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Argentine: l'ex-dictateur Jorge Videla est mort

Perspective communiste

L'ancien dictateur argentin et idéologue du terrorisme d'Etat avec le plan Condor, Jorge Videla, est mort vendredi matin à l'âge de 87 ans, selon plusieurs chaînes de télévision

Condamné à la prison à perpétuité pour la répression sanglante durant sa présidence (1976-1981), l'ancien général était incarcéré dans une prison près de Buenos Aires. Il est mort dans un hôpital de Buenos Aires où il avait été admis en urgence. Retour sur le destin de cet organisateur zélé du plan Condor qu'il a méticuleusement appliqué, à travers le récit des trois procès historiques qui l'ont fait tomber.



24 décembre 2010. Videla enfin condamné
En quelques secondes, et finalement pour toujours, les corps de 31 desaparecidos de la dictature Argentine (1976-1983) ont réapparu. En prononçant la sentence de prison à vie contre Jorge Videla, l’ex-général de la première junte militaire, le tribunal fédéral de Cordoba (centre) a balayé, mercredi, plus de trente ans d’impunité. Dans le box des accusés, à côté de l’idéologue du terrorisme d’État, désormais âgé de quatre-vingt-cinq ans, 29 autres officiels du régime devaient répondre des chefs d’inculpation de meurtres, tortures et enlèvements. L’ex-général Luciano Menendez a lui aussi écopé de la perpétuité pour crimes de lèse-humanité.

Une peine enterrée par deux fois

Jusqu’à présent, Videla s’est vautré dans la bienveillance politique dont il a pu jouir. En 1985, il avait déjà été condamné à la perpétuité, lors du retentissant procès de 9 militaires de la junte, impulsé sous la présidence de Raul Alfonsin, soucieux de solder les années de plomb qui ont fait près de 30 000 disparus, torturés ou jetés vivants depuis «les vols de la mort». Une peine aussitôt enterrée par deux lois – «devoir d’obéissance» et «punto final» – dictées, en 1986 et 1987, sous la pression des hauts gradés. À ces symboles du déni de vérité et de justice des crimes de la dictature, l’ex-chef d’État Carlos Menem y apposera, en 1990, la grâce présidentielle. Ce n’est qu’en 2007 que cette dernière sera déclarée anticonstitutionnelle par la Cour suprême à la suite de l’abrogation, deux ans plus tôt, des lois d’amnistie. Jorge Videla avait néanmoins été placé en arrêt domiciliaire depuis 1998 avant d’être transféré dans une prison militaire en 2008 pour deux autres sinistres affaires: le «butin de guerre», ces bébés volés à des opposantes, par la suite tuées, que l’on offrait à des familles de confiance du régime, ou encore pour sa participation au plan Condor, une multinationale du crime dirigée par les dictateurs de l’époque (Chili, Bolivie, Brésil, Uruguay, Paraguay) afin d’exterminer les «subversifs» de l’Amérique, avec la coopération de la CIA.

Videla justifie tout

Durant le procès de Cordoba, Videla a tout justifié, assumant «pleinement (ses) responsabilités». «Mes subordonnés se sont contentés d’obéir à des ordres», a-t-il affirmé. À l’image de l’ex-dictateur uruguayen Gregorio Alvarez, qui a nié l’existence de violations de droits de l’homme dans son pays, le bourreau argentin a affiché un mépris insondable, en légitimant ses actes. «Je ne veux pas parler de sale guerre, a-t-il osé. Je préfère parler d’une guerre juste qui n’est pas encore finie.» Défendant sa barbarie, au nom de «l’honneur de la victoire dans la guerre contre la subversion marxiste», Videla s’est même payé le luxe de renier le tribunal qui, d’après lui, «manque de compétence et de juridiction pour (le) juger», au prétexte de son rang et «des faits de guerre» reprochés.

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