« C'était incroyable de voir le nombre d'espèces entrant, sortant et autour du terrier », raconte Vermeulen (professeur à l'Université de Liège, en Belgique). Prédateurs et proies se côtoyaient pratiquement en entrant et en sortant des terriers ; phacochères, pintades, léopards, perdrix, pythons, porcs épics, ratels et babouins y faisaient tous leur apparition. Mais ce qui a vraiment retenu l'attention de Vermeulen dans les images captées par des caméras à distance, c'est la vue de chauves-souris et de singes utilisant le même terrier. Certaines espèces de chauves-souris sont des réservoirs de zoonoses bien documentées – des maladies transmises des animaux aux humains. Compte tenu de la relation étroite entre les singes et les humains, le chevauchement avec les chauves-souris soulève la possibilité que les terriers d'oryctéropes soient des épicentres méconnus de pathogènes se propageant de la nature à l'homme.
Vermeulen a grandi en République démocratique du Congo et a passé des années à étudier les habitats forestiers au Cameroun, au Gabon et ailleurs en Afrique de l'Ouest. Le nombre d'animaux visitant le terrier chaque jour lui paraissait stupéfiant. Alors que la pandémie de Covid-19 touchait à sa fin, voir autant d'espèces en contact si étroit faisait surgir le spectre d'une nouvelle menace : la possibilité que ces terriers, et d'autres similaires, soient des incubateurs de maladies.
D'une superficie de 9 000 kilomètres carrés, le parc national du Niokolo-Koba, au Sénégal, a à peu près la même superficie que l'île d'Hawaï. Ce parc est un haut lieu de biodiversité, avec de vastes écosystèmes de zones humides, de savane et de forêts qui attirent écotouristes et chercheurs. Les oryctéropes comptent parmi les espèces fouisseuses les plus communes de la région. Durant la saison sèche de 2023 et 2024, Vermeulen et quatre étudiants de troisième cycle ont installé des caméras pour surveiller 105 entrées de 92 terriers différents.
Que des animaux empruntent les terriers des autres n'est pas nouveau . Dans la savane du parc, où les températures peuvent atteindre 47 °C, certains animaux cherchent refuge sous terre partout où ils le peuvent. Les terriers des oryctéropes sont également des refuges pour les insectes ; certains animaux, dont les primates, sont donc possiblement attirés par les petites protéines qu'ils trouvent tapies dans l'obscurité.
Or, certains visiteurs sont plus inquiétants que d'autres. L'une des espèces aperçues en train de fondre sur les terriers d'oryctéropes du parc du Niokolo-Koba, par exemple, la chauve-souris à grandes oreilles et à face fendue ( Nycteris macrotis ), porteuse connue de coronavirus pouvant infecter les primates et les humains.
Les scientifiques savent depuis des décennies que les chauves-souris sont des hôtes naturels de virus courants, notamment la rage, la rougeole, les oreillons et la maladie de Carré. Mais depuis 25 ans, elles ont attiré l'attention des épidémiologistes car elles sont porteuses de virus émergents comme les virus Nipah, Marburg et de nombreux coronavirus, tous susceptibles de provoquer de graves maladies infectieuses. Ebola est un virus redoutable qui s'est probablement transmis des chauves-souris aux primates, puis à l'homme.
Le problème ne réside pas dans les chauves-souris elles-mêmes, pourtant précieuses pour les écosystèmes, mais dans la chaîne d'infection qu'elles pourraient déclencher, une chauve-souris frugivore peut notamment contaminer une mangue, ensuite ramassée et mangée par un humain.
Les singes ne sont pas connus comme des animaux affectionnant les terriers, ils s'aventurent néanmoins jusqu'à 2 mètres à l'intérieur, explique Vermeulen. « Et ensuite, ils se rendent au camp touristique ou dans les champs pour manger les récoltes des humains. » Le camp touristique du parc, Niokolodge, se trouve à moins de six kilomètres des terriers étudiés, ce qui permet aux agents pathogènes de passer des chauves-souris, des singes ou d'autres animaux infectés aux humains.
Fort heureusement, le rôle de l'épidémiologie est d'explorer les liens entre les humains, les animaux, les écosystèmes et les maladies.
Vermeulen a grandi en République démocratique du Congo et a passé des années à étudier les habitats forestiers au Cameroun, au Gabon et ailleurs en Afrique de l'Ouest. Le nombre d'animaux visitant le terrier chaque jour lui paraissait stupéfiant. Alors que la pandémie de Covid-19 touchait à sa fin, voir autant d'espèces en contact si étroit faisait surgir le spectre d'une nouvelle menace : la possibilité que ces terriers, et d'autres similaires, soient des incubateurs de maladies.
D'une superficie de 9 000 kilomètres carrés, le parc national du Niokolo-Koba, au Sénégal, a à peu près la même superficie que l'île d'Hawaï. Ce parc est un haut lieu de biodiversité, avec de vastes écosystèmes de zones humides, de savane et de forêts qui attirent écotouristes et chercheurs. Les oryctéropes comptent parmi les espèces fouisseuses les plus communes de la région. Durant la saison sèche de 2023 et 2024, Vermeulen et quatre étudiants de troisième cycle ont installé des caméras pour surveiller 105 entrées de 92 terriers différents.
Que des animaux empruntent les terriers des autres n'est pas nouveau . Dans la savane du parc, où les températures peuvent atteindre 47 °C, certains animaux cherchent refuge sous terre partout où ils le peuvent. Les terriers des oryctéropes sont également des refuges pour les insectes ; certains animaux, dont les primates, sont donc possiblement attirés par les petites protéines qu'ils trouvent tapies dans l'obscurité.
Or, certains visiteurs sont plus inquiétants que d'autres. L'une des espèces aperçues en train de fondre sur les terriers d'oryctéropes du parc du Niokolo-Koba, par exemple, la chauve-souris à grandes oreilles et à face fendue ( Nycteris macrotis ), porteuse connue de coronavirus pouvant infecter les primates et les humains.
Les scientifiques savent depuis des décennies que les chauves-souris sont des hôtes naturels de virus courants, notamment la rage, la rougeole, les oreillons et la maladie de Carré. Mais depuis 25 ans, elles ont attiré l'attention des épidémiologistes car elles sont porteuses de virus émergents comme les virus Nipah, Marburg et de nombreux coronavirus, tous susceptibles de provoquer de graves maladies infectieuses. Ebola est un virus redoutable qui s'est probablement transmis des chauves-souris aux primates, puis à l'homme.
Le problème ne réside pas dans les chauves-souris elles-mêmes, pourtant précieuses pour les écosystèmes, mais dans la chaîne d'infection qu'elles pourraient déclencher, une chauve-souris frugivore peut notamment contaminer une mangue, ensuite ramassée et mangée par un humain.
Les singes ne sont pas connus comme des animaux affectionnant les terriers, ils s'aventurent néanmoins jusqu'à 2 mètres à l'intérieur, explique Vermeulen. « Et ensuite, ils se rendent au camp touristique ou dans les champs pour manger les récoltes des humains. » Le camp touristique du parc, Niokolodge, se trouve à moins de six kilomètres des terriers étudiés, ce qui permet aux agents pathogènes de passer des chauves-souris, des singes ou d'autres animaux infectés aux humains.
Fort heureusement, le rôle de l'épidémiologie est d'explorer les liens entre les humains, les animaux, les écosystèmes et les maladies.