France
31/05/2013 13:03

Sévère mais juste

Les journalistes, qui s’étaient plaints d’avoir dû s’autocensurer sous l’ère Sarkozy, se sont repris avec la présidence Hollande et, disons-le, éclatés avec l’affaire Cahuzac. Tant et si bien que les milliers d’articles consacrés à Jérôme Cahuzac nous ont fait penser que nous entrions peut-être dans la République des médias. Aujourd’hui, deux événements nous rapprochent plutôt de la République des juges. Exit la République des médias: elle n’a manifestement pas les pleins pouvoirs. Et la République des juges, comme on sait, est sévère mais juste.



Ce mercredi, un ancien magistrat est mis en examen, dans l’affaire Tapie, avec des intitulés à tomber par terre: "escroquerie en bande organisée". En septembre 2012 l’enquête portait sur "l’usage abusif des pouvoirs sociaux et recel de ce délit au préjudice du consortium de réalisation" gérant le passif du Crédit Lyonnais. Plus tard, sur "faux, détournement de fonds publics, complicité et recel de ces délits". Mercredi dernier, les chefs d’accusation ont été requalifiés en "délit de faux par simulation d'acte en escroquerie en bande organisée".
Dans le même temps, le juge Jean-Michel Gentil est mis en cause par les avocats des principaux mis en examen du volet abus de faiblesse de l’affaire Bettencourt (Nicolas Sarkozy, Eric Woerth, Patrice de Maistre).  Un des médecins légistes, qui a réalisé les expertises sur Lilianne Bettencourt, serait une proche de la famille du juge bordelais. Il pourrait donc être dessaisi du dossier Bettencourt si les informations se confirmaient au motif de "conflit d’intérêt manifeste". L’affaire serait confiée à un autre juge.
Quoi qu’il en soit, les formules des juges comme celles des journalistes ont en commun une véhémence qui choque. Et, s’il n’est pas habituel que les journalistes s’envoient des noms d’oiseaux par medias interposés, on constate que les magistrats sont capables d’attaquer leurs confères ou anciens confrères avec les mots les plus doux. Si doux, si sévères et si justes que les journalistes n’ont rien trouvé à rajouter. 
 

S. D.



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