Tribune Libre
09/05/2009 23:38

Le procureur, le plaignant et son avocat

Un plaignant, son avocat et le patron de la brigade chargée de l'enquête née de la plainte déjeunent chez un procureur. Le procureur ne siège pas dans la juridiction à laquelle ressortissent ses invités.



La plainte, c'est une affaire privée d'argent; comme la plupart des plaintes déposées en matière d'atteinte aux biens des personnes. On élude la question de l'éventuel traitement des affaires d'argent par devant une juridiction civile puisque l'abus de biens sociaux demeure un délit sanctionné pénalement. Et qui d'autre qu'un procureur de la république est sensé connaître son code pénal sur le bout des doigts?

N'en déplaise aux journalistes, ce déjeuner, selon le procureur, est une non-affaire: personne n'a parlé de rien ce jour-là. Les invités n'auraient pas demandé conseil à leur hôte et l'hôte n'aurait pas guidé ses invités dans la meilleure présentation à faire du dossier. Et, pour donner à cet ensemble l'apparence trompeuse d'une association de personnes ayant des intérêts en commun, il semble que l'épouse du procureur soit chargée de mission, directement ou indirectement, par le plaignant. 

Bien entendu, les journalistes n'en croient goutte. Ils se conduisent ainsi de la même façon que la grande majorité des magistrats et officiers instructeurs: ils choisissent d'instruire à charge et seulement à charge. 

Le juge d'instruction n'y croit pas non plus et dessaisit la brigade financière. Commentaire du procureur: on veut nuire à sa carrière. Que dire d'autre? Il est difficile, pour lui, de plaider qu'un faisceau de faits concordants ne fait pas nécessairement de lui un coupable.

Les humains, décidément, adorent juger, condamner, prononcer des sentences. Fonctionnaires chargés de justice ou simples citoyens: le statut ne ferait plus la différence?

Sources: Le canard enchaîné, AFP: le procureur Courroye se rebiffe


S. D.



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