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93 milliards d'euros c'est le montant du coût du capital

Perspective communiste

Rejettant la notion de surcoût du travail, la CGT s'attaque au surcoût du capital qui représenterait un poids de 93 milliards d'euros pour les entreprises et les salariés. La centrale estime que la trop forte et injustifiée rémunération du capital (via les intérêts et les dividendes) entrave le développement économique

La CGT ne veut plus entendre parler du "coût du travail". En revanche, elle veut sensibiliser les salariés au "cout du capital". Pour ce faire, la centrale syndicale va lancer en décembre une grande campagne sur ce sujet pour mobiliser les esprits contre "la pensée unique que les gouvernements et le patronat européens mettent en œuvre dans le seul but de réduire ce qu'ils appellent le coût du travail", selon les termes de Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT.

La CGT veut faire comprendre que le coût du travail n'est pas la principale raison des difficultés de l'économie française. Pour elle, "ce sont avant tout le manque d'investissements et de budgets de recherche, l'insuffisante rémunération des qualifications et la ponction financières des actionnaires" qui constituent les principaux obstacles à la croissance.

Le surcoût du capital représenterait 93 milliards d'euros

Et ce en raison "du coût du capital et de son surcoût". ce concept constitue le nouveau cheval de bataille de la CGT qui s'appuie pour ce faire sur une étude publiée par le Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé), une structure de recherches commune à l'Université Lille 1 et au CNRS, qui tend à démontrer que le " coût du capital " est surévalué en France. Selon l'étude, ce surcoût atteindrait 93 milliards d'euros qui pèsent sur les entreprises.

" L'acquisition des biens capitaux par les entreprises se « charge » ou « se surcharge » d'un coût financier qui est déterminé par les modalités d'approvisionnement des entreprises en capitaux liquides nécessaires au financement des ces acquisitions. Ce coût qui s'ajoute au coût réel du capital est formé concrètement de revenus prélevés sur l'entreprise - les intérêts et les dividendes - qui n'ont, en dehors du risque entrepreneurial, aucune justification économique. Ils relèvent pour une bonne part d'un phénomène de pure rente dont la société dans son ensemble aurait intérêt à se libérer (…). C'est cette part dispensable de la rente financière que nous qualifions de surcoût du capital ".

En d'autres termes, pour la CGT, ce surcoût, qui trouve son origine dans la "financiarisation de l'économie ", est constituée de la part de la rente financière qui pourrait être éliminée "sans dommage pour l'accumulation du capital productif ".

C'est le besoin de financer ce surcoût de capital qui, selon la CGT, pousse les entreprises à renoncer à des projets économiques susceptibles d'entraîner un retour sur investissements inférieurs à 15%.... Pas assez rémunérateurs. Toujours pour la CGT, c'est encore pour cette raison qu'un salarié " consacre maintenant 45 journées de travail à l'actionnaire, contre 12 jours en 1981".

Créer un indice du coût du capital

La centrale de Thierry Lepaon veut donc que le gouvernement prenne le coût du capital en considération. Constatant qu'il existe bien un indice du coût du travail, elle propose que soit mis en place un groupe de travail, sous l'égide du Conseil national de l'information statistiques (Cnis), pour élaborer "un indice du coût du capital, permettant de définir l'impact de la financiarisation sur le développement des entreprises, de l'emploi, des salaires, de la protection sociale et des services publics".

Thierry Lepaon réitère également sa demande au Président de la République d'organiser un débat contradictoire sur la répartition des richesses créées par le travail pour déterminer " quelle part va à la rémunération du travail, quelle part va à l'investissement, quelle part va à la rémunération du capital, quelle part va au financement des politiques d'intérêt général via l'impôt".

La CGT a donc trouvé son nouveau mantra. Elle veut même organiser une vaste journée d'action - qu'elle espère intersyndicale - sur ce sujet début 2014. Mais elle a conscience que, d'ici là, il faudra faire œuvre de pédagogie auprès des salariés pour expliquer le problème.


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