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90 ans des Jeunesses Communistes - l'anniversaire de la plus ancienne organisation communiste en France (partie 6)

Nicolas Maury

Le Mouvement de la jeunesse communiste de France et les luttes des années 1956-1962

Toute perspective de large rassemblement sur le modèle de 1945 ou de 1936 semblant fort lointaine, l’U.J.R.F. disparaît en 1956 pour laisser la place au Mouvement de la jeunesse communiste de France (M.J.C.F.). Il est composé de quatre branches : l’Union de la jeunesse communiste de France, l’Union des jeunes filles de France, l’Union de la jeunesse agricole de France et l’Union des étudiants communistes de France. Cette dernière récupère le journal des étudiants du P.C.F., Clarté et connaît assez vite un succès notable : c’est de loin la première organisation politique à l’université. Son organe de presse, Clarté, est un outil prestigieux où de grands noms se sont illustrés. Il sert également de support pour l’organisation de rencontres culturelles de haut rang : Aragon, Sartre, Ehrenbourg défilent, parmi d’autres.

90 ans des Jeunesses Communistes - l'anniversaire de la plus ancienne organisation communiste en France (partie 6)
L’heure n’est pas qu’à la bataille culturelle et la J.C. est amenée à réagir face à de graves événements. En 1957, suite au réarmement allemand et à l’intégration de la République fédérale d’Allemagne (« Allemagne de l’Ouest ») dans l’O.T.A.N., un certain nombre d’anciens généraux de l’Allemagne nazie sont appelés à reprendre du service sous le casque atlantique. Parmi ceux-ci, le général Speidel, ancien chef d’état-major de Rommel, trouve vite une place de premier ordre dans l’Alliance atlantique. Tant et si bien qu’il a sous ses ordres certains jeunes communistes dont il a conduit à la mort les parents. Contre l’insupportable, la J.C. mène une importante campagne pour l’éviction de Speidel. La mobilisation permettra son déplacement.

La grande affaire de la période est toutefois ailleurs : c’est la guerre d’Algérie. 1956, avec l’envoi en Algérie du contingent, décidé par le socialiste Guy Mollet, est une date centrale pour la guerre d’Algérie. A partir de cette année-là, les « événements d’Algérie » concernent les centaines de milliers de jeunes mobilisés et envoyés combattre le peuple algérien en quête d’indépendance. L’U.J.R.F., dès 1955 avait pris une place centrale dans l’organisation du « mouvement des rappelés ». Les soldats, maintenus plus longtemps que prévu dans l’armée du fait de la guerre d’Algérie (« les rappelés »), voulaient rentrer chez eux une fois leur service terminé, nombre d’entre eux se sont révoltés et l’U.J.R.F. puis la J.C. ont animé ce mouvement touchant des dizaines de milliers de jeunes. Certains gestes, plus isolés mais particulièrement courageux furent le fait de jeunes communistes. Alban Liechti, jeune jardinier de la J.C., est ainsi le premier soldat français à avoir refusé de partir pour l’Algérie. En dépit d’une campagne de soutien de la J.C., il connaîtra la prison. La J.C. recommande toutefois de ne pas multiplier ces actes car elle estime plus efficace un jeune communiste qui, dans l’armée, exerce une influence réelle sur des dizaines voire des centaines d’autres soldats. Massivement, les jeunes communistes ont ainsi transmis, non sans péril, des tracts ou des journaux (L’Avant-Garde ou encore Soldat de France, journal clandestin des communistes à destination de l’armée) aux soldats du contingent. Hors de l’armée, les J.C. organisèrent de grandes manifestations dans les principales villes de France pendant les années du conflit. Ils participèrent également aux grandes manifestations de large rassemblement (souvent initiées par le Parti communiste français) réclamant la paix en Algérie. Là encore, les dangers n’étaient pas absents : le 8 février 1962, au niveau du métro Charonne, à Paris, on dénombra 8 morts parmi les manifestants, dont Daniel Féry un jeune communiste de 16 ans.

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