Perspective Com
Conférence sociale : le gouvernement continue la politique de Sarkozy sur la fonction publique

Perspective communiste

"Le dossier va rester rock'n roll !", pronostiquait Jean-Claude Mailly, le patron de FO. "C'est le sujet le plus dur", a estimé François Chérèque, à la tête de la CFDT. "Immobilisme complet", déplorait Bernard Thibault au nom de la CGT. Mardi 10 juillet, les syndicats sont sortis déçus des débats de la Conférence sociale sur l’avenir de la fonction publique

Les deux tables rondes et les huit heures de discussions sur les missions et le pouvoir d’achat des fonctionnaires n’ont pas dissipé le malaise créé par le chiffre qui les a fâchés : l'objectif de diminution de 2,5% par an des effectifs des agents de l’État fixé dans les lettres de cadrage budgétaires pour 2013-2015 adressées aux ministères fin juin.

"ON VA FAIRE DANS LA DENTELLE !"

Dans son discours de clôture, le premier ministre s’est gardé d’un rétropédalage officiel. Dans les coulisses de la Conférence, les conseillers de Matignon et de l’Élysée se sont, en revanche, efforcés de relativiser l’effort: "2,5% est un chiffre plancher pas plafond", insistait un haut fonctionnaire. "On a seulement besoin d'1,9 % de baisse pour compenser les 12 000 créations d’emplois par an", calculait un conseiller ministériel. "On va faire dans la dentelle !", promettait Marylise Lebranchu.

La ministre de la réforme de l’État se disait prête à organiser "avant la fin juillet une réunion interministérielle pour arrêter le mode d’emploi" des réductions de postes. "Je serais favorable à des suppressions plutôt dans les administrations centrales que dans les services de l’État dans les territoires", confiait-elle.

"CONTRADICTION DANS LE CALENDRIER"

"Ce ne sera pas 2,5% pour tous les ministères", glissait en passant Pierre Moscovici, le ministre de l’économie. M. Ayrault a annoncé la création d’"un espace de concertation décliné sur l’ensemble du territoire associant représentants des personnels, des employeurs et des usagers", nouveau lieu de débat "des orientations pour rendre l’action publique plus efficace et plus lisible".

Cela ne pouvait suffire à désamorcer les critiques de FO. "Matignon exige pour la fin juillet des ministères leurs prévisions de réduction de postes et attend un bilan de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) pour le 25 septembre ! Il va falloir que le gouvernement sorte de cette contradiction dans le calendrier", a prévenu M. Mailly.

Sur le volet salarial, Jean-Marc Ayrault n’a pas été moins prudent. Insistant sur un "contexte financier durablement contraint", il s’est engagé à "une concertation à l’automne (…) pour établir un diagnostic en matière d’évolution de carrière, de rémunérations et de mobilité » . Affichant une priorité pour "une plus grande équité" des salaires des agents les plus modestes. "Sur l'emploi, le point d'indice ou la journée de carence, il n'y a eu aucune réponse", dénonçait Annick Coupé (Solidaires) . "On n'a pas les annonces et on n'a même pas les perspectives", déplorait Bernadette Groison (FSU) .

Malgré l’absence de mesures immédiates, le gouvernement s’est vu reconnaître le mérite d’avoir "renoué le dialogue". "On a été tellement piétinés sous Sarkozy que nous ne pouvons qu'être satisfaits de voir les corps intermédiaires de nouveau considérés", confiait Michèle Biaggi, secrétaire confédérale de FO. "M. Ayrault nous a promis une revalorisation des moyens syndicaux" se félicitait M. Thibault pour la CGT. "Si vous pensiez que le gouvernement allait annoncer qu’il était prêt à raser gratis pour les fonctionnaires, vous vous trompiez », préférait finalement philosopher M. Chérèque, le patron de la CFDT.


Commentaires (0)
Nouveau commentaire :