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Jeudi 21 Juin 2007 - 01:17


L'ÉLECTORAT corrige rarement le tir d'un tour à l'autre autant qu'il l'a fait lors de ces législatives. Il faut remonter aux municipales de 1983 pour retrouver un phénomène analogue. La droite avait, à l'époque, enfoncé les positions de la gauche au premier tour. Mais celle-ci s'était réveillée le dimanche suivant en sauvant nombre de villes menacées, au premier rang desquelles Marseille.


Selon 'Le Figaro' MoDem et PS ont fait alliance

Le 10 juin, la gauche ne totalisait que 39 % des suffrages exprimés contre 50,3 % pour la droite. L'UMP parvenait à faire élire 109 députés et le PS seulement un. Le tableau change radicalement le 17 juin. Le rapport des forces se rééquilibre spectaculairement : 49,1 % pour les candidats de gauche contre 49,7 % pour ceux de droite. La droite n'a pas subitement perdu sa suprématie : les circonscriptions en ballottage étaient plus à gauche que l'ensemble du pays. Mais ces chiffres témoignent de la bonne résistance de l'opposition.

On compte finalement 55 députés de droite battus contre seulement 10 de gauche. Avec 350 élus, la majorité présidentielle recule de 44 sièges par rapport à 2002. La gauche envoie au Palais Bourbon 220 députés, soit une soixantaine de plus qu'il y a cinq ans. Jean-Pierre Raffarin a confié à ses amis de l'UMP que l'affaire de la TVA sociale aurait coûté « soixante députés » à son parti. Si l'estimation est forcément subjective, l'impact de cette polémique est incontestable. C'est peu dire que ce projet est impopulaire. Invités à choisir les mesures gouvernementales qui leur semblent « prioritaires », les sondés placent en tout dernier cette fameuse TVA sociale avec seulement 6 % des réponses (1).

Soutien tactique à l'opposition

Les résultats décevants de la droite ne s'expliquent cependant pas uniquement, ni même principalement, par l'influence de ce thème de controverse. La gauche a aussi et surtout été portée à la fois par une meilleure mobilisation de ses troupes et par la convergence des oppositions sur ses candidats.

Le taux d'abstention est resté très élevé : 40 % des électeurs inscrits contre 39,6 % au premier tour. Mais on constate souvent un surcroît de participation dans les circonscriptions où la gauche s'est redressée d'un dimanche à l'autre. Le pourcentage de votants progresse ainsi de trois points dans la première circonscription des Alpes-de-Haute-Provence où Jean-Louis Bianco sauve son siège.

Le député socialiste obtient 52,3 % alors que la gauche n'avait totalisé que 47 % au premier tour. Même dynamique dans la sixième circonscription de Saône-et-Loire où le taux de participation gagne cinq points. Arnaud Montebourg est réélu de justesse, avec 50,3 % des suffrages, alors qu'il ne disposait que d'un potentiel de 46 % des voix au soir du premier tour.

La dynamique des reports de voix favorable à la gauche a toutefois plus pesé encore sur l'issue du scrutin. Quand ils se sont rendus aux urnes, les électeurs du MoDem ont nettement privilégié l'opposition. Selon une enquête CSA (2), 55 % des électeurs centristes ont voté dimanche pour le candidat de gauche, 28 % pour celui de droite, 17 % s'abstenant ou votant blanc ou nul. Fort nombreux sont les candidats de l'opposition qui doivent leur succès à l'appoint centriste.

Dans la onzième circonscription de Paris, le Vert Yves Cochet est réélu avec 57,2 % des voix alors qu'il ne disposait que d'un potentiel de 43 %. Il a, semble-t-il, recueilli une bonne part des 18,4 % qui s'étaient portés sur la centriste Marielle de Sarnez au premier tour. Dans le Rhône, les 14,7 % des suffrages d'Azouz Begag (MoDem) ont participé à la défaite de l'UMP Jean-Michel Dubernard. Le rôle des voix centristes est également patent dans la chute de François d'Aubert (UMP) en Mayenne ou dans la victoire du PS Jean-Jacques Urvoas dans le Finistère.

Ces bons reports du centre sur le PS ne signifient pas que l'électorat du MoDem est désireux de voir François Bayrou rallier la gauche. À en croire l'enquête CSA, une majorité d'entre eux souhaitent que cette formation « reste autonome ». Il s'agit plutôt d'un soutien tactique à l'opposition au nom de la défense du « pluralisme » à l'Assemblée nationale.

Le Sud-Ouest toujours socialiste

Les candidats de gauche ont encore profité d'excellents reports de voix à l'intérieur même de ce camp. Les électeurs communistes n'ont guère rechigné à soutenir les candidats socialistes, y compris lorsque le PS avait devancé le PCF au premier tour. Dans la deuxième circonscription de l'Allier, le PS prend ainsi la succession du PCF sans déperdition de voix. Son candidat recueille 53,4 % des suffrages alors que la gauche ne totalisait que 47 % au premier tour. En sens inverse, le député PC sortant renforce ses positions dans la deuxième circonscription du Cher. Avec 57,4 % des voix, il améliore de beaucoup son potentiel électoral de premier tour (48 %).

L'union de la gauche a bien fonctionné dans les urnes. En parvenant à faire élire 18 députés et apparentés, le PCF frise le nombre d'élus nécessaire à la constitution d'un groupe parlementaire (20). Au second tour, l'UMP s'est trouvée plus isolée que le PS. Ses candidats ont reçu peu de soutiens en provenance du centre ou de l'extrême droite. Les électeurs du Front national n'ont pas voulu apporter leurs voix à une droite présentée comme triomphante. Selon CSA, 54 % des électeurs du FN se sont abstenus ou ont voté blanc ou nul, seulement 27 % votant à droite et 19 % à gauche. En se réduisant, l'électorat d'extrême droite s'est aussi durci. Ceux qui n'ont pas cédé aux sirènes du sarkozysme tendent désormais à camper sur leur singularité.

Au final, la carte électorale issue de ces législatives est assez traditionnelle. Si le bleu domine, la gauche conserve ses zones de forces habituelles. Les socialistes règnent toujours sur le grand Sud-Ouest. La gauche conserve ses bastions du Centre déchristianisé ou du Nord-Pas-de-Calais. Elle campe toujours dans les circonscriptions les plus populaires d'Ile-de-France et confirme son influence dans le nord de la Bretagne. Si elle marque une rupture politique, l'élection de Nicolas Sarkozy ne bouleverse pas les équilibres géographiques du pays.

(1) Sondage Ipsos-France 2-Europe 1-20 minutes-Le Point, 15-16 juin.

(2) Sondage CSA-France 3-France Inter-France Info-Le Parisien, 17 juin.

Henri VARIO-NOUIOUA

Commentaires

1.Posté par JC le 21/06/2007 14:54
Bonjour,

Le titre du Figaro est stupide. Ce ne sont pas les partis qui ont fait alliance et qui décide des élections, ce sont les électeurs dans l'isoloir. La seule conclusion qu'on peut en tirer et que contrairement à certaines analyses, le MODEM est constitué par un grand nombre d'ex-socialiste.

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