APPEL
Nicolas Maury
CE QUE NOUS ATTENDONS DE L’EUROPE !
Francis Wurtz, député européen communiste (PCF), président du groupe de la Gauche unitaire européenne au Parlement européen (GUE-NGL), présente un appel sur le Liban et la Palestine en direction de l'Union Européenne pour qu'il soit signé le plus largement possible.
Au Liban comme en Palestine, l’armée israélienne – et, à travers elle, les forces les plus dangereuses qui détiennent le pouvoir aux Etats-Unis – mènent une guerre aux conséquences dévastatrices pour les peuples concernés et, au-delà, pour l’avenir du monde. Cette guerre – ainsi que les militaires israéliens le reconnaissent eux-mêmes – était programmée de longue date. Condoleezza Rice ne dit pas autre chose en osant assimiler les souffrances des Libanais aux « douleurs de l’enfantement du nouveau Moyen-Orient ». L’Europe peut-elle accepter une telle « construction » sur les cadavres des victimes innocentes et les ruines des villes et des infrastructures qu’elle a elle-même, parfois, contribué à édifier ?
L’Europe peut-elle accepter le torpillage systématique des tentatives d’intégration dans des structures démocratiques d’organisations armées portées au pouvoir par le suffrage universel ? Peut-elle accepter qu’un châtiment collectif soit infligé aux peuples qui n’entendent pas se plier à cette prétention dominatrice ? Peut-elle accepter l’enlèvement et l’emprisonnement de 40 ministres et parlementaires palestiniens, démocratiquement élus, parmi lesquels le président du Conseil législatif lui-même dont le mauvais traitement a nécessité l’hospitalisation d’urgence ! Peut-elle accepter qu’un Etat puisse impunément violer toutes les résolutions du Conseil de Sécurité le concernant et afficher son mépris de l’ONU au point de « viser délibérément » - selon les termes de Kofi Annan – et de tuer des observateurs de la force internationale de maintien de la paix ? Peut-elle accepter de se laisser paralyser au point de ne pouvoir exiger un cessez le feu immédiat et inconditionnel après plusieurs semaines d’un conflit aussi acharné ? L’Europe peut-elle, en un mot, accepter sans réagir le retour à un ordre mondial qui institue le recours à la guerre comme instrument de règlement de conflit.
Ne laissons pas se développer une stratégie dont le fiasco américain en Irak montre dans quelle dramatique impasse elle peut conduire le monde ! Ne laissons pas le 21ème Siècle devenir celui de la guerre entre les civilisations ! L’Europe est placée, à cet égard, face à des responsabilités historiques. Celles des Chefs d’Etats et de gouvernement européens vont très au-delà de leur engagement présent ! Ce que nous attendons d’eux, c’est :
• L’appel à un cessez-le-feu immédiat et sans condition, tant au Liban qu’en Palestine, au retrait de l’armée israélienne sur la « ligne bleue », à la levée du blocus imposé à ces deux peuples, ainsi qu’à l’aide au retour dans leur foyer des personnes déplacées en raison des combats ;
• Une condamnation claire – au nom du droit, égal pour tous – de la guerre menée par Israël contre le peuple libanais comme contre le peuple palestinien et des crimes de guerre tel celui perpétré à Cana ;
• Un appel à ouvrir des discussions sur l’échange des prisonniers entre le Liban et Israël, dans le cadre des Conventions de Genève, comme l’a demandé le gouvernement libanais, et à l’arrêt durable des tirs de roquettes du Hezbollah sur Israël ; et parallèlement à accepter la proposition de dialogue du Président palestinien, Mahmoud Abbas, en vue de la libération des « prisonniers de guerre » détenus par Israël ainsi que de celle du soldat israélien capturé par les palestiniens, et en vue de mettre fin aux tirs de missiles de Gaza sur Israël ;
• Des précisions sur la nature du mandat confié à la force internationale sous l’égide de l’ONU envisagée au Sud Liban, qui ne doit en aucun cas se transformer à son tour en force d’agression, et doit être déployée des deux côtés de la frontière : la sécurité est un droit inaliénable pour tous les peuples de la région ! La pleine application de la résolution 1559 exige, quant à elle, un contexte régional apaisé, dans lequel toutes les décisions des Nations unies sont prises en considération.
• Un rappel de l’ensemble du droit onusien sur le conflit israélo-arabe, afin de placer chacune de ses dispositions particulières dans son contexte global ;
• La demande de l’ouverture de négociations sur cette base, et sous l’égide des Nations Unies, avec la participation de tous les pays et Autorités de la région ;
• Une renonciation solennelle à tout recours à la guerre comme moyen de régler les conflits à venir.
Nous appelons quiconque en accord avec ces principes à se joindre à notre appel, car nous voulons encore croire à un partenariat euro-méditerranéen fondé sur la générosité, le co-développement, le partage des cultures et au rôle de l’Europe pour un monde de paix.
(Les signatures sont à adresser à : Francis WURTZ
Président du groupe de la Gauche unitaire européenne au Parlement européen
francis.wurtz@europarl.europa.eu )