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Allemagne : la pauvreté des enfants atteint des records

Perspective communiste

Il y a cinq ans, Peter Hartz, alors directeur du personnel de Volkswagen, présentait au chancelier social-démocrate Gerhard Schröder un plan censé permettre de « moderniser le marché du travail » et de « diviser le chômage par deux ».

Allemagne : la pauvreté des enfants atteint des records
Entrée en vigueur en janvier 2005, sa principale disposition, baptisée Hartz IV, consiste à réduire à douze mois (contre trente-deux auparavant) la période de versement des allocations de chômage. Au-delà, les chômeurs de longue durée reçoivent une indemnité mensuelle réduite (actuellement 347 euros pour une personne seule).

Selon les chiffres officiels de l'Agence fédérale pour le travail, la pauvreté est devenue le quotidien de millions d'Allemands. Ainsi 7,4 millions de personnes vivent des aides sociales. Et si la misère engendre nombre de drames, la situation faite aux enfants émeut particulièrement l'opinion publique. Un rapport récent de l'institut brêmois BIAJ indique en effet que plus de 1,9 million d'enfants vivent dans des familles dites Hartz IV, soit 17 % des enfants d'Allemagne.

Les mesures Hartz IV prévoient le versement d'une allocation de 278 euros pour un mineur de plus de 14 ans, et de 208 euros en dessous. L'État a même calculé un budget-type : pour un enfant, le petit-déjeuner est estimé à 0,59 euro, et chacun de deux repas quotidien à 1,06 euro. Alors qu'un repas dans une cantine scolaire coûte en moyenne 2,5 euros ! Même si on y ajoute les allocations familiales (145 euros par enfant) et la majoration octroyée aux familles les plus pauvres (140 euros par enfant), cela est nettement insuffisant pour vivre décemment. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que de plus en plus d'enfants arrivent à l'école sans avoir déjeuné ou ne peuvent pas se payer la cantine.

L'Allemagne est un pays très riche. On n'y meurt pas encore de faim. Mais depuis une dizaine d'années la misère s'y est accrue à un rythme rapide. Cela est dû aux multiples attaques patronales (licenciements massifs, baisse des salaires... ) mais également à la politique gouvernementale qui a accompagné cette offensive, afin d'abaisser le « coût du travail ». Et dans cette politique le Parti Social-Démocrate (SPD) porte une responsabilité écrasante.

Aujourd'hui Peter Hartz a disparu de la vie publique, emporté par un sordide scandale de corruption. Quant à Schröder, après avoir été désavoué lors des élections de 2005, il s'est reconverti dans les affaires. Le SPD a ainsi largement contribué à enfoncer toute une partie de la classe ouvrière allemande dans la misère. Et il est prêt à continuer. Au sein de l'actuel gouvernement composé de représentants de la droite et du Parti Social-Démocrate, Wolfgang Clement, le ministre social-démocrate du Travail, ne vient-il pas d'afficher tout son mépris des pauvres, en déclarant que les réformes Hartz ont « changé les mentalités en Allemagne. On vit aujourd'hui beaucoup moins dans l'idée que l'État peut tout financer ».


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