CPE:Contrat Poubelle Embauche
Nicolas Maury
Contre le coup de force:Amplifier la riposte
Contre l’avis des Français
Si le gouvernement a longtemps tenté de faire croire à l’adhésion des Français, notamment des plus jeunes, au projet de CPE, la journée d’action du 7 février a montré un rejet fort de la mesure gouvernementale. Tous les sondages convergent dans le même désaveu et le soutien aux actions demandant son retrait. L’affluence dans les manifestations, que certains prédisaient maigres en comptant sur le calendrier des vacances scolaires et des examens, a démenti ces mauvais augures. Malgré ces obstacles à la mobilisation, les manifestants ont défilé nombreux, déterminés et surtout décidés à inscrire leur action dans la durée.
Outre le nombre et l’importance des défilés, on a noté la convergence des lycéens, des étudiants et des salariés dans le mouvement. Malgré les tentatives de division gouvernementale, la conscience grandit que la précarisation des contrats de travail est l’objectif pour tous les salariés sans exception.
Pas le moindre emploi
De Villepin justifie son passage en force en expliquant que tout n’avait pas été tenté contre le chômage et que devant tant d’urgences sociales, on n’avait pas le droit d’attendre. Il ne manque pas de culot. Pas plus que la création du CNE, la création du CPE pour les moins de vingt-six ans ne crée le moindre emploi. Ces dispositifs ne servent qu’à une chose : une substitution des emplois précaires aux emplois stables. C’est la norme sociale qui est visée, avec la volonté de la ramener des décennies en arrière. La mondialisation du dumping social doit devenir la règle. Le capital décide où, quand, à quel prix il veut se rentabiliser. Les salariés doivent se plier à ces exigences.
De ce point de vue, le projet de CPE qui fait des jeunes salarié-e-s une marchandise jetable à tout moment est inspiré par les mêmes principes que ceux qui président à la directive Bolkestein, qui revient en discussion au Parlement européen : mettre toujours plus les salariés en concurrence pour tirer leurs salaires et leurs conditions de travail vers le bas. C’est encore et toujours la même logique qui prévaut dans le projet de loi sur l’immigration de Sarkozy : organiser un marché international d’immigrés piloté par les besoins des grandes firmes capitalistes.
Créer des emplois ? Assez de bla-bla, des actes !
Si le Premier ministre prétend vraiment parler créations d’emplois, alors faisons-le ! Que le gouvernement ouvre grand les dossiers Arcelor ou SEB plutôt que de verser des larmes de crocodile sur les milliers d’emplois menacés sans jamais vraiment se donner les moyens d’agir ! Qu’il mette sur la table les comptes des groupes du CAC 40 dont les profits ont encore explosé à 30 milliards d’euros en 2005 dans l’indifférence totale des pouvoirs publics ! Qu’il nous explique comment il justifie la disparition programmée de milliers d’emplois publics dans les écoles, les hôpitaux, les services sociaux d’une manière générale !
Amplifier la riposte
En vérité, le moment est venu d’amplifier la riposte au CPE. Le gouvernement craint la mobilisation. S’il droit tenir le dernier mot parce qu’il a déclenché le 49-3, il se trompe lourdement.
Les organisations de jeunesse opposées au CPE ont réaffirmé leur « détermination sans faille à mobiliser jusqu’à ce que le CPE soit définitivement retiré. Et appelle à faire de la semaine du 13 février une « semaine de mobilisation ». Les journées de mardi 14 et de jeudi 16 devraient en être les « temps forts ».
La réunion des dix formations de gauche le 8 février dernier a décidé d’une mobilisation unitaire contre le CPE ainsi que le lancement d’une pétition nationale.
L’heure est donc au rassemblement le plus large et le plus puissant dans l’action. Ensemble, contribuons à sa réalisation.