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Angela Davis félicite le CPUSA pour son histoire centenaire «de luttes militantes»

Perspective communiste

Message fraternel d'Angela Davis aux militant.e.s du Parti Communiste des Etats-Unis d'Amérique (CPUSA) et salut au rôle historique qu'à jouer le CPUSA dans le mouvement de libération des afro-américain.e.s - traduction Nico Maury



Cher.e.s camarades,

Je me joins à vous pour célébrer le Parti communiste américain et son histoire centenaire de luttes militantes pour la démocratie ouvrière, la justice raciale, sexuelle, environnementale et pour le socialisme, seul avenir viable de notre pays et de la planète. Je suis fière d'avoir passé beaucoup de mes années de formation dans cette organisation et d'avoir bénéficié de sa présence novatrice et de son leadership dans des campagnes antiracistes et pour défendre la classe ouvrière.

Après des tentatives persistantes pour occulter le rôle historique du parti et celui d'organisations telles que le Southern Negro Youth Congress dans l'organisation des travailleurs de l'industrie, des métayers du sud, il est de plus en plus évident que ces travaux ont contribué à créer un terrain politique propice aux luttes contre Jim Crow (dont les lois ont instauré la ségrégation raciale aux États-Unis). Les jeunes chercheurs qui se sont dégagés des influences persistantes du maccarthysme découvrent maintenant les contributions inestimables des communistes.

Ayant visité la tombe de Claudia Jones * - juste à côté de celle de Karl Marx - dans le cimetière de Highgate, je suis particulièrement heureuse que ses idées aient maintenant été intégrées à de nombreuses histoires du féminisme noir américain. «La fin de la négligence dans les problèmes de la femme noire», publié pour la première fois dans le Political Affairs (journal du CPUSA) en août 1948, apparaît maintenant dans de nombreuses anthologies et est considéré comme un texte historique fondamental. Il existe de nombreux autres exemples, y compris la superbe interview d’Esther Cooper *, qui a maintenant 103 ans, puis une dirigeante du SNYC (Southern Negro Youth Congress), engagée pour dénoncer le viol collectif de Recy Taylor en 1944 à Abbeville, en Alabama.

C'est un moment périlleux: les syndicats sont attaqués, les agressions racistes et les violences antisémites se multiplient, des candidats d'extrême droite ont été élus aux États-Unis, au Brésil, aux Philippines , en Israël et dans d'autres pays. Dans le même temps, l'opposition aux suprématistes, à la violence policière, à la misogynie et à l'accumulation de richesses par le capitalisme dans le monde augmente. Avec son histoire de lutte séculaire, le Parti communiste est bien placé pour offrir une expertise, une expérience et des analyses marxistes qui aideront les mouvements de résistance à se développer et à se renforcer. Enfin, nous devons vaincre l'administration Trump en 2020 ! Je vous souhaite du succès dans les travaux de la convention.

En solidarité,

Angela Y. Davis

Notes :

* Claudia Jones (1915-1964) : Militante communiste, membre du CPUSA, défenseure du droit des afro-américain.e.s. Elle écrit un article fondateur du féminisme afro-américain «La fin de la négligence dans les problèmes de la femme noire» :

« La bourgeoisie a peur du militantisme de la femme Noire, et elle a de bonnes raisons d'avoir peur. Les capitalistes savent, mieux que de nombreux progressistes, qu'une fois que les femmes Noires commencent à prendre des mesures, le militantisme de tout le peuple noir, et donc de la coalition anti-impérialiste, est grandement améliorée.

Historiquement, les femmes Noires ont été les gardiennes, les protectrices, de la famille Noire... En tant que mère, que Noire, et que travailleuse, la femme noire se bat contre l'éradication de la famille des Noires, contre l'existence des ghettos de Jim Crow qui détruisent la santé, le moral et de nombreuses vies de ses sœurs, frères et enfants.

Vu sous cet angle, ce n'est pas par hasard que la bourgeoisie américaine a intensifié son oppression, pas seulement contre le peuple Noir en général, mais contre les femmes Noires en particulier. Rien n'est autant exposé à la volonté de fascisation (sic) dans la nation que l'attitude impitoyable que la bourgeoisie affiche et cultive envers les femmes Noires. »


* Esther Cooper Jackson (née en 1917) : militante afro-américaine des droits civils, rédactrice en chef du Freedomways un journal politique, artistique et intellectuel d’influence mondiale, précurseur du "Black Arts Movement".


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