Perspective Com
Buffet « pas obsédée par le PS »

Nicolas Maury

Alliances, grand emprunt, identité nationale… La secrétaire nationale du PCF, qui anime cet après-midi un débat à Forbach, réaffirme sa volonté d’autonomie par rapport au PS

Entre la fronde des sénateurs UMP contre la taxe professionnelle et la cacophonie sur le grand emprunt, le camp présidentiel traverse une mauvaise passe. De bon augure pour la gauche aux régionales ?

Marie-George BUFFET : « Tous ces cafouillages ne seront profitables à la gauche que si elle est en mesure de proposer une alternative susceptible de redonner espoir à ce pays. »

Le Conseil national du PC s’est prononcé en faveur d’un front de gauche autonome du PS au 1er tour, en mars prochain, sans écarter la possibilité de listes communes. Pas simple pour les élus communistes qui cogèrent les Régions depuis 6 ans.

« Moi, vous savez, je ne suis pas comme le NPA, obsédée par mon positionnement par rapport au PS. Ce que je souhaite, c’est l’élaboration d’un front de gauche le plus large possible. Mais je m’adresse aussi aux hommes et aux femmes qui ont pour référence le PS et je leur dis : vous voyez bien qu’aujourd’hui ce parti, faute d’un projet réellement antilibéral, traverse une crise. Rejoignez-nous dans la construction d’une dynamique à gauche. »


Comme la plupart des cadres lorrains du PCF, Patrick Hatzig, secrétaire du comité régional, défend l’idée d’une alliance avec le PS dès le 1er tour. Beaucoup de sections sont d’un avis contraire. Comment trancher ?

« La démocratie. Le débat tranquille, fraternel. Nous avons précisé dans la résolution adoptée par le Conseil national qu’il fallait un front de gauche partout où les conditions étaient réunies. Chaque circonscription régionale prendra sa décision. Je la respecterai. »

Rien ne va plus avec le NPA de Besancenot. Pour Olivier Datigolles, porte-parole du PCF, Besancenot c’est « No Future et vieille recette de la LCR ».

« Je réfute l’attitude d’un parti qui doit rester dans la contestation pure et dure. Si je conteste la politique de la droite, je veux construire des majorités pour gérer dans l’intérêt des populations. Je ne souhaite pas, comme Olivier Besancenot, former la meilleure opposition de gauche. Je veux la meilleure majorité de gauche. »

Le débat sur l’identité nationale ne vous inspire guère plus. Roland Muzeau, porte-parole des députés communistes, le qualifie même de « nauséabond ».

« Comment va-t-on définir les critères qui définissent le bon Français ? Je ne comprends pas ce débat. La nation française ne s’est jamais constituée d’en haut, elle s’est construite grâce aux actions des hommes et des femmes, parfois venus d’autres pays. Moi-même je suis d’origine polonaise. On ne va pas définir quelque chose qui relève de la dynamique. La Marseillaise, je suis fière de la chanter lorsque je suis à Châteaubriand dans la Clairière des fusillés et que les enfants évoquent ce qu’a été l’engagement des militantes et des militants dans la résistance.

Laissons les hommes et les femmes de ce pays construire cette nation, à partir des grandes valeurs qui la fondent : la liberté, l’égalité et la fraternité. Les vrais repères. »

Vous avez récemment réclamé le retrait d’une publicité sur le Cantal que vous jugiez sexiste et aliénante. Vous êtes dans votre rôle ?

« En tant que femme, féministe et communiste, trop de menaces pesant sur les droits et l’image des femmes m’inquiètent. Il y a eu cette tentative de remise en cause du droit à la retraite des mères de famille. Par ailleurs, on voit qu’un viol devient une relation sexuelle avec une mineure parce que l’auteur des faits est une célébrité. Et puis un jour j’ai rencontré une femme qui a réellement vécu ce que cette pub met en scène. Je trouve qu’il y a d’autres moyens de faire la promotion d’un fromage. Une femme meurt tous les trois jours en France sous les coups de son compagnon. Une vigilance de tous les instants doit s’exercer. Cette lutte contre les discriminations doit aller jusqu’à la parité hommes/femmes dans la vie publique. »


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