Europe
02/07/2007 08:54

Attentats de Madrid, verdict en octobre

Après plus de quatre mois d'audience, le procès fleuve des attentats islamistes du 11 mars 2004 à Madrid (191 morts, 1.841 blessés), s'achève lundi, pour un verdict attendu en octobre.
La dernière audience sera consacrée aux plaidoiries des avocats de l'Egyptien Rabei Ousmane Sayed Ahmed, alias "Mohammed l'Egyptien", l'un des trois "cerveaux" présumés, et du Marocain Jamal Zougam, présenté comme l'un des poseurs de bombes.



Le président du tribunal, Javier Bermudez, accordera ensuite un ultime temps de parole à chacun des accusés de la plus sanglante tragédie terroriste en Espagne, la seconde en Europe depuis l'attentat de Lockerbie (270 morts le 21 décembre 1988).

Puis il mettra en délibéré le verdict qui devrait être rendu en octobre.

Outre les accusés, plus de 300 témoins et 60 experts ont été entendus lors des 57 audiences et 450 heures qu'aura duré ce procès hors-normes, tenu dans une annexe transformée en bunker de l'Audience nationale, le tribunal antiterroriste espagnol, à l'ouest de Madrid.


Faute d'éléments tangibles, le tribunal a acquitté en juin le Marocain Brahim Moussaten. Le parquet a parallèlement élevé début juin les peines requises contre les 28 accusés restants, à un nouveau record de 311.865 ans de prison cumulés, contre 270.600 ans au début du procès.

La réclusion est toutefois limitée dans la pratique à 40 ans en Espagne pour les crimes terroristes.

Au matin du 11 mars 2004, vers 07H40, dix bombes avaient explosé dans quatre trains de banlieue, bondés d'employés de bureau, d'ouvriers ou d'étudiants, se rendant vers la garde madrilène d'Atocha.

Ces attaques avaient rapidement été revendiquées par Al-Qaïda.

Le procès n'a pas ébranlé fondamentalement la thèse de l'accusation: les auteurs voulaient punir l'Espagne pour son intervention militaire en Irak, décidée par le précédent gouvernement conservateur de José Maria Aznar.

"Le pire attentat de l'histoire de l'Espagne a été l'oeuvre d'une cellule liée au +jihadisme+ et à Al-Qaïda, l'organisation terroriste qui se cache derrière la majeure partie des attentats commis dans le monde", a déclaré en mai le Procureur de l'Audience nationale, Javier Zaragoza.

Aucun élément n'est venu en revanche étayer la "théorie du complot", longtemps défendue par certains médias et secteurs de la droite espagnole, selon laquelle l'organisation indépendantiste basque armée ETA aurait aidé dans l'ombre les auteurs des attentats.

Le président Bermudez et ses deux assesseurs auront tout l'été pour trancher le degré de responsabilité des accusés, en majorité de petits délinquants marocains installés à Madrid et convertis au Jihad.

Ces derniers ont farouchement nié toute participation aux attentats ainsi que toute appartenance à Al-Qaïda ou à un quelconque groupe islamiste radical. La moitié ont brièvement observé une grève de la faim mi-mai pour dénoncer l'injustice du procès.

Mais écoutes téléphoniques, témoins oculaires et ADN ont souvent ont mis à mal ces protestations d'innocence.

Le procès a souffert de l'absence des principaux auteurs, sur lesquels les accusés se sont souvent défaussés. Il s'agit des sept islamistes qui s'étaient immolés à l'explosif lors du siège policier de leur appartement à Léganès, près de Madrid, trois semaines après les attentats.

Et le rôle précis imputé par l'accusation aux sept principaux accusés de ce procès, a parfois semblé reposer sur des bases fragiles: traductions mises en doute pour les conversations en arabe de "Mohamed l'Egyptien", contradictions pour les témoignages des passagers des "trains de la mort"...

Le Syrien Basel Ghayloun, initialement présenté comme l'un des poseurs de bombes, n'est ainsi plus considéré comme tel. La peine requise contre lui a été du coup réduite de 38.654 à 12 ans.

Sylvie Delhaye



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