Europe
28/09/2009 13:45

Autorités et artistes se mobilisent en France pour Polanski

La France et la Pologne ont écrit à la secrétaire d'Etat américaine pour plaider la clémence envers le cinéaste Roman Polanski, interpellé en Suisse en vertu d'un mandat d'arrêt émis aux Etats-Unis en 1978.



Le réalisateur franco-polonais a été arrêté samedi à son arrivée à l'aéroport de Zurich, où il devait recevoir un prix dans le cadre du festival du film local, pour une affaire de moeurs survenue il y a plus de 30 ans aux Etats-Unis.

Le cinéaste, âgé de 76 ans, avait été arrêté et emprisonné en 1977 à Los Angeles pour des "relations sexuelles illégales" avec une adolescente de 13 ans. Il avait quitté les Etats-Unis en 1978 pour l'Europe et n'y est jamais retourné. Il risque aujourd'hui d'être extradé vers le territoire américain.

"Tout ça n'est pas très joli", a déclaré lundi le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, sur France Inter. "Avec le ministre des Affaires étrangères polonais, nous avons écrit à Hillary Clinton", a-t-il annoncé.

"C'est un peu sinistre cette histoire, franchement un homme d'un tel talent reconnu dans le monde entier, reconnu dans le pays qui l'arrête. Tout ça n'est pas sympathique", a souligné le chef de la diplomatie française.

Dimanche, le ministre français de la Culture, Frédéric Mitterrand, a fait savoir que le président Nicolas Sarkozy suivait ce dossier "avec la plus grande attention" et souhaitait "une résolution rapide de la situation".

Pour Frédéric Mitterrand, "de la même manière qu'il y a une Amérique généreuse que nous aimons, il y aussi une certaine Amérique qui fait peur, et c'est cette Amérique-là qui vient de nous présenter son visage".

La jeune fille au coeur de l'affaire, Samantha Geimer, aujourd'hui quadragénaire et mère de trois enfants, s'est prononcée pour la clémence en affirmant que l'exclusion de Roman Polanski d'Hollywood constituait un châtiment suffisant et qu'il ne présentait plus de danger pour la société.

Dans Le Figaro, l'avocat de Roman Polanski, Me Hervé Temime, qui devrait rencontrer son client lundi à Zurich, estime "qu'un problème de prescription de l'action publique se pose à l'évidence dans une affaire". Et, "faut-il le rappeler, la victime supposée de l'infraction s'est désistée depuis de très longues années", souligne-t-il.

"Nous allons tout faire pour que M. Polanski soit remis en liberté et nous battre pour lutter contre cette demande d'extradition. Il serait vraiment injuste que mon client fasse un seul jour de prison", ajoute l'avocat dans Le Parisien-Aujourd'hui en France.

Une pétition d'artistes a été lancée en France pour réclamer la libération de Roman Polanski. Le cinéaste Costa-Gavras, les comédiennes Fanny Ardant et Monica Bellucci font partie des premiers signataires.

"Je ne parviens pas à croire que vingt ans après une affaire qui serait considérée en Europe comme prescrite, les autorités suisses arrêtent Roman Polanski", a déploré l'ancien ministre de la Culture, Jack Lang. "Cet acte paraît inimaginable et disproportionné".

Le réalisateur Costa-Gavras s'est insurgé contre l'arrestation de son ami.

"Il n'y a pas de viol dans cette histoire. A Los Angeles, les metteurs en scène, les réalisateurs sont entourés de très beaux jeunes hommes et jeunes femmes qui sont grands, blonds et bien bronzés", a-t-il fait valoir. Pour lui, Samantha Geimer, "sur les photos elle fait 25 ans" et non 13.

"On ne peut pas arrêter un homme de cette qualité trente ans après une histoire qui a été rabâchée partout et par tout le monde", a estimé le cinéaste.


Source: Reuters via Yahoo News

Awa Diakhate



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