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"Comme en Turquie, les autorités espagnoles veulent museler l’indépendantisme par la répression" (Anna Gabriel)

Perspective communiste

Risquant jusqu’à 30 ans de prison pour avoir participé à l’organisation du référendum en Catalogne, une ancienne députée refuse de se rendre à son procès. En primeur, elle explique pourquoi au «Temps»

Anna Gabriel est en Suisse avec l’intention d’y rester.

Figure de proue de Candidature d’unité populaire (CUP), un parti indépendantiste d’extrême gauche, cette ancienne professeure de droit à l’Université autonome de Barcelone est accusée de rébellion par Madrid. Alors que la presse espagnole se demande depuis des jours si elle se rendra à son procès, qui doit commencer mercredi, l’intéressée met rapidement fin au suspense lors d’un entretien accordé en primeur au Temps: «Je n’irai pas à Madrid, explique-t-elle. Je suis poursuivie pour mon activité politique et la presse gouvernementale m’a déjà déclarée coupable.»

"La question de la Catalogne devrait pouvoir se résoudre politiquement, alors que les autorités espagnoles veulent museler l’indépendantisme par la répression" - Anna Gabriel.

«Comme je n’aurai pas un procès équitable chez moi, j’ai cherché un pays qui puisse protéger mes droits», ajoute la militante. Anna Gabriel fait allusion aux récentes fuites dans la presse sur l’enquête menée à son sujet par la police espagnole. Dans son rapport, la Guardia Civil dresse le portrait d’une activiste farouche. Elle l’accuse d’avoir participé à la formation d’un conseil de direction de la «rébellion» indépendantiste et d’avoir encouragé la population à la désobéissance.

«Comme en Turquie»

Membre du parlement catalan jusqu’en octobre dernier, Anna Gabriel conteste vivement ces accusations. «J’ai toujours fait campagne pour le référendum, mais pacifiquement. La question de la Catalogne devrait pouvoir se résoudre politiquement, alors que les autorités espagnoles veulent museler l’indépendantisme par la répression.»

Née en 1975, l’année de la mort de Franco, Anna Gabriel dénonce l’atmosphère «tendue comme jamais» qui règne en ce moment à Barcelone, tandis que «le gouvernement ne fait rien pour assurer notre sécurité face aux violences des fascistes».

La Catalane en veut pour preuve les menaces de mort qu’elle reçoit très régulièrement de groupuscules d’extrême droite. Comparant la situation espagnole à «ce qui se passe en ce moment en Turquie», la jeune femme dénonce une chasse aux sorcières avec près de 900 personnes sous enquête ou mises en accusation, parmi lesquelles «des professeurs, des policiers, des politiciens et même de simples électeurs».

Le Temps


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