Asie & Extrême Orient
06/07/2009 17:35

Chine: émeutes au Xinjiang

Des émeutes, imputées par le gouvernement à des séparatistes musulmans en exil, ont fait au moins 140 morts dans le Xinjiang, région du nord-ouest de la Chine peuplée pour moitié d'Ouïghours appartenant à la communauté turcophone et sunnite.



Des violences se sont produites dimanche lorsque de 300 à 500 civils, selon les autorités, sont descendus dans les rues d'Urumqi, capitale de la province autonome. D'autres sources ont estimé le nombre des manifestants à 3.000.

Des véhicules ont été saccagés ou incendiés et des heurts ont opposé manifestants et forces de sécurité qui ont procédé à des centaines d'arrestations, rapporte l'agence officielle Chine nouvelle.

Les autorités parlaient dimanche soir de trois civils de l'ethnie Han tués dans ces émeutes mais le chef du Parti communiste local, Li Zhi, a avancé lundi le bilan de 140 morts, selon l'agence semi-officielle de presse China News.

Chine nouvelle pour sa part fait état de 816 blessés et précise que l'hôpital du peuple, principale structure médicale d'Urumqi, a admis 291 personnes dont 17 sont ensuite décédées.

Parmi les victimes, 233 étaient des Hans, la nationalité majoritaire en Chine, 39 des Ouïghours et les autres appartenaient à d'autres minorités ethniques.

"La situation était maîtrisée" lundi matin et les autorités ont fermé les rues à la circulation dans certains quartiers, écrit Chine nouvelle. On ne signalait pas de violences ailleurs dans la province. Des habitants ont rapporté que l'accès à internet avait été coupé à Urumqi.

Les émeutes ont débuté après une manifestation contre la réponse du pouvoir chinois à des heurts entre des membres de l'ethnie Han et des ouvriers ouïghours, fin juin dans l'extrême sud-est de la Chine. Deux membres de l'ethnie ouïghoure avaient été tués à Shaoguan, ville du Guangdong.

Un haut responsable du gouvernement chinois a imputé ces troubles aux forces extrémistes de l'étranger, laissant entendre que les autorités allaient sévir dans cette région sous haute tension.

"Il s'agit de violences criminelles qui étaient préméditées et organisées", a dit ce responsable cité par Chine nouvelle.

"Après l'incident (de Shaoguan), les trois forces de l'étranger se sont évertuées à faire monter tout ça et ont saisi cette occasion pour nous attaquer, appelant à des manifestations dans les rues", a déclaré Nuer Baikeli, gouverneur du Xinjiang, dans un discours télévisé.

L'expression "trois forces" se rapporte à des groupes que le gouvernement accuse de velléités séparatistes, d'actions militantes et d'extrémisme religieux.

Les organisations ouïghoures en exil ont nié l'existence d'un complot présumé et disent que les émeutes sont le fruit de la colère grandissante envers les politiques gouvernementales et la domination de l'ethnie Han dans le secteur économique.

"Ils nous accusent afin de détourner l'attention des Ouïghours de la discrimination et de l'oppression qui ont provoqué cette manifestation", a déclaré Dilxat Raxit, porte-parole du Congrès ouïghour mondial exilé en Suède.

"Ça a commencé comme une assemblée pacifique. Il y avait des milliers de gens qui criaient pour la fin des discriminations ethniques (...) Ils n'en peuvent plus de souffrir en silence", a-t-il ajouté.

Les accusations de complot à l'encontre des mouvements indépendantistes en exil font écho à celles lancées l'année dernière, lors des émeutes au Tibet imputées par Pékin à "la clique du dalaï-lama".

Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a appelé à un respect du droit de manifestation. "Il s'agit d'un principe de base de la démocratie. Je renouvelle mon appel en ce sens à tous les pays du monde", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Genève.


Source: Reuters via Yahoo News

Awa Diakhate








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