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Collectivités: la municipalité PCF de Gardanne s'estime doublement victime

Nicolas Maury

La municipalité communiste de Gardanne (Bouches-du-Rhône) estime qu'elle sera doublement pénalisée par la réforme des collectivités locales présenté mercredi en Conseil des ministres, en perdant une part de son autonomie politique mais surtout la maîtrise de ses finances

"C'est un recul énorme de la décentralisation, nous devons nous battre pour le maintien de l'autorité communale", a assuré mardi à l'AFP, avant une réunion publique contre cette réforme, Roger Meï (PCF), maire depuis depuis trente ans de cette ancienne cité minière de 21.000 habitants.

Restée hors de toute intercommunalité, contrairement à la plupart des villes du département, Gardanne ne veut pas du Grand Marseille projeté dans le cadre des futures Métropoles. "C'est la démocratie de proximité qui est en cause", dit M. Meï, or "c'est un élément important de la paix sociale".

La ville en pleine reconversion depuis la fermeture de sa mine en 2003 veut aussi pouvoir continuer à développer ses services publics de proximité financés grâce à la taxe professionnelle, ressource qu'elle maîtrise contrairement aux dotations promises par l'Etat pour compenser sa suppression.


A Gardanne, le taux de cette taxe (28,76%) est l'un des plus élevés de France. Stable depuis dix ans, il est proche de celui d'autres cités industrielles voisines comme Fos (26,36%) ou Martigues (24,71%). Son produit totalise quelque 20 millions d'euros par an, soit 52% du budget de fonctionnement de la ville, selon la directrice financière Sylvie Vinceneux.

Les compensations envisagées après sa suppression restent incertaines (taxe sur l'énergie, ou sur des grandes surfaces dont les communes ne veulent pas forcément) et ne suffiraient pas à combler le manque à gagner. D'autant qu'elles seront limitées dans le temps, souligne Mme Vinceneux.

Selon elle, il resterait un "trou" de 12,7 millions d'euros, l'équivalent des investissements du budget 2009. "Si on n'est pas compensés à l'euro près, il y aura forcément un +avant+ et un +après+, ce ne sera plus possible d'avoir les mêmes politiques", avertit-elle.

Les taxes foncière (21,50%) et d'habitation (21,33%) n'ont pas augmenté cette année. Les parkings sont gratuits, comme les transports scolaires en primaire, il n'y a pas de taxe sur les ordures ménagères et la ville soigne son logement social.

"C'est un moyen de répartir la richesse auprès des plus modestes", insiste le maire, soulignant que "depuis trente ans, la ville mène une politique d'acquisition foncière qui nous permet de répondre aux besoins", et que son taux d'endettement ne dépasse pas 3%.

Et le taux élevé de la taxe professionnelle ne fait pas fuir les entreprises puisqu'après trois zones d'entreprises, Gardanne en développe deux nouvelles.

La ville a deux gros sites industriels aujourd'hui en mains étrangères --l'Allemand EON pour la centrale électrique et l'Anglo-australien Rio Tinto Alcan pour l'ex-Aluminium Pechiney-- où l'on se refuse à tout commentaire avant l'achèvement de la réforme.


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