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A Marseille, le PCF lance sa campagne pour "en finir avec l’Europe de l’argent et construire l’Europe des gens"

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A Marseille, le PCF lance sa campagne pour «en finir avec l’Europe de l’argent et construire enfin l’Europe des gens»
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Libération.fr
Liberation.fr6 février 2019
A Marseille, le PCF lance sa campagne pour «en finir avec l’Europe de l’argent et construire enfin l’Europe des gens»
Au Dock des Suds à Marseille, mardi soir.
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Menée par Ian Brossat, la liste du Parti communiste pour les élections européennes se veut représentative de la société, avec l'espoir de replacer le parti au premier plan à gauche

La chauffeuse de salle ne cache pas sa joie. «On est victimes de notre succès, nous sommes trop nombreux, il va falloir libérer les allées et se mettre vers le fond !»

La consigne finit sous des applaudissements nourris : ce mardi soir à Marseille, le Parti communiste a fait le plein de ses troupes à l’occasion de la présentation de sa liste aux élections européennes. «L’Europe des gens, pas l’Europe de l’argent» : pour son lancement de campagne, le parti met surtout à l’honneur le casting de sa liste menée par Ian Brossat.

Une liste qui «ressemble à la société française», souligne à la tribune l’élu de Paris, entouré de quelques candidats : un chirurgien marseillais, un chauffeur routier, plusieurs ouvriers et syndicalistes, un enseignant… «Il y a des gilets jaunes, des cols bleus, des robes noires, des blouses blanches, toutes ces catégories sociales qui se lèvent depuis des mois pour exprimer leur colère. On a besoin de cette colère dans les urnes !» a expliqué la tête de liste avant d’entrer sur scène. Des militants communistes, «mais aussi un tiers qui ne sont pas membres du parti», souligne-t-il. Quelques «noms» plus médiatiques aussi, comme Maryam Madjidi, Prix Goncourt du premier roman 2017, Mamoudou Bassoum, ingénieur et champion d’Europe de taekwondo ou encore Lassana Bathily, le héros de l’Hyper Cacher.

La numéro 2 de la liste, Marie-Hélène Bourlard, n’est pas non plus une inconnue. Cette syndicaliste, ouvrière à la retraite d’une usine de confection de Villeurbanne, fut l’une des héroïnes du documentaire Merci Patron !, réalisé par François Ruffin. «J’ai toujours combattu et c’est une fierté d’être aux côtés de Ian et des camarades qui représentent la France d’aujourd’hui», explique sur scène celle qui entend bien porter «une autre voix» au Parlement européen : «On parle des lobbys, des banquiers. Et la voix des ouvriers là-dedans, qu’est-ce qu’elle a ? Rien !» Un «scandale», répond en écho à la tribune Ian Brossat, rappelant que sur plus de 700 députés à Strasbourg, «il n’y a que trois ouvriers et pas une seule femme». «Et dire qu’on se demande pourquoi les gens ne se reconnaissent pas dans la politique», raille-t-il encore. «C’est cela que nous avons envie de réparer avec cette liste.»

«Les valeurs que nous portons méritent de retrouver de l’influence»

Sur le fond, le PCF entend se poser en rassembleur des gauches face à l’Europe des banquiers, des lobbys. «Il est temps que l’Europe change de propriétaire, il est temps d’en finir avec l’Europe de l’argent et de construire enfin l’Europe des gens», plaide encore la tête de liste, pour qui «il n’y aurait rien de pire qu’un combat qui se limiterait aux libéraux d’une part et aux fachos d’autre part».

Et de rappeler que le Parti communiste est «la seule force de gauche à n’avoir jamais voté un seul de ces traités européens qui nous mettent dans la situation dans laquelle nous sommes». Une façon d’appeler les alliés potentiels, Benoît Hamon et Génération·s en tête, à reprendre les discussions en vue d’une alliance ? Si Ian Brossat assurait avant le meeting que «la porte était toujours ouverte», pas question pour le parti de passer à nouveau son tour sur cette élection. «Les valeurs que nous portons depuis longtemps méritent de retrouver de l’influence dans ce pays», glisse-t-il en conclusion. «Parce que ça fera du bien à tout le monde que le Parti communiste retrouve des couleurs. C’est aussi ça l’enjeu de ces élections européennes.»

Dans le fond de la salle, Patrick, un retraité de l’enseignement, applaudit des deux mains. «J’ai assez mal pris qu’on n’aille pas à la présidentielle», confie ce militant communiste de la première heure. «J’avais besoin que l’on tape un peu du poing sur la table, pour dire qu’on existe. Et tant pis pour les autres partis de gauche qui n’ont pas voulu d’accord !» Florian, secrétaire de section du Xe arrondissement de Marseille, y voit même un atout : «Dans notre congrès, on avait dit qu’on ferait une liste de rassemblement. On ne l’a pas fait par le haut via les partis, alors on l’a fait par le bas. Le fait de ne pas avoir trouvé d’accord nous a obligés à sortir de nos rangs et finalement, ce n’est pas une mauvaise chose.»

Peut-être, mais les discussions avec les autres partis se poursuivent. La condition du rassemblement ? Que Ian Brossat mène la liste. En attendant, l’adjoint au maire de paris, sûr de ses forces malgré des sondages qui ne décollent pas du sol, prévient : «Nous tendrons la main jusqu’au bout. Mais aujourd’hui, nous sommes en campagne. On est à cent jours de l’élection, là il faut y aller !»

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