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Allemagne: 1er congrès de Die Linke

Perspective communiste

Le parti de la gauche Die Linke, dopé par ses succès électoraux, a lancé un message clair ce week-end lors de son premier congrès un an après sa création: la politique en Allemagne ne se fera plus sans lui

Un peu plus d'un an avant les législatives de 2009, Die Linke, le parti de la gauche radicale créé en juin 2007, se prépare à accroître son influence sur la politique allemande.

"Le vent de l'Histoire souffle dans nos voiles!": le chef charismatique du parti Oskar Lafontaine, ancien patron des sociaux-démocrates (SPD) qu'il a quitté en dénonçant leurs réformes économiques, a délivré samedi un discours conquérant qui résumait bien l'ambiance régnant parmi les 562 délégués réunis à Cottbus, à 100 km au sud-est de Berlin. Die Linke (La Gauche), né en juin 2007 de l'union des communistes de l'Est (PDS ex-SED) et des radicaux de l'Ouest du petit mouvement WASG, est désormais la 3e formation d'Allemagne en nombre d'élus et d'adhérents (73.455 fin avril), devant les Verts et les Libéraux du FDP. Entrée récemment dans quatre parlements à l'Ouest (Brême, Hesse, Basse-Saxe et Hambourg), elle a modifié la donne fédérale et imposé son thème cher de justice sociale, dans un contexte d'inégalités croissantes. Le parti, qui se nourrit du vote protestataire, siège aujourd'hui dans 10 des 16 Länder allemands et les sondages le créditent de 14% des voix aux législatives de 2009.

A la tribune, dans un décor tout de rouge, la couleur de Die Linke, Lafontaine a promis à ses troupes de "changer la politique". "Les autres reprennent déjà nos propositions (...) Soyons un parti qui ose aller contre l'esprit du temps!", a-t-il lancé, en citant Marx, Engels, Rosa Luxembourg et Mikhaïl Gorbatchev. Les délégués ont posé les jalons d'un programme, à défaut d'en adopter un, une question renvoyée à 2009. Ils ont voté une motion de la direction prônant d'injecter 50 milliards d'euros de plus par an dans la santé, l'éducation, l'environnement et les services publics - "pour un monde meilleur". Et fustigé le "système capitaliste" qui écrase "la majorité" ou cette Union européenne "qui travaille pour les patrons".

Les deux co-présidents Lafontaine et Lothar Bisky, confirmés à ces fonctions, ont clamé leur "fierté" que Die Linke, allié du SPD au sein du gouvernement régional berlinois, ait obtenu vendredi du maire de Berlin Klaus Wowereit (SPD) qu'il s'abstienne lors du vote de ratification du Traité de Lisbonne au parlement. Prônant la fin de l'engagement allemand en Afghanistan et la sortie de l'Otan, Die Linke a aussi fait du pacifisme l'un de ses leit-motivs.

De fait, Die Linke prône à rebours des autres partis la sortie de l'Otan et le retrait des troupes allemandes d'Afghanistan. Il réclame des nationalisations, voire des re-nationalisations.

Au menu samedi figurait une motion de la direction du parti prônant 50 milliards d'investissements supplémentaires par an dans les secteurs de la santé, l'éducation, l'environnement et les services publics - pour "un monde meilleur".

Die Linke recouvre une multitude de courants tels que la plate-forme communiste, le forum du socialisme démocratique, le mouvement en faveur des femmes ou antifasciste. Un an après la fusion entre le WASG et le PDS, les membres des deux formations continuent à s'observer avec une certaine méfiance. "Deux partis se sont trouvés, mais ils ne sont pas encore unis", a souligné Gregor Gysi, coprésident du groupe parlementaire Die Linke au Bundestag. Oskar Lafontaine, coprésident charismatique de Die Linke suscite des grincements de dents parmi les délégués de l'Est. même si les délégués ont chaudement applaudi son discours aux accents marxistes samedi, ils lui ont lancé un avertissement en lui octroyant seulement 78,5 % des voix, soit presque 10 % de moins qu'en juin 2007. Lothar Bisky (PDS ex-SED), également coprésident, a obtenu 81,3 % des voix.


Commentaires (2)
1. jacques Tourtaux le 27/05/2008 09:34
Gorbatchev n'a rien à faire aux côtés d'authentiques communistes comme Marx, Engels et Rosa Luxembourg.

Jacques Tourtaux
2. jacques Tourtaux le 27/05/2008 17:51
Je ne vois pas ce que Gorbadchev vient faire aux côtés d'authentiques communistes comme Marx, Engels et Rosa Luxembourg.
Jacques Tourtaux
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