Faits Divers - Société
08/11/2007 20:38

'La Tribune' en gréve ne veut pas du géant du luxe

Les salariés du quotidien La Tribune se sont mis en grève ce jeudi pour protester contre le "simulacre d'information" de LVMH, qui entend céder le titre à Alain Weill, alors qu'aux Echos les premières déclarations du PDG du géant du luxe depuis le rachat du quotidien provoquaient des remous.



La rédaction de La Tribune a voté à une forte majorité une grève reconductible lors d'une assemblée générale organisée après un comité d'entreprise (CE) houleux.

"Ce n'est pas une grève contre Alain Weill, mais contre le simulacre d'information de LVMH", a déclaré une élue du CE, Sandrine Bajos.

La veille, les salariés s'étaient dit très "choqués" d'avoir appris par communiqués de presse l'entrée en négociation exclusive de LVMH avec News Participations pour la cession du titre et de sa régie publicitaire.

News Participations est le holding personnel d'Alain Weill, PDG de NextRadioTV (RMC, BFM, BFM TV).



Jeudi, la direction de La Tribune devait informer le CE sur l'offre de M. Weill et entamer la procédure de consultation sur le projet de cession.

Mais, "la direction est arrivée avec zéro information sur l'offre, zéro information sur les motifs qui l'ont amenée à choisir Alain Weill", a estimé la secrétaire du CE, Marie-Caroline Lopez, s'insurgeant contre une "volonté délibérée de jouer la montre".

La direction a en revanche indiqué que la date-limite des négociations exclusives avait été fixée au 31 décembre.

Jeudi sur RTL, le PDG Bernard Arnault a affirmé que la vente serait finalisée "d'ici quelques semaines", ajoutant que le prix de vente, "malheureusement pas très élevé", n'était "pas encore finalisé".

Les représentants des salariés exigent que Nicolas Bazire, en charge du dossier chez LVMH, vienne les rencontrer dès vendredi afin de discuter de ce délai, jugé "trop court", et "de la façon dont la procédure est initiée".

Une nouvelle assemblée générale est prévue vendredi à 15H00.

Dès l'annonce de la grève à La Tribune, les salariés des Echos ont voté une motion de soutien à leurs confrères.

Au siège du premier quotidien économique français, les premières déclarations de Bernard Arnault depuis l'annonce du rachat du titre à Pearson pour 240 millions d'euros ont provoqué des remous.

Interrogé sur l'opposition des salariés des Echos à son arrivée, le patron du géant du luxe a estimé que "tout ce processus" était fondé sur "un malentendu et un procès d'intention".

"Je crois qu'au départ la direction de la rédaction des Echos avait probablement dans l'idée de faire arriver un autre projet (...) et donc a cherché à diaboliser notre présence et notre arrivée", a-t-il déclaré, ajoutant qu'elle avait "vis-à-vis des journalistes probablement en partie réussi".

Il a estimé que la "polémique" sur les risques de conflits d'intérêt entre LVMH et la rédaction des Echos n'était "pas vraiment fondée", affirmant que l'indépendance des journalistes était "pour (lui) une évidence".

Les journalistes des Echos ont décidé d'adresser une lettre ouverte à M. Arnault pour répondre à ces propos, qualifiés de "violents". Elle sera publiée dans l'édition de vendredi.

Le directeur de la rédaction des Echos, Erik Izraelewicz, qui n'a pas souhaité réagir, s'est entretenu, de source proche du dossier, avec M. Arnault jeudi matin recevant l'assurance qu'il resterait à son poste s'il le souhaitait.

EDICOM

H.V/OnLine EditWeb NeWs



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