Perspective Com
Chili : les étudiants se soulèvent contre les restes de l'ère Pinochet

Perspective communiste

Le Chili est en proie à un mouvement de contestation estudiantin sans précédent depuis le retour à la démocratie, en 1990. Mardi 9 août, plusieurs dizaines de milliers de manifestants (150 000) ont battu le pavé de six villes du pays, dont Santiago, sa capitale, pour réclamer une réforme en profondeur du système éducatif et universitaire du pays

Démarré en juin dernier, ce mouvement a été lancé par le corps enseignant et la jeunesse étudiante, représentée par exemple par Camila Vallejo, militante des jeunesses communistes chilienne et présidente de la Fédération des étudiants de l'université du Chili. Soutenus par près de 80 % de la population, selon un sondage, ils interpellent le gouvernement conservateur de Sebastian Pinera, le milliardaire élu en 2010, pour en finir avec le système éducatif hérité de l'époque Pinochet.

"¡ Y va a caer, y va a caer, la educación de Pinochet !" ("Et elle va tomber, et elle va tomber, l'éducation de Pinochet !") scandaient les manifestants durant la marche organisée à Santiago. Le système éducatif chilien fonctionne essentiellement sur le modèle de l'université privée. Les facultés publiques, sous-dotées, n'ont pas bonne réputation.

Petit rappel historique : après le coup d'Etat et la chute du président Allende le 11 septembre 1973, le nouveau pouvoir réduit les dépenses publiques. Dans le domaine de l'éducation, le gouvernement décide, entre autres, une réduction drastique de ses programmes d'aides, dont les bourses pour les étudiants modestes. En 1980, la réforme de l'université permet de libéraliser le système. Désormais, chaque formation a son propre prix, et les diplômes, en fonction de l'établissement, donnent accès à des emplois plus ou moins bien rémunérés.

Aujourd'hui, les manifestants reprochent à l'Etat de ne consacrer que 4,4 % de son PIB à l'éducation, bien en deçà des 7 % recommandés par l'Unesco. Le Chili jouit pourtant d'une croissance solide : 9,8 % au premier trimestre 2011, un chiffre inédit depuis seize ans.

"L'université coûte l'équivalent de 400 à 600 euros mensuels, qu'elle soit publique ou privée. Je paie 600 euros par mois pour la scolarité de mon fils à l'université Adolfo Ibanez. Imaginez lorsque vous avez trois ou quatre enfants à charge pour un salaire moyen de 900 euros. C'est impossible de joindre les deux bouts", observe un fonctionnaire et diplomate chilien résidant à Santiago. C'est pourquoi les étudiants et leurs parents s'endettent en contractant des emprunts, parfois sur quinze ans, afin de s'inscrire dans le supérieur.

Si la mobilisation de mardi a marqué un record de participation à travers tout le pays, les revendications estudiantines ne sont pas nouvelles. En 2006, la présidente socialiste, Michelle Bachelet, à peine élue, faisait face à un mouvement de contestation des étudiants contre le prix des transports et des tarifs scolaires. Sur le fond, rien n'a réellement changé.


Commentaires (0)
Nouveau commentaire :