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90 ans des Jeunesses Communistes - l'anniversaire de la plus ancienne organisation communiste en France (partie 7)

Nicolas Maury

Les dures années 1960

Le temps est aux rudes combats mais l’unité n’est pas à l’ordre du jour. Les socialistes organisent la guerre ; les communistes la combattent. La nouveauté, c’est qu’émerge une toute petite force bien décidée à gagner en influence : le trotskisme. Pierre Frank, dirigeant d’un des courants trotskistes (Parti communiste internationaliste), envoie plusieurs jeunes (dont Alain Krivine et son frère jumeau Hubert Krivine) infiltrer, noyauter et prendre l’Union des étudiants communistes. Du fait de l’autonomie accrue donnée aux organisations de jeunesse par le Parti communiste français conduit par Waldeck Rochet, l’U.E.C. est noyautée assez vite et sans grande difficulté. Elle opte pour des positions différentes de celles du P.C.F. et reprend de plus en plus clairement les mots d’ordre du Parti communiste internationaliste. La dernière phase de l’entrisme arrive à maturité au milieu des années 1960.

90 ans des Jeunesses Communistes - l'anniversaire de la plus ancienne organisation communiste en France (partie 7)
L’inévitable se produit alors : sous la conduite de Roland Leroy, l’U.E.C. multiplie les exclusions. Exclus, les entristes crient à l’innocence et à l’injuste purge. Assez vite, ils créent la Jeunesse communiste révolutionnaire, qui donnera naissance, peu après, à la Ligue communiste révolutionnaire. J.C.R. et L.C.R. rassemblent peu d’adhérents et ne peuvent se mesurer à l’U.E.C. « survivante » mais celle-ci est extrêmement fragilisée, pour longtemps.

Dans le même temps, une fois la guerre d’Algérie finie, en 1962, la société de consommation naissante se tourne résolument vers les jeunes pour leur proposer Coca-Cola et twist. C’est le temps des « yé-yé ». Le M.J.C.F. cherche à être davantage en phase avec les jeunes et lance pour cela un magazine calqué sur le géant commercial vendu à plus d’un million d’exemplaire (Salut les copains), ce sera Nous les garçons et les filles (en lien avec la chanson de Françoise Hardy). Le premier numéro de N.G.F. sortira des presses : Jean-Paul Belmondo est à la une, avant Claude François, Richard Antony ou Johnny Hallyday… Cette ligne de conquête des jeunes sur une base de culture de consommation connaît un certain succès parmi les jeunes (près de 100 000 exemplaires sont vendus tous les mois) mais guère parmi les jeunes communistes qui ne disposent plus de leur journal de combat, L’Avant-Garde.

L’absence d’un journal politique, l’extrême faiblesse de l’U.E.C., la force médiatique de ses exclus plus anticommunistes que jamais, tout concourt à compliquer la tâche du M.J.C.F. pour Mai 68. Néanmoins, les jeunes communistes s’activent : dans les usines, dans les lycées, les universités, les J.C. ne se tournent pas les pouces. Ils font reparaître un numéro exceptionnel d’Avant-Garde, se battent pour des augmentations de salaires, de nouveaux droits pour les salariés. Bref, ils participent pleinement aux conquêtes majeures de Mai 68 mais, assurément, pas dans la position de force qui était la leur cinq ans plus tôt ou, a fortiori, dix ans plus tôt quand les J.C. étaient légion et presque seuls en pleine guerre d’Algérie.

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