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Arrestation de Gerry Adams, leader du Sinn Féin, en Irlande occupée

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L'arrestation du dirigeant républicain nord-irlandais et ancien chef de la branche politique de l'Ira Gerry Adams, interrogé par la police dans le cadre d'une enquête sur un meurtre commis en 1972, a provoqué jeudi de vives réactions en Irlande du Nord et en Grande-Bretagne

Le Sinn Féin, principal parti réublicain d'Irlande du Nord, a déclaré que Gerry Adams était entendu dans le cadre de l'enquête sur l'enlèvement et la mort de Jean McConville, que l'Ira (Armée républicaine irlandaise) reconnaît avoir tuée en 1972. Le dirigeant républicain nord-irlandais, âgé de 65 ans, peut être interrogé par la police pendant 48 heures - soit jusqu'à 19h00 GMT vendredi - avant qu'un juge ne se prononce sur la poursuite ou non de sa garde à vue.

Dans un communiqué, le leader du Sinn Féin, qui a toujours nié avoir appartenu à l'organisation clandestine armée, se dit "totalement innocent".
"Je crois que le meurtre de Jean McConville et l'inhumation de son corps dans un endroit tenu secret ont constitué une erreur et une grave injustice à son encontre et à l'encontre de sa famille", ajoute Gerry Adams. "Des allégations malveillantes et bien médiatisées ont été portées contre moi. Je les rejette."

L'enquête sur le meurtre a été relancée par la publication d'une série d'interviews d'anciens combattants du conflit nord-irlandais au Boston College. La police nord-irlandaise a demandé à l'université privée américaine de lui fournir le témoignage d'une ancienne membre de l'Ira, Dolours Price, à la suite de son décès l'an dernier. Joe Rice, un avocat de Belfast qui a défendu plusieurs dirigeants républicains au cours des 30 dernières années, s'est étonné de l'arrestation de Gerry Adams sur la base d'éléments d'enquête qui ont, selon lui, une "valeur probante" mais peuvent difficilement être retenus comme preuve par la justice. Il a ajouté que le leader du Sinn Féin s'était présenté de son plein gré au commissariat.

Arrestation de Gerry Adams, leader du  Sinn Féin, en Irlande occupée
"Ses avocats ont l'air surpris qu'il ait passé la nuit en détention. Il me semble que cela devait être un interrogatoire programmé et, d'après ce que je comprends, il n'y avait pas de raison de l'arrêter", a-t-il dit.

Cette initiative a été vivement critiquée par le vice-Premier ministre nord-irlandais Martin McGuiness, lui-même ancien chef militaire de l'Ira, qui a accusé des "forces de l'ombre" au sein de la police nord-irlandaise de chercher à peser sur le résultat des élections européennes et irlandaises du 23 mai.

Gerry Adams, qui fait campagne pour les candidats du Sinn Féin, avait lui-même laissé entendre avant son audition par la police que le moment choisi pour relancer l'enquête n'était peut-être pas dénué d'arrière-pensées politiques.

"J'ai des questions sur le moment (de cet interrogatoire) en plein milieu d'une élection", avait-t-il dit à la chaîne de télévision irlandaise RTE. Ces accusations ont été rejetées aussi bien par le Premier ministre nord-irlandais, Peter Robinson, que par son homologue britannique, David Cameron. "La justice est indépendante. Il n'y a eu aucune ingérence politique dans cette affaire", a déclaré jeudi David Cameron à la chaîne de télévision Sky.

En tant que chef du Sinn Féin, vitrine politique de l'Ira, Gerry Adams était un paria dans la Grande-Bretagne des années 1980, où il était banni d'antenne. Il a été ensuite l'un des artisans des accords de paix du Vendredi-Saint de 1998 qui ont mis fin pour l'essentiel à trente années de violence entre les républicains catholiques favorables au rattachement à l'Irlande et les unionistes protestants, partisans du maintien de l'Irlande du Nord dans le giron britannique.

Depuis, Gerry Adams a vu grandir sa stature de responsable politique. Il se rend régulièrement à la Maison blanche et faisait partie des invités d'honneur aux funérailles de l'ancien président sud-africain Nelson Mandela.

La fragile paix nord-irlandaise a été secouée par plusieurs enquêtes sur des crimes anciens ces dernières années. Certaines d'entre elles, visant des militants pro-britanniques, sont largement considérées comme l'élément déclencheur des violences de rue qui ont eu lieu en 2013 dans la province, les pires depuis des années.


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