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Bolivie : La gauche sort divisée du 10ème congrès du MAS-IPSP

Perspective communiste

Rien ne va plus au sein du Mouvement Au Socialisme.

La Cour constitutionnelle de Santa Cruz a interdit au 10ᵉ congrès du MAS-IPSP de conclure ses travaux. La division entre les partisans d'Evo Morales et ceux de Luis Arce semble être consommée.

Article et traduction Nico Maury

Le 10ᵉ congrès du Mouvement pour le socialisme (MAS) s'est déroulé dans la ville bolivienne de Lauca ñ. Il a marqué la semaine dernière la rupture définitive entre l'aile "radicale" organisée autour de l'ex-président Evo Morales (2006-2019) et le camp "réformateur" organisée autour du chef de l'État Luis Arce.

Evo Morales est reconduit à la tête du MAS-IPSP et est nommé comme candidat du mouvement pour les élections présidentielles de 2025. Au même moment, Luis Arce, son Vice-Président David Choquehuanca et une vingtaine d'autres élus du MAS-IPSP ont été exclus. La raison officielle avancée est qu'ils ont boycotté le congrès et ont rejeté la légitimité de ce dernier.

Depuis plusieurs mois, une fracture est apparue au sein du MAS. Les partisans de Morales accusaient les partisans d'Arce de s'écarter du programme du parti, de violer les décisions et de représenter des positions de droite et, pour 2025, menaçaient d'interdire le MAS aux élections.

En réalité, la division porte sur la candidature d'Evo Morales en 2025. Selon un accord de 2019, suite au coup d'État de la droite, Luis Arce devait redonner la main à Evo Morales. Ce que Luis Arce rejette.

Arce et Choquehuanca ont contesté la légitimité de la conférence de Lauca ñ et de toutes les décisions qui y ont été prises. Les partisans du camp gouvernemental, à travers l'organisation de femmes rurales Bartolina Sisa se sont même adressés à la première Cour constitutionnelle de Santa Cruz, qui a ordonné la suspension de la conférence du parti quelques heures seulement avant sa fin. Puisque les délégués n'acceptent pas la décision, les tribunaux devront probablement se prononcer sur la validité des décisions qui y sont rendues.

La scission au sein du MAS menace également de diviser les puissantes organisations sociales du pays. En août, la Confédération des travailleurs agricoles (CSUTCB) est désormais composée de deux factions et dirigée par deux présidents antagonistes. D'un côté, Evo Morales continue de bénéficier du soutien de la population indigène et des classes populaires des zones rurales, de l'autre, Luis Arce mobilise en sa faveur un nombre important de membres et de dirigeants d'une cinquantaine d'organisations sociales et syndicales. Ces organisations dénoncent leurs sous représentation au congrès du MAS.

Une réunion le 17 octobre dans la ville d'El Alto, à laquelle Arce et d'autres représentants du gouvernement ont été invités, est annoncée. Une scission au sein du MAS semble possible.

L'affaiblissement du camp révolutionnaire en Bolivie est une aubaine pour la droite. Affaiblit depuis l'échec de son coup d'État en 2019, et ses multiples tentatives pour déstabiliser le pays, elle peut bénéficier de cet appel d'air pour revenir dans les affaires.


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