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Catalunya : L’indépendance plus forte qu’Artur Mas

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Les indépendantistes catalans évitent de nouvelles élections et poursuivent le processus d’indépendance grâce au « pas de côté» d’Artur Mas - Nicolas Garcia, Secrétaire fédéral du PCF des Pyrénées Orientales et Conseiller départemental de ce même département

L’ex président de la Generalitat de Catalunya devrait supplanter dans l’histoire son mentor Jordi Pujol et devenir dans le cœur des catalans, un héros national au même titre que Macia, Companys… Ada Colau, nouvelle édile de Barcelone issue de la gauche de la gauche, dont l’indépendantisme n’est pourtant pas la première motivation, propose même que la place d’Espagne de Barcelone porte le nom du désormais d’Artur Mas.

Disons-le, le remarquable geste du centro-libéral-indépendantiste est de nature à faire oublier les « affaires » le concernant, les politiques d’austérité extrêmement dures qu’il a imposé au peuple catalan et le positionner en vrai père de la nation dont « le sacrifice » permettrait au processus d’indépendance de la catalogne d’aller à son terme.

A-t-il tenté de sauver les meubles ? A-t-il été contraint ? Avait-il décidé depuis un moment cette stratégie pour ne la dévoiler qu’à quelques heures de la dissolution légale automatique du Parlement de Catalogne et la convocation d’élections, afin que Madrid, sans gouvernement aujourd’hui, ne puisse réagir. L’histoire finira bien par le dire. Pour l’heure les faits sont là, le processus était bloqué après les élections du 27 septembre. Elles avaient vu les indépendantistes obtenir une majorité absolu de 72 députés dont 62 issus de la coalition « Junts pel Si » alliance de la droite (CDC) et de la gauche indépendantiste modérée (ERC) et dix de l’extrême gauche indépendantiste (CUP). A noter que la majorité absolue au parlement catalan est à 68 députés.

Dans la foulée du scrutin, ce dernier avait majoritairement voté une résolution enclenchant le processus d’indépendance, mais celle-ci devenait inapplicable puisque l’Assemblée n’arrivait pas à se choisir un président. Le sortant Artur Mas, semblait disposer du soutien unanime de 62 députés de « Junts pel Si » (association de CDC et ERC), mais avec ses 10 députés la CUP bloquait son élection même s’il ne manquait à l’ancien président que deux petites voix. En effet, en catalogne, 64 voix suffisent pour pouvoir se présenter au poste de président de la Generalitat et diriger avec une majorité relative.

Jusqu’au bout Mas aura tout essayé et personne n’imaginait qu’il puisse se retirer au dernier moment face à l’intransigeance de la CUP. Il a finalement démontré, alors que beaucoup en doutaient, que l’indépendance de son pays était vraiment son combat premier. Il sortira manifestement grandi de cette période et probablement l’histoire n’a pas dit pour lui son dernier mot. Nous vivons un véritable coup de théâtre comme seuls savent le faire les politiques catalans avec une proportionnelle presque parfaite et l’intervention de citoyens qui n’ont cessé de manifester pour que les partis indépendantistes trouvent une solution et s’unissent.

Artur Mas ne sera ni député, ni membre du gouvernement, il va s’occuper de Convergencia Démocratica de Catalunya (CDC) son parti. Il a toutefois obtenu de la formation d’extrême gauche, qui semble « avoir eu sa peau », qu’elle cède deux députés à « Junts pel Si » pour que ce rassemblement puisse gouverner sereinement. Il a aussi exigé la démission des 10 députés de la CUP. Ces derniers seront remplacés par les dix suivant sur leur liste aux dernières législatives, histoire de dire qu’Artur Mas n’est pas le seul à faire un effort personnel qui doit s’avérer surhumain au regard de l’attachement au pouvoir qu’il manifestait jusqu’à présent. Pour finir c’est Carles Puigdemont, maire CDC de Girona, qui a été choisi comme président de la Generalitat de Catalunya. Le processus d’indépendance va pouvoir se poursuivre, mais les catalans ne sont pas au bout de leurs peines.


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