Aubervilliers, la grande manip'
Nicolas Maury
La visite de Rama Yade s’inscrit dans une longue série de manipulations et de provocations dont la Seine-Saint-Denis est devenue le théâtre depuis la visite de Nicolas Sarkozy à La Courneuve en juin 2005.
Elle a beau se défendre de toute arrière-pensée « politicienne », on a du mal à croire à la spontanéité d’une subite virée de la secrétaire d’État à Aubervilliers après l’évacuation d’un camp de demandeurs de logement à Aubervilliers pour tirer à boulets rouges sur la municipalité communiste. Même le prétendu recadrage de Matignon, qui a fait savoir qu’« à l’avenir, ce type de démarche devrait faire l’objet d’une concertation avec ses collègues du gouvernement », ne convainc pas. D’abord parce que l’on a peine à croire que cette membre de la garde rapprochée du président de la République ait pris ce genre d’initiative sans en référer, même de manière informelle, au plus haut niveau. D’ailleurs, dans cette affaire, le silence de l’Élysée, pourtant prompt à bombarder les rédactions de dizaines de communiqués par semaine sur les moindres événements, en dit long. Parce que les policiers et CRS qui ont procédé à l’évacuation avec une brutalité inouïe et choquante sont placés sous la responsabilité du préfet, donc de l’État. Donc du gouvernement auquel appartient Rama Yade. Si les municipalités commandaient aux forces de l’ordre, ça se saurait.
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