France
19/12/2007 14:28

L’urgence n’attend pas…sauf pour Fillon

L'Humanité

LOGEMENT DES SANS-ABRI: Reçues à Matignon, les associations demandent un calendrier et des résultats rapides.



« Le dossier est désormais au bon niveau de l’État. Avant, on était dans un dialogue de sourd. » Cette déclaration de Bruno Grouès, responsable du pôle de lutte contre la pauvreté et l’exclusion de l’UNIOPSS (Union nationale interfédérale des oeuvres et organismes privés sanitaires et sociaux), faite, hier, sur le perron de l’hôtel Matignon à l’issue de la réunion entre les associations de lutte contre le mal-logement, le premier ministre, Martin Hirsch, haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, et de la ministre du Logement, Christine Boutin, traduisait bien la satisfaction du front associatif d’être enfin entendu par le gouvernement. Car, ces derniers temps, entre la polémique née des déclarations de Christine Boutin sur le nombre « suffisant » d’hébergements d’urgence et le recours à la force publique, samedi, pour évacuer le campement des Enfants de Don Quichotte aux abords de Notre-Dame de Paris, les relations entre la ministre du Logement et les associations s’étaient plus que tendues. La ministre du Logement, visiblement non repue de ces joutes verbales, a continué à jeter de l’huile sur le feu, n’hésitant pas à s’interroger hier matin sur les ondes d’une radio nationale sur « l’état psychologique » d’Augustin Legrand, leader des Don Quichotte.

« Si vous voulez enterrer un problème, créez une commission », aimait à dire Georges Clemenceau. François Fillon a-t-il l’intention de s’inspirer de la recette quand il annonce aux associations de soutien aux sans-abri sa décision de nommer un parlementaire « en mission » et de préparer un « contrat » pour le 15 janvier 2008 ? La réaction du premier ministre à la situation inhumaine imposée à des dizaines de milliers d’hommes et de femmes dans notre pays est un peu courte. Laissez votre dossier, on vous écrira. Mais, à coup sûr,les associations sauront se rappeler à son souvenir. Tout se passe comme si le gouvernement voulait gagner un peu de temps afin que la dénonciation de la souffrance qui nous environne ne vienne pas lui gâcher les fêtes de fin d’année. Peut-être espère-t-il un coup de pouce d’une météo qui, devenant plus clémente, rejetterait une nouvelle fois cette expression la plus cruelle de la pauvreté hors du champ des projecteurs de l’actualité. Les aventures sur papier glacé, ou sur du papier de presse à grand tirage, du président et d’un ex-top-modèle servent de leurre pour tenter de nous faire oublier la vraie vie.

nicolas maury



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