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Brésil : « Dix ans de gouvernements avec les communistes »

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Quel regard devons-nous porter sur le Brésil d’aujourd’hui, et sur le gouvernement de Dilma Rousseff ? Quelle est l’action des communistes en son sein ? Nous avons rencontré José Reinaldo Carvalho, secrétaire national de la communication du Parti Communiste du Brésil (PCdoB). Il nous a donné son avis sur les acquis et les limites du gouvernement.

Joaquim Da Fonseca pour l'hebdo du PTB Solidaire

En 2010, le Parti Communiste du Brésil (PCdoB) repésentait un peu moins de 3 % de l’électorat brésilien. Il possède 15 sièges sur les 513 que compte le Parlement, et participe au gouvernement depuis que le Parti des Travailleurs (PT) a remporté les élections en 2002 et a formé une coalition de gauche. José Reinaldo fait le bilan de cette participation gouvernementale.

José Reinaldo. Cela fait 10 ans que le gouvernement du PT est au pouvoir, d’abord avec Luiz Inácio Lula da Silva et maintenant avec Dilma Rousseff. En 10 ans, énormément de choses ont changé au Brésil. Nous sortions d’une période de dictature militaire, suivie d’une courte période de re-démocratisation et d’une longue nuit de néolibéralisme, qui avaient mis le pays à genou.

Le gouvernement du PT n’est pas un gouvernement révolutionnaire, il n’y a pas eu de ruptures spectaculaires — pour cela, les luttes restent nécessaires —, mais des changements, il y en a eu. Avant, notre économie était dirigée par le FMI, avec une délégation permanente sur place. Nous l’avons expulsé, au profit d’un développement national souverain, et dans le cadre d’une intégration régionale. Le Brésil a joué un rôle décisif dans le refus de l’ALCA (zone de libre-échange américain), ce plan impérialiste étasunien visant à dominer l’économie latino-américaine et à diviser le continent. Nous avons également joué un rôle important dans la création de l’Unasur et de la Celac, des organismes unifiant le continent latino-américain. Bien entendu, l’oligarchie financière maintient un grand pouvoir dans le pays, le capital national et international reste très dominant dans l’économie.

Le Brésil fait partie des BRICS, les grandes économies émérgentes (avec la Chine, la Russie, l’Inde et l’Afrique du Sud).

José Reinaldo. Il s’agit d’une autre réalisation, celle d’une politique internationale indépendante. Avant, le Brésil calquait sa politique extérieure sur celle des États-Unis et de l’Europe. Aujourd’hui, cette politique est avant tout décidée en fonction du continent latino-américain, mais aussi en regardant vers l’Afrique et l’Asie.

Qu’en est-il des acquis sociaux pour la population ?

José Reinaldo. Parlons d’abord de la lutte contre l’extrême pauvreté. Le Brésil est un pays qui reste très inégal. Une partie importante de la population est sortie de la misère. Il y a des résultats sociaux aussi dans le domaine de l’éducation et de la santé. Nous constatons une élévation du niveau de vie de la population (selon les chiffres de l’ONU, l’indicateur de développement humain a augmenté de 0,67 à 0,73 entre 2000 et 2012, NdlR). Néanmoins, le pays reste profondément inégalitaire, les favelas (bidonvilles), la grande pauvreté, l’exploitation patronale, tout cela existe toujours.

Quelle collaboration avez-vous au sein du gouvernement ?

José Reinaldo. Les gouvernement de Lula et l’actuel de Dilma Rousseff sont des gouvernements de large coalition. Ils comportent beaucoup d’expressions de la bourgeoisie nationale et certaines autres, plus de centre-gauche. Nous n’avons aucune illusion sur le fait que le gouvernement actuel soit un gouvernement ne serait-ce que de tendance socialiste ou révolutionnaire, engendrant des changements radicaux. La plateforme générale pour laquelle nous nous mobilisons, dans le cadre de ce gouvernement, consiste en trois points : être un gouvernement démocratique et de participation populaire, mener une politique sociale, et défendre la souveraineté nationale face aux USA et à l’Europe.

Voilà le maximum de ce que nous pouvons attendre. Nous voulons mener une politique de pression démocratique, non déstabilisatrice, pour que le gouvernement défende et réalise cette plateforme, contre la pression venant de la droite et de la bourgeoisie.

Quel rôle jouez-vous dans la société brésilienne?

José Reinaldo. À côté de ce travail politique au sein du gouvernement, le PCdoB reste très attentif aux luttes populaires, quelles que soient leurs expressions. Les injustices de classe n’ont pas disparues au Brésil. Il se produit chaque jour des luttes ouvrières, des luttes étudiantes, des soulèvements dans les favelas. Nous sommes dans le gouvernement, mais nous restons dans les usines, sur les campus, pour soutenir ces luttes et contrer l’influence de la droite.

http://www.ptb.be/weekblad/artikel/bresil-dix-ans-de-gouvernements-avec-les-communistes.html


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