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Code du travail et pouvoir d’achat : Sarkozy ou la précarisation sociale

Nicolas Maury

Sarkozy ne cesse de la répéter pour justifier la moindre des mesures commandées au gouvernement : « J’ai été élu pour faire ce que j’ai dit ». Le gouvernement Sarkozy serait ainsi celui de la parole tenue. Ce qui se passe prétendument au nom du pouvoir d’achat ou encore, à l’Assemblée nationale, sous le vocable de « recodification du Code du travail », sans qu’aucune véritable délibération publique n’ait eu lieu – incitent à penser exactement le contraire.

Code du travail et pouvoir d’achat : Sarkozy ou la précarisation sociale
Le gouvernement Sarkozy est un gouvernement de la dissimulation qui habille sans cesse de bonnes intentions une entreprise systématique de précarisation sociale.

La recodification du Code du travail est présentée comme une opération « à droit constant », autrement dit elle ne changerait rien. Tout juste serait-elle censée simplifier l’usage du Code du travail. Décidément, du code du travail au nouveau traité européen, la simplification est à la mode...

Le problème, c’est que de très nombreux experts et syndicalistes alertent sur les conséquences des nouvelles interprétations qui pourraient être faites du nouveau texte au détriment de la protection des salariés. Et que, de surcroît, malgré ces alertes, le Parlement ratifie un texte qui n’aura été soumis à aucun débat véritablement contradictoire.

Or à un moment où l’insécurité sociale et la précarisation des parcours professionnels se répandent comme un cancer dans la société, l’enjeu est crucial. Si l’on ajoute aux conséquences imprévisibles de cette nouvelle rédaction la suppression de 63 conseils de prud’hommes, inscrite au programme de la nouvelle carte judiciaire, le signal d’alarme mérite d’être doublement tiré. Le gouvernement lui choisit le silence et cela s’appelle un mensonge délibéré par omission.

Pendant ce temps, Sarkozy et les siens continuent de pérorer sur la sécurisation des parcours professionnels. Plus le mensonge est gros...

Mais la palme de l’escroquerie revient sans nul doute à ce que le gouvernement baptise abusivement son plan « pouvoir d’achat ». Car non seulement l’Elysée et Matignon n’annoncent aucune mesure susceptible de relever un tant soit peu sérieusement le pouvoir d’achat des salariés, notamment celui des plus modestes, mais l’intégralité du dispositif qu’ils entendent rassembler dans une nouvelle loi vise à enfoncer un peu plus les protections collectives qui demeurent en matière de temps de travail et de rémunération des heures supplémentaires.

Pendant que sont relayées en boucle dans les grands médias les envolées de Fillon sur la « libération du travail », les propos du rapporteur UMP de la commission des Finances à l’Assemblée sont réservés eux aux initiés : « Les 35 heures visaient à limiter les heures supplémentaires, aujourd’hui au contraire on veut les favoriser pour contourner les 35 heures ». Difficile de dire les choses plus crûment.

En vérité, mis sous la pression par les grèves contre la réforme des régimes spéciaux, et les mobilisations des fonctionnaires, contraints d’ouvrir des négociations en élargissant leur champ, Sarkozy et son gouvernement tentent de contre-attaquer pour retourner l’avantage. Ils ne connaissent rien à la négociation. Leur politique consiste seulement à mener à bien par tous les moyens la guerre qu’ils ont déclarée au monde du travail.

Que ces moyens s’appellent rachat de RTT ou déblocage anticipé de la participation, les salariés n’ont pas fini de déjouer les marchés de dupes concoctés par le duo Sarkozy-Fillon et dans lesquels ils seront toujours les perdants. Dans cette bataille du pouvoir d’achat, il est un mot que la propagande gouvernementale s’emploie à totalement escamoter : « salaires ». Écoutez, lisez... Cela n’existe plus. Vous avez dit bizarre ?


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