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9 octobre 1967, le Che est assassiné

Nicolas Maury

Son message révolutionnaire continue d’inspirer tous ceux qui refusent la fatalité d’un monde livré aux ravages du néolibéralisme

9 octobre 1967, le Che est assassiné
Quarante ans après son assassinat en Bolivie, le visage d’Ernesto Che Guevara hante toujours le monde des vivants, que la mort et le temps n’ont pas réussi à effacer. La légende a survécu à la chute du mur de Berlin et aux déceptions nées des luttes de libérations nationales. Che, icône médiatique, figure du héros révolutionnaire, est un mythe. Son prestige reste intact, notamment auprès des jeunes, il serait lui-même très étonné d’être plus célèbre que jamais. Son éthique et son courage sont cités en exemple. Récupéré, enjeu de débats, il a aussi ses détracteurs. Pour certains il n’aurait été qu’un Saint-Just, implacable, ayant envoyé au poteau d’exécution des tortionnaires de la dictature de Batista.

Pour pouvoir comprendre Ernesto Che Guevara, il faut plonger juqu’aux racines de ce continent latino-américain, pauvre et humilié. Cette prise de conscience s’est forgée chez le Che lors de son périple latino-américain, alors que régnaient sur le continent les dictatures des Trujillo, Somoza, Stroessner et Batista, installés par les Nord-Américains et leurs multinationales. Au Guatemala le jeune Guevara assiste, en 1954, au renversement du gouvernement progressiste de Jacobo Arbenz durement châtié, avec la CIA en sous-main.

Che marxiste, Che communiste, Che internationaliste écrira réellement son épopée révolutionnaire un peu plus tard à Mexico où il se lie d’amitiés avec les rebelles cubains et Raul Castro. Il rencontre - Fidel en pleine préparation d’un débarquement à Cuba. Une nuit durant les deux hommes discutent, ébauche d’une complicité future entre « frères d’armes ».

Ernesto s’embarque avec les hommes de Fidel sur le Granma. Cap sur Cuba. Il est le médecin de l’expédition et s’affirme comme un chef militaire. Il sera fait commandant. L’expédition du Granma est un échec, les douze survivants, parmi lesquels Fidel, Raul et Che, organisent une guérilla, bénéficient du soutien des paysans, puis des citadins, montent des coups spectaculaires, utilisent les médias. La révolution des « barbudos » est en marche.

Fin 1958, Ernesto sera à la tête de la colonne qui libère Santa Clara. Début 1959 il entre à La Havane avec Camilo Cienfuegos et prépare l’arrivée de Fidel. Che devient citoyen cubain, occupe les plus hautes fonctions de la révolution. Anticonformiste, il n’hésite pas à délaisser ses responsabilités successives pour dialoguer avec la population, couper la canne à sucre ou jouer aux échecs, son éternel béret orné d’une étoile vissé sur la tête.

Ambassadeur itinérant de Cuba, il prononce un plaidoyer devant les Nations unies, en faveur de la révolution et des peuples surexploités. En 1965, en accord avec Fidel Castro il décide d’abandonner toutes ses fonctions officielles. Ce qu’il veut c’est partir, allumer un foyer partout où un combat s’impose contre l’impérialisme. Il s’envole pour l’Afrique, se bat au Congo, revient après cet échec et prépare son expédition en Bolivie. Après onze mois de guérilla dans une région hostile, Che à la tête d’une poignée de guérilleros est capturé le 8 octobre 1967 lors d’une embuscade tendue par les rangers boliviens et des agents de la CIA dans le Quebrada del Churo, et exécuté le lendemain dans l’école du - village La Higuera. Pendant trente ans son corps et ceux de quelques-uns de ses compagnons seront enfouis dans une fosse commune sous la piste du petit aérodrome de Vallegrande.


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