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ANTHONY CAILLÉ (CGT Police) :« L’AFFAIRE BENALLA PORTE ATTEINTE AUX VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE »

Perspective communiste

L’un des collaborateurs de l’Élysée, Alexandre Benalla, a été identifié sur une vidéo tournée lors des manifestations du 1er mai dans laquelle il frappe l’un des participants, équipé d’un casque des forces de l’ordre et entouré de CRS. Avant qu’une enquête soit ouverte après la sortie de l’affaire dans la presse, ce membre de l’équipe présidentielle n’avait écopé que de quinze jours de suspensions. Entretien avec Anthony Caillé, le secrétaire général de la CGT-Police Île-de-France

Comment réagissez-vous à cette affaire Benalla ?

Anthony Caillé
: Nous sommes outrés que l’on puisse faire intervenir de cette façon particulièrement illégitime un conseiller de la présidence de la République sans aucun titre particulier, ni aucun rôle officiel dans des opérations de maintien de l’ordre, qui plus est équipé avec du matériel de police. La grande question, c’est : pourquoi le pouvoir politique envoie un émissaire en plein milieu d’une opération de maintien de l’ordre ? C’est du délire. Nous avons adressé un courrier au ministre pour lui demander comment une telle situation a pu être possible. C’est l’exécutif tout entier qui engage sa responsabilité dans cette affaire si une enquête sérieuse et des sanctions proportionnées à la gravité des faits devaient ne pas être mises en œuvre.

Pourquoi estimez-vous que les valeurs de la République sont en cause ?

Anthony Caillé
: L’implication d’Alexandre Benalla dans cette opération de maintien de l’ordre et avec un tel usage de la violence porte atteinte aux valeurs de notre République et nui gravement à l'image de la Police nationale. Ces actes, même du fait d’un policier, ne sont pas tolérables et sont condamnables. Aucune violence ne saurait être légitime ou légale. Ce n’est pas comme cela que l’on procède sur une manifestation sociale. Laisser faire ce genre d’exaction alors que l’image de la police est déjà ternie et que nombre de policiers essaient de faire leur boulot le mieux possible, c’est catastrophique et cela met en péril l’équilibre de nos institutions. En outre, cela traduit une collusion très forte entre ces personnages, conseillers de Macron, et la Police nationale. La révélation des conditions dans lesquelles ce grave débordement a pu se produire est indispensable.

Le fait qu’Alexandre Benalla n’ait été que peu sanctionné, sans enquête ouverte avant les révélations dans la presse, témoigne-t-il d’une certaine impunité ?

Anthony Caillé
: On est tristement habitué à ce genre de réaction. Plus les hiérarques font de conneries et moins ils sont punis. En règle générale, j’appelle cela la purge vers le haut : quand un haut gradé de la Police nationale ou un hiérarque commet ce genre de chose, on l’envoie dans un service ailleurs et on lui donne le galon supérieur. Je ne suis pas étonné, c’est ce qui se passe régulièrement.

L'Humanité


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