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Algrange, îlot communiste dans l'océan bleu du Grand-Est

Perspective communiste

Le maire d'Algrange Patrick Peron est la tête de liste du Front de gauche dans la nouvelle région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine. Cette ville de 6.000 habitants est l’un des derniers bastions du Parti communiste dans le bassin sidérurgique lorrain

À 58 ans, l’ancien sidérurgiste Patrick Peron tente de relever le principal défi de sa carrière politique. Il a été choisi comme chef de file du Front de gauche dans la nouvelle région du Grand-Est (Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine) grâce à son expérience de maire d’Algrange depuis 2008. Cette petite ville de 6.000 habitants, située dans la vallée de la Fensch au nord-ouest de la Moselle, est l’un des derniers bastions du Parti communiste français (PCF) en Lorraine, où le parti a dirigé des villes minières dès 1923. Une longue tradition qui demeure aujourd’hui, malgré le déclin de l’activité industrielle et le chant des sirènes du Front national.

Après la fermeture des quatre mines de fer d’Algrange et la perte de ses 5.000 emplois dans les années 1980, les Algrangeois se sont, pour beaucoup, tournés vers le travail transfrontalier avec le Luxembourg voisin, où travaillent aujourd’hui plus de 70.000 Lorrains. Le PCF est cependant resté au pouvoir dans la ville depuis 1977, à l’exception d’une parenthèse entre 2001 et 2008. D’après Patrick Peron, "la mobilisation militante à Algrange est à la hausse depuis 2008".

Des bastions communistes qui demeurent

Dix-neuf maires communistes sortants sur vingt-deux ont été réélus lors des dernières élections municipales. Pour les départementales de mars 2015, le Front de gauche a remporté quatre cantons dans le nord de la région.

La plupart de ces bastions communistes se situent autour de l'ancien bassin sidérurgique au nord de la Meurthe-et-Moselle. "C'est une zone qui a reçu une forte immigration italienne, mais aussi espagnole et polonaise, qui a transmis une culture de gauche, en créant presque une contre-culture", précise Étienne Criqui, politologue à l’université de Lorraine. Selon lui, ces municipalités résistent à la montée de la droite et de l’extrême droite "grâce à la popularité de leurs maires et à leur capacité à gérer de manière consensuelle".

Le Front national, "son principal concurrent"

Si avant le PCF subissait une déperdition de ses électeurs vers le Parti socialiste, "maintenant la concurrence la plus forte est celle du Front national", relève Etienne Criqui. Le parti de Marine Le Pen a mis un premier pied sur ce territoire en 2014 en remportant la mairie d’Hayange avec l’ancien cégétiste Fabien Engelmann. Il ne s’agit pas d’un passage des militants du communisme à l’extrême droite, mais d’un "terreau favorable au FN avec un électorat ouvrier et délaissé. Comme dans le nord de la France, ce parti progresse sur des territoires touchés par la crise industrielle", explique Etienne Criqui.

"Il y a des chômeurs et des retraités qui disent qu’ils vont voter FN, affirme avec inquiétude Patrick Peron, on leur demande pourquoi et ils répondent seulement : 'On en a ras-le-bol'." Il accuse le frontiste Florian Philippot, également chef de file dans la nouvelle région, de ne "rien connaître" au territoire et de passer toute ses journées à Paris sur les plateaux de télévision. Patrick Peron sillonne ce nouveau territoire en menant campagne sur les thèmes de la désindustrialisation, des luttes sociales et des conditions de vie des étudiants.

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