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Bulgarie : le gouvernement démissionne sous la pression de la rue

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Le Parlement bulgare a accepté jeudi la démission du gouvernement du très libéral Boïko Borissov après une série de manifestations contre la hausse du prix de l'électricité et la pauvreté, ce qui devrait ouvrir la voie à des élections anticipées

"Nous nous excusons auprès des Bulgares qui n'ont pas eu la politique qu'ils espéraient, mais nous avons fait tout notre possible pour sauvegarder la stabilité financière", a déclaré Tsvetan Tsvetanov, vice-premier ministre et ministre de l'Intérieur. La démission a été approuvée par tous les partis parlementaires. Elle ouvre la voie à des élections législatives anticipées au printemps prochain, alors qu'initialement la législature arrivait à son terme en juillet. Les partis parlementaires doivent confirmer dans les prochains jours auprès du chef de l'Etat, le président Rossen Plevneliev, leur refus déjà exprimé de constituer un gouvernement, ceci afin de lui permettre de former un gouvernement intérimaire d'experts chargé de l'expédition des affaires courantes et de l'organisation d'élections législatives à la fin avril ou au début mai.

Le pays "est proche d'un effondrement économique. Le chômage est énorme (...), des monopoles règnent dans chaque secteur" de l'économie, a lancé Serguei Stanichev, président du parti socialiste (PSB), principale force d'opposition. Pendant dix jours, des milliers de personnes, issues de groupes civils, avaient manifesté à Sofia et d'autres villes, d'abord contre les factures élevées d'électricité, puis contre la pauvreté, le chômage et le gouvernement. Les rassemblements ont dégénéré en début de semaine et des dizaines de manifestants et de policiers ont été blessés au cours de heurts violents. Le limogeage, lundi, du ministre des Finances, Simeon Djankov, qui incarnait la politique d'austérité actuellement mise en œuvre en Bulgarie, n'aura pas calmé les manifestants.

Bulgarie : le gouvernement démissionne sous la pression de la rue
Selon un sondage de Gallup publié jeudi, 92% des Bulgares interrogés soutiennent les manifestations, même si 84% n'y ont pas participé. Les manifestants réclament, entre autres, une "nationalisation" des "monopoles" dont les trois sociétés de distribution d'énergie qui se partagent le territoire bulgare: l'autrichienne EVN et les tchèques CEZ et Enero Pro. La Commission européenne a déjà épinglé Sofia pour son retard dans la libéralisation du marché de l'énergie.

Dans un sondage publié mercredi soir par la présidente de l'institut Alpha Research, Boriana Dimitrova, 89% des Bulgares interrogés sont mécontents "des prix imposés par les monopoles" de l'énergie "et de leurs revenus bas". Mais 21% seulement voulaient la démission du gouvernement. La Bulgarie est le pays le plus pauvre de l'Union européenne (UE), avec un salaire mensuel moyen de 400 euros et une retraite moyenne à 150 euros. Le pays maintient toutefois une stabilité macro-économique grâce à un mécanisme d'austérité, le directoire financier, dans le cadre duquel la devise nationale, le lev, est rattachée à l'euro. "Les nouvelles factures d'électricité et de chauffage ont fait découvrir à plus de 500.000 Bulgares qu'ils étaient déclassés: ils n'ont plus les moyens d'utiliser leur voiture, ni d'acheter des médicaments à leurs parents, ni de payer des leçons d'anglais à leurs enfants", souligne le politologue de Gallup, Andrey Raytchev.

Selon l'analyste Tsvetozar Tomov, président de l'institut sociologique Scala, "la tâche principale du prochain gouvernement sera de rompre les liens du pouvoir avec l'économie grise et les monopoles". "La Bulgarie ne peut plus être gouvernée par les oligarques, sinon ce pays ne peut pas exister au sein de l'UE". "Un changement est imminent", "parce que nous avons touché le fond", assure-t-il.

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