Textes Littéraires
13/05/2006 00:17

Les enfants des ténèbres -17-

Roman - Suite chapitre 18



Le médecin était tout de même venu. Sans en paraître gêné le moins du monde, il parla de petite dépression nerveuse, conséquence de l'accouchement par césarienne, conseilla de faire disparaître de la maison tous les instruments tranchants. Le pire fut qu'il rédigea deux ordonnances prescrivant des traitements absolument identiques. Et pour cause, Chantal avait nié.
Un jour, comme elle s'était aperçu que leurs rapports sexuels étaient irritants, un autre médecin avait diagnostiqué un candida albicans. Nicolas, sans avoir été examiné, s'était retrouvé avec une crème antifongique entre les mains, pour le cas où il aurait été "porteur sain".
- Vous voulez dire, Docteur, que je serais d'une certaine manière séropositif ? s'était exclamé le malheureux.
- Mais non, Monsieur, il s'agit d'un simple champignon, aucun rapport avec le SIDA."
A demi-rassuré, Nicolas n'osa pas demander comment on pouvait être à la fois sain et porteur d'une maladie.
Chantal avait cessé son traitement cependant que le sexe de son mari commençait à peler et qu'il cachait la chose soigneusement.
Pourquoi pas, se dit Nicolas. Il prit donc scrupuleusement les anxiolytiques et antidépresseurs prescrits, veillant à ce que sa femme en fît de même.
Quant aux couteaux et fourchettes métalliques, elle accepta de s'en débarrasser, pour "te rassurer" lui dit-elle en les remplaçant par des couverts en plastique. Cela d'ailleurs ne l'empêcha pas, quelques jours plus tard, d'égorger leur Yorkshire à l'aide d'un tesson de bouteille et de le déposer, tout ensanglanté, dans le berceau du bébé. Et toujours elle chantait:
- Maman est en haut qui fait des gâteaux, Papa est en bas qui coupe du bois. "
Elle avait une jolie voix et prenait un air inspiré.

Le médecin revint. Le cadavre du chien fut produit en tant que preuve. Chantal prétendit ne rien connaître de cette affaire. L'oeil du docteur, qui se fixa sur le mari délateur, en dit alors long sur son opinion. Pas d'histoires, ordonna-t-il autoritaire, et l'incident fut clos.
Cette fois, Chantal en voulut terriblement à son mari. Elle le trompa avec un pompiste baraqué. Après avoir branché la pompe automatique en vue de faire le plein, l'homme, vêtu d'un uniforme "Mobil" jugé somptueux par Nicolas, l'avait conduite aux toilettes. Naturellement, le trop plein d'essence déborda du réservoir et se répandit sur le sol.
Nicolas n'en fut quitte qu'en payant le montant impitoyablement inscrit à la pompe. Mais, afin de bien marquer son mécontentement, il ne donna pas de pourboire.
Ce dernier incident fut longuement commenté par Chantal. Niant l'adultère, elle y vit un signe de la mauvaise éducation et de la mesquinerie de son mari.

Le cauchemar commença véritablement avec la disparition de l'enfant.
Le cauchemar de Nicolas, mais aussi celui de Maxime Anastasio.

Aller au chapitre 1 cliquer ici

En vente sur: Abebooks
Manuscrit.com

Henri Vario








Flashback :