CONTRAT DERNIERE EMBAUCHE
Nicolas Maury
ou le CPE des vieux
Sa "réforme" de 2003 a fait mal aux pensions
Encore plombé par son retentissant échec sur le CPE, le gouvernement n’a pas lésiné sur les moyens pour vanter son plan d’action pour l’emploi des seniors, apparemment plus consensuel.
À la différence du CPE, imposé à la hussarde, ce plan est issu d’un accord interprofessionnel conclu en octobre dernier entre le patronat et trois syndicats – la CGT et FO refusant de signer – qui a ensuite été complété et décliné par les pouvoirs publics en un paquet de 31 mesures dont certaines, d’ordre législatif, figureront dans un prochain projet de loi sur la participation.
Cette concertation minimale ne suffit pourtant pas à lui conférer un label qualité. Situant le défi posé, le ministre du Travail a rappelé que seuls 37% des seniors (55-64 ans) sont en emploi, l’un des taux les plus faibles en Europe. Plus de la moitié de chaque génération sort définitivement de l’emploi avant 60 ans.
C’est surtout parce que les employeurs ont vu dans le senior un salarié moins rentable et plus coûteux, et donc une victime privilégiée des plans de restructuration, les travailleurs n’ayant en général pas le choix de rester ou de partir de l’entreprise.
Le gouvernement dit vouloir atteindre un taux d’emploi de 50% à l’horizon 2010 pour les 55-64 ans. Objectif louable, mais qui suscite tout de suite une objection: la référence aux 55-64 ans induit une confusion entre la problématique des 50-60 ans, souvent évincés de l’emploi, et celle des plus de 60 ans, souvent en butte à la faiblesse de leur retraite.
Ce plan, selon la CGT, “ risque d’affaiblir le repère que constitue le droit à la retraite à 60 ans avec une pension à taux plein ”.
Mesure la plus emblématique du plan, et la plus controversée, un CDD spécifique va être instauré au motif de favoriser le retour à l’emploi des seniors écartés. Une sorte de contrat dernière embauche faisant le pendant du CPE pour les vieux et participant de la même logique d’éclatement du contrat de travail.
Outre ce nouveau contrat précaire, le patronat voit satisfaite sa demande de suppression de la “ contribution Delalande ”, la seule disposition existante visant à dissuader les employeurs de licencier les seniors.
Au-delà de mesures approuvées par tous comme la généralisation des entretiens de deuxième partie de carrière et des bilans de compétence à partir de 45 ans, le plan comporte enfin un ensemble de dispositions visant à inciter les salariés à prolonger leur carrière au-delà de 60 ans.
Justifiés par le souci de donner “ la liberté de choix ”, le cumul emploi-retraite et la surcote augmentée pour les années travaillées après 60 ans traduisent en réalité surtout le refus de garantir aux retraités le droit à une pension digne. Ces mesures dessinent la perspective, plus imposée que choisie, d’une multiplication de petits boulots pour les plus de 60 ans, et d’un creusement des inégalités entre ceux qui pourront se maintenir sur le marché du travail et ceux qui ne le pourront pas