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19/05/2005 15:33

Noirs dans les camps Nazis

(MFI) En 1995, Serge Bilé réalise un documentaire, Noirs dans les camps nazis, qui réunit quelques témoignages rassemblés dans l’urgence. Mais continuant à creuser le sujet, il en recueille d’autres dont il fait un livre, portant le même titre, paru dix ans plus tard.
La voix retentit, puissante. La caméra tourne autour du chanteur, d’un profil à l’autre. Dans la salle, le public debout est à l’image de celui qui, sur scène, pourtant étreint par une forte émotion, se tient digne et regarde droit devant. L’événement rassemble, à Strasbourg ...



John William avait 20 ans, il était Noir.

Ils y étaient aussi...

La voix retentit, puissante. La caméra tourne autour du chanteur, d’un profil à l’autre. Dans la salle, le public debout est à l’image de celui qui, sur scène, pourtant étreint par une forte émotion, se tient digne et regarde droit devant. L’événement rassemble, à Strasbourg en 1995, des anciens déportés de la Seconde Guerre mondiale. John William, qui entraîne la salle dans son chant d’espoir, est noir. Cinquante ans auparavant, il a été déporté au camp de Neuengamme. Il avait alors 20 ans.
C’est après avoir vu John William, devenu chanteur, dans une émission de télévision que Serge Bilé, journaliste franco-ivoirien, décide en 1995 de se lancer dans la réalisation d’un documentaire sur les Noirs dans les camps nazis. « Je me suis dit qu’il ne devait pas être le seul. Je me suis mis à rechercher des témoignages, que j’ai enregistrés. » Le documentaire ne sera quasiment jamais diffusé, à l’exception de quelques festivals et d’une ou deux chaînes de télévision. Mais Serge Bilé continue à creuser le sujet, à rencontrer des témoins, directs et indirects, de l’époque. « Entre 1995 et 2005, j’ai appris beaucoup de choses, et j’ai donc eu envie de faire un livre qui soit la somme de tout ce que j’avais découvert depuis. »
Ce sera Noirs dans les camps nazis, un petit opuscule de 160 pages. Dans lequel Serge Bilé restitue ce qu’il a appris, découvert ou approfondi en dix ans : l’histoire du génocide des Herero, commis par la puissance coloniale allemande à l’orée du XXe siècle en Namibie ; l’épisode de la « honte noire en Rhénanie » – les troupes d’occupation françaises comptent dans leurs rangs des hommes venus d’Afrique – qui permet à Hitler d’écrire, dans Mein Kampf (1923), que « les juifs ont emmené les Nègres en Rhénanie dans le but de souiller la race aryenne » ; la stérilisation forcée, dès l’arrivée au pouvoir des nazis en 1933, des enfants métis nés des relations de ces hommes avec des Allemandes ; le fait que les lois de Nüremberg (1935) précisent que « n’est pas de sang allemand celui qui a, parmi ses ancêtres, du côté paternel ou maternel, une fraction de sang juif ou de sang noir »… Or il y avait, avant guerre en Allemagne, environ 24 000 Afro-Allemands selon Serge Bilé, originaires pour la plupart des ex-colonies du Reich – Cameroun, Tanganiyka, Togo.

Source RFI.

Noirs dans les camps nazis, par Serge Bilé, Le serpent à plumes, 2005, 15,90 euros.

Henri Vario



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