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Crise Financière: Le plan Sarkozy ou le hold-up du siècle

Nicolas Maury

La mise en scène de réunions de conseils des ministres et de conférences de presse de chefs d’État est destinée à rassurer les actionnaires et les marchés financiers. Pas à répondre aux urgences sociales

Les annonces faites par Sarkozy et ses homologues européens pour sauver la finance vont-elles conduire à “ moraliser ” le capitalisme, comme annoncé ? On peut sérieusement en douter. Les sociétés mises sur pied pour refinancer les banques, en garantir les emprunts et leur apporter des fonds propres ont cette même caractéristique : elles iront s’alimenter sur ces fameux marchés financiers dont même la droite aujourd’hui nous explique qu’ils sont devenus fous ! Sarkozy veut faire jouer en vérité à l’État un rôle de supplétif de ces marchés financiers où se goinfrent les spéculateurs de tout acabit.

Si l’État doit devenir une interface entre des institutions financières et le sec­teur bancaire, il est indispensable de décider d’un certain nombre de critères drastiques au service du développement des capacités humaines. Ainsi, le crédit doit être sélectif : on abaissera les taux d’’intérêt si l’argent sert l’em­ploi, les salaires, la formation, la recherche.

La manière dont le pouvoir veut éviter les faillites de banques ressemble au hold-up du siècle. L’État recapitaliserait les banques en difficulté avec l’argent public, en augmentant donc les impôts puisque, paraît-il, les caisses sont vides, mais il rétrocéderait ces mêmes banques au privé après la crise. L’argument selon lequel le contribuable s’y retrouvera à terme est une fable pour enfants. A-t-on déjà vu les familles populaires bénéficier de réduction d’impôts quand on a privatisé leurs services publics ? Bien au contraire. Ils ont subi une double peine : leurs prélèvements obligatoires de toute sorte ont été augmentés et les tarifs des services publics privatisés sont montés en flèche. Tant qu’à socialiser les pertes, ces banques doivent être nationalisées et gérées selon de nouveaux critères pour l’intérêt général.

Seules des réformes profondes rompant avec les ressorts du système qui sont à l’origine de la crise peuvent ouvrir la voie à un modèle de développement radicalement nouveau. Ainsi, il faut rompre avec une conception de la produc­tivité fondée sur l’abaissement des coûts salariaux et des dépenses sociales. C’est en effet l’excès d’argent disponible sur les marchés financiers qui nourrit les “ bulles ” spéculatives de plus en plus colossales, dont l’éclatement entraîne les catastrophes économiques et sociales. Il faut rompre avec la logi­que de “ la libre circulation des capitaux ” et de “ l’économie de marché ouverte où la concurrence est libre ”, qui nous livre pieds et poings liés à la domination des marchés financiers. Il faut rompre avec l’abdication du politique face “ aux forces du marché ”, dont “ l’indépendance ” et les missions de la BCE constituent une illustration caricaturale. Il s’agit à présent de se montrer capables de faire converger des forces sociales et politiques, des courants d’opinions progressistes extrêmement larges et puissants autour d’objectifs de ce type si on veut espérer amorcer vraiment un processus de change­ments. Les communistes entendent mettre leur force au service de cette ambition.

Il est indispensable que le débat sur la sortie de crise ne soit pas contenu dans le cadre du système lui-même. La question n’est plus de savoir s’il faut plus ou moins de régulation. C’est le capitalisme qui est en faillite. Sa crise appelle à engager un débat et un processus de transformation de la société et du monde .


Commentaires (2)
1. pierre-alain le 20/10/2008 19:08
Que dire alors quand on entends les propos de Laurence Parisot, qui annonce qu'une fois que l'état aura fait son " travail " en renflouant les banques il devra se retirer au plus vite et laisser le capital faire son travail car comme la honte ne tue pas" c'est grace au medef que l'ont crée les richesses " je me demande vraiment ce qu'on attend pour réagir à de tel propos, un congrès ?
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