France
16/12/2008 23:22

Ferrara: le procès de la honte

Au terme de dix semaines de procès chaotique et plus de trois jours de délibéré, c'est dans une ambiance lourde que la cour d'assises de Paris a prononcé tôt lundi matin son verdict dans le procès de l'évasion de la maison d'arrêt de Fresnes d'Antonio Ferrara, condamnant le braqueur récidiviste à 17 années de réclusion criminelle et son ancien avocat, Me Karim Achoui, à sept ans d'emprisonnement.



Antonio Ferrara, 17 années de réclusion criminelle, son avocat Me Achoui  écope  sept ans d'emprisonnement

Au terme de dix semaines de procès chaotique et plus de trois jours de délibéré, c'est dans une ambiance lourde que la cour d'assises de Paris a prononcé tôt lundi matin son verdict dans le procès de l'évasion de la maison d'arrêt de Fresnes d'Antonio Ferrara, condamnant le braqueur récidiviste à 17 années de réclusion criminelle et son ancien avocat, Me Karim Achoui, à sept ans d'emprisonnement.

Les quatre principaux membres du commando -Dominique Battini, Karim Bouabbas, Yannick Graziani et Moussa Traoré- qui ont délivré l'Italien le 12 mars 2003 à l'aide d'explosifs et de tirs nourris sur les miradors, ont écopé de 15 ans de réclusion criminelle. Le gardien, leur complice à l'intérieur de la prison, a pris 12 années de réclusion criminelle. Comme Karim Achoui, il avait comparu libre et a été arrêté après le verdict et incarcéré.

Deux accusés, Jean-Marc Orsini et Bachir Aïrouche, ont été acquittés, Lionel Cotterau a écopé de quatre mois avec sursis pour détention d'armes. Les 12 autres complices de "Nino", qui ont soit préparé son évasion, soit couvert la cavale, ont écopé de peines comprises entre un an et 11 ans ferme.

Dans une salle d'audience comble, encerclée de gendarmes et en l'absence d'Antonio Ferrara, de Hamid Hakkar et de Dominique Battini, qui ont boycotté les débats depuis le 7 novembre, l'énoncé du verdict a déclenché la fureur des accusés et de leurs familles. Condamné à quatre ans ferme et arrêté à l'audience, Stefano Belli s'est levé pour insulter la présidente, Janine Drai. Hués, sifflets et bousculade ont agité la salle, vite évacuée par les gendarmes.

"Il est innocent Karim", ont hurlé de nombreux spectateurs, accusant la cour de "racisme". Plusieurs femmes ont quitté les lieux en larmes, tandis que les gendarmes bouclaient les sorties de la salle. "Sales bâtards", s'est énervé l'un des frères de Ferrara, contre les nombreux journalistes présents, bousculant les caméras.

Ce verdict agité n'est que le reflet d'un procès qui a duré dix semaines et demie, au lieu des huit annoncées, que le principal accusé et deux complices ont quitté avec fracas au bout d'un mois. Leurs avocats, récusés par leurs clients, puis commis d'office par la présidente, ont également boycotté les débats et n'ont pas plaidé.

"C'est le procès de la honte. C'est une négation du droit français. Dominique Battini a été condamné à quinze ans de réclusion criminelle sans défenseur. Rien ne permet un procès et une condamnation de ce genre", s'est échauffé son avocat, Me Pascal Garbarini. "Cette défense, si elle n'a pas existé, c'est uniquement à cause de la manière dont s'est passé le procès. Le procès était d'ores et déjà joué, il fallait condamner la mouvance Ferrara".

"C'est une décision incompréhensible", a commenté aussi Me Francis Szpiner, l'un des avocats de Me Achoui, parlant d'un "vrai dysfonctionnement de la justice". "Parfois, il faut être ni avocat, ni être arabe, on s'en porte mieux", a-t-il conclu amer, annonçant que Karim Achoui allait faire appel. Les avocats d'Antonio Ferrara et de Dominique Battini ont également annoncé qu'ils faisaient appel.

Les peines prononcées sont globalement conformes aux réquisitions de l'avocat général. Même Me Pascal Winter, l'avocat de la surveillante qui se trouvait dans le mirador de Fresnes, criblé de balles par les assaillants, les a qualifiées de "sévères".

Le 12 mars 2003, un commando équipé d'armes de guerre a libéré Antonio Ferrara, alors détenu à la maison d'arrêt de Fresnes (Val-de-Marne). Dans sa cellule du quartier disciplinaire, les enquêteurs ont retrouvé un pain d'explosif, sur lequel figuraient un numéro de téléphone, un détonateur et un téléphone portable.

Un appel de l'accusation aussi chaotique que le procès ne peut qu'être détonateur a un prochain heurt contre la justice.

Source: Yahoo News

V.N/source web



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