination. Mme Martine Baulon, juge pour enfants au tribunal de Bobigny, rencontre sans cesse des jeunes « écorchés vifs » qui rêvent d’une carrière dans l’armée : « Ils ont en tête le mythe de l’uniforme, du soldat héros et viril. » Pour d’autres, l’idée est repoussante. « En fonction de leur rapport à la discipline et à l’autorité, certains jeunes entretiennent une aversion profonde pour la police ou l’armée, explique-t-on à l’association Banlieues du monde. Ceux qui entrent dans un corps d’Etat doivent alors affronter le mépris des potes. »
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Sylvie Delhaye



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