France
09/10/2007 11:13

Justice: La ''victimocratie'' selon Rachida Dati

La création d'un juge des victimes annoncée par la garde des Sceaux, Rachida Dati, s'inscrit dans la lignée indéniable d'une place de plus en plus grande accordée à la victime dans les procès pénaux. La justice risque-t-elle alors de perdre son impartialité en se rangeant d'emblée du côté des victimes ? Le nouvel Obs à posé deux questions à Henri Nallet, ancien garde des Sceaux de François Mitterrand...



1 - La "victimocratie" ou le fait de mettre les victimes de plus en plus au cœur du fonctionnement de la justice est-elle une bonne chose ?

2 - Un juge des victimes vous paraît-il d'une quelconque utilité ?

Henri Nalet tente d'y repondre:

1- "C'est un mouvement qui s'empare de toute la société, de tous les médias. Cela concerne à la fois le souci de la victime d'obtenir réparation et punition et cette course à la prise en charge politique des victimes. Nous sommes d'ailleurs peut-être en train d'aller au-delà du domaine de la justice. On demande avant toute chose à la justice de dire et de sanctionner. Bien sûr qu'il faut accompagner la victime, mais ce n'est peut-être pas à la justice de le faire car elle n'est pas faite pour ça. Elle punit le coupable, elle indemnise la victime. Mais la prise en charge et la compassion ne sont peut-être pas les domaines du juge, même s'il est important qu'il les ait à l'esprit.
La course à la compassion n'est peut-être pas nécessaire au bien-vivre ensemble.

2- "Ce projet de 'juge des victimes' me paraît vraiment être du déclamatoire. Car tout cela existe déjà : c'est la Commission d'indemnisation des victimes d'infraction (CIVI). Qu'est-ce que ce juge va donc faire de plus ?

D'autant que cette expression de "juge des victimes" ne me paraît absolument pas correspondre à la fonction-même du juge qui doit trancher entre les deux parties.
Aujourd'hui, on imagine que l'on va résoudre un problème social avec une loi. Mais c'est de la gesticulation législative pure et simple. Au lieu de faire des grands discours sur la revalorisation du Parlement, on ferait mieux de s'attaquer à une vraie réforme d'ampleur de la justice et qui ne soit pas décidée sous le coup de l'émotion".

Régine Barthélémy, présidente du Syndicat des avocats de France (SAF) :
1- "La justice n'est pas faite pour ça. Robert Badinter a rappelé récemment que "la justice n'est pas une thérapie". C'est tout à fait juste. Celui qui est au centre d'un procès, c'est celui qui est jugé. Lire la suite de l'article en ouvrant la pièce jointe ci dessous:

H.V/Source Web



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